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Des averses et des canicules : Sale temps pour le climat au Maroc

Par Abdelhak Najib


Les trois derniers mois ont été très révélateurs sur les réalités des changements climatiques qui frappent de plein fouet le Maroc. Deux jours de pluie, avec rafales de vent, tempêtes de poussière et des épisodes de froid, immédiatement suivies par quelques jours de canicule, avec des températures qui ont atteint dans certaines régions plus de 43 degrés au cœur de l’hiver. Du jamais vu dans l’Histoire récente du Maroc, au moins depuis 100 ans.

Et c’est un cycle qui semble bien rôdé et qui s’est installé dans la durée puisque la fin 2023 et les trois premiers mois de 2024 ont suivi ce schéma immuable à la lettre. Pour les spécialistes du climat, c’est exactement ces fluctuations cycliques qui sont le baromètre pour juger de la gravité des changements climatiques dans une région. Les scientifiques l’ont étudié durant les trente dernières années dans le Golfe persique et dans toute la région du Levant à l’Est de la Mer Méditerranée.

Il s’agit exactement du même processus. Des épisodes de grands sécheresse suivis par des pluies torrentielles comme celles qui frappent périodiquement l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar, le Sultanat d’Oman et le Yémen. Plus au nord et à l’ouest, c’est le même cycle qui touche la Syrie, Chypre, le Liban, la Palestine et la Jordanie. Raréfaction des pluies saisonnières qui ont cédé la place à des tempêtes, des vents dévastateurs et des averses concentrés parfois sur quelques heures pour provoquer des déluges, avec glissement de terrain, coulée de boue et inondations dans les vallées. En ce qui concerne le Maroc, les prévisions sont déjà établies et ne souffrent aucune ombre. Toutes les projections mondiales qui se sont penchées sur la région précisent des diminutions de 10 à 20% des précipitations à travers le pays, les plus sévères se situant dans la région du Sahara. Ce sont là des prévisions à l’horizon 2100.
Dans ce processus, le changement climatique réduira le manteau neigeux dans les montagnes de l’Atlas. Ce qui équivaut à une grave diminution des ressources hydriques au Maroc due à l’impact double de la rareté des pluies conjuguées à des épisodes neigeux presque inexistants. A ces deux facteurs majeurs, les scientifiques avancent un troisième volet, très grave : la désertification qui va toucher plusieurs régions du Maroc au nord d’Agadir, une zone jadis connue pour être le tampon entre le Sud et le Nord du pays.

D’ailleurs, les pics de températures de ces cinq dernières années ont tous été enregistrés dans la zone d’Agadir et régions, avec des canicules de plus en plus fortes. Dans ce sens, 2022 est l’année la plus chaude jamais enregistrée au Maroc depuis plus de 40 ans en attendant les chiffres à la fin de 2024, qui a déjà battu des records en termes de pics de chaleur, de force des rafales du vent et en termes de concentration des précipitations sur des espace-temps très réduits. 2022 a également été une année déficitaire de 27% par rapport au niveau normal des précipitations annuelles.

Cette tendance est conforme à celle observée au cours des quatre dernières années, où le déficit pluviométrique s’élevait à 32%, ce qui en fait la période consécutive la plus sèche depuis au moins les années 1960. Dans cette logique, ces dernières années, le Maroc a enregistré plusieurs phénomènes météorologiques, qui, une fois combinés, sont l’indicateur infaillible d’un dérèglement irréversible du climat dans une région : de fortes averses orageuses (44%), des vagues de chaleur (20%), des chutes de neige (20%) et de fortes rafales de vent (16%).
Face à de telles réalités climatiques, le stress hydrique atteint un niveau très critique, qui nécessite désormais d’autres solutions en dehors de l’attente providentielle de quelques pluies éparses sur l’année. Aujourd’hui, le Maroc est bel et bien un pays sec, qui va souffrir du manque grandissant de ses ressources hydriques. Il est obligé d’investir dans l’eau de mer pour pallier les manques au niveau agricole, industriel et au niveau de la consommation quotidienne des ménages. Pour les scientifiques, toute autre littérature pour faire face à ce phénomène est vaine et sans résultat.


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