[ after header ] [ Mobile ]

[ after header ] [ Mobile ]

Quelques averses et des villes sont noyées

Par Abdelhak Najib


C’est la même rengaine. Il a suffi de quelques heures de pluie, éparpillées sur quelques jours, pour que plusieurs villes marocaines, surtout dans le Nord, soient asphyxiées par un déluge. Des rues inondées, des boulevards coupés, des zones entières sinistrées, des centres-villes sous l’eau, avec des cascades naturelles qui coulent vers des égouts bouchés, parce que jamais entretenus, comme on a pu le voir à Tanger et à Fès, entre autres villes, qui ont largement souffert à cause de ces pluies, synonymes, il faut le dire d’une embellie et d’un peu d’espoir face à la sécheresse qui sévit au Maroc, depuis au moins trois longues années, avec un réel dérèglement climatique qui, se précise à chaque saison et menace à long terme tout le climat du pays qui oscille entre pénurie d’eau et des dégâts sérieux à cause de la désertification grandissante.
Dans un tel scénario dont on vérifie les tenants et les aboutissants tous les jours, que des villes comme Tanger, Tétouan, Fès et Meknès soient autant touchées à cause d’une averse, que dire des petits patelins livrés aux coulées de boue et à des lahars dévastateurs ? Que dire des petits hameaux dans les régions montagneuses qui ont dormi sous l’eau, presque ensevelis par des montées des eaux, répétitives, connues des autorités locales, mais contre lesquelles aucune mesure n’a été prise en amont pour sauver des populations entières, déjà coupées du reste du pays, dans des zones enclavées. Ces dernières pluies de la fin mars et du début avril 2024, sont à marquer de fer rouge dans les annales de la mauvaise gestion des infrastructures marocaines face aux défis des changements climatiques, surtout cette dernière décennie, avec des épisodes pluvieux qui, presque tous, tournent aux inondations.
Pour qu’une ville comme Tanger se noie à chaque fois qu’il pleut, c’est que les responsables de la ville n’ont pas encore pris la pleine mesure du danger d’une ville dont les assises sont menacées par l’eau, la boue, et des terrains glissants. Faudra-t-il attendre une catastrophe de grande envergure qui décime des milliers de personnes pour les pleurer et tirer enfin les leçons qu’il faut ? Faudra-t-il assister à l’effondrement de milliers de maisons menaçant ruine pour se résoudre à trouver des solutions à long terme pour les villes et les médinas menacées par les eaux ? Ce n’est aujourd’hui un secret pour personne, les principales villes marocaines souffrent de leur situation géographique et géologique. La proximité des montagnes, des nappes phréatiques alimentées en continu par des cours d’eau en surface ou sous terrains, un surplus d’eau et c’est l’inondation. Les Marocains l’ont vécu dans la chair à de multiples reprises. Pourtant, les mesures d’urgence tardent à se mettre en place prêtant le flanc aux spectacles d’inondations urbaines que nous avons vus dans différentes régions du royaume. Quand les responsables vont-ils décider de faire de cette menace une priorité pour la survie des cités marocaines, qui comptent des infrastructures importantes pour la survie de l’économie nationale : aéroports, un port stratégique, des quartiers financiers, une zone Off-shore, des usines et des manufactures, des centres commerciaux, des niches d’économie parallèle, des quartiers à haut risque urbain… ? Le topo est clair et le constat est très vite fait. Pourtant, depuis des décennies, malgré toutes les alertes dont celle de 2011, qui aurait, à elle seule, suffit à nous faire prendre les mesures idoines, rien n’a été fait. Pire, dans ces villes-chantier où l’on construit partout, où l’on creuse des tunnels pour désengorger les routes et les points de passage, où l’on restaure les centres-villes longtemps délaissés et en désuétude, toutes les priorités doivent converger vers une décision sans ambages : régler le gros problème des eaux et juguler les risques des inondations à répétition, le mal suprême dont souffrent plusieurs agglomérations. Suite à ces inondations, qui doit répondre de ce qui a frappé le Nord, la région du Saïss et ailleurs ? Qui va prendre sur lui la responsabilité d’une faillite de gestion alors que tout le Maroc parle des graves dérèglements climatiques qui sont aujourd’hui clairs et évidents ? Où sont les élus locaux qui doivent prendre le pouls de leur ville et alerter sur les dangers qu’elle encourt ? Où sont les députés qui doivent faire de ce danger une urgence à régler pour la survie des citoyens ? Que feront les mairies de ces villes, que fera la commune urbaine et le conseil de la ville ? Les Marocains attendent des mesures fortes à l’instar des mesures prises pour juguler un tant soit peu le stress hydrique et la pénurie d’eau.


À lire aussi
commentaires
Loading...
[ Footer Ads ] [ Desktop ]

[ Footer Ads ] [ Desktop ]