Viandes rouges : Pourquoi les consommateurs ne voient pas la baisse des prix ?

Par Hamza Abdelouaret
Après des mois de flambée, les prix des viandes rouges connaissent enfin une accalmie sur les marchés de gros. À Casablanca, la viande bovine a vu son prix minimum reculer à 65 DH/kg, tandis que la viande ovine a chuté à 60 DH/kg.
Une tendance qui pourrait rassurer les consommateurs, mais qui peine pourtant à se refléter dans leurs achats quotidiens. Dans les boucheries et supermarchés, les prix restent bien plus élevés, entre 110 et 120 DH/kg pour le bœuf et jusqu’à 150 DH/kg pour l’agneau. Cette baisse est-elle réellement durable ou n’est-elle qu’un simple ajustement passager avant une nouvelle envolée ?
L’une des décisions majeures qui ont permis d’éviter une crise plus grave est l’initiative royale appelant à l’abstention du sacrifice de l’Aïd al-Adha cette année. Face à une sécheresse persistante et à la pression sur le cheptel national, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, a pris une mesure historique visant à préserver les ressources du pays et à protéger le pouvoir d’achat des citoyens. En appelant les Marocains à ne pas procéder au sacrifice, le Souverain a permis d’éviter une diminution drastique du cheptel qui aurait inévitablement conduit à une nouvelle flambée des prix après l’Aïd.
Cette décision, porteuse de sagesse et de clairvoyance, s’inscrit dans une vision à long terme pour garantir la durabilité de l’élevage au Maroc, tout en tenant compte du contexte économique et climatique. Habituellement, la période post-Aïd entraîne une forte réduction du cheptel, ce qui perturbe l’offre et alimente une hausse des prix dans les mois suivants. Grâce à cette directive royale, l’impact a été maîtrisé, permettant ainsi une meilleure stabilisation du marché et évitant un choc supplémentaire pour les consommateurs.
Dans le même temps, les importations de viande ont été intensifiées, notamment en provenance d’Espagne, du Brésil et de l’Australie, afin d’accroître l’offre sur le marché local. Toutefois, malgré ces efforts, la baisse des prix sur le marché de gros peine à se répercuter sur les consommateurs. Les marges appliquées par les bouchers restent élevées et la préférence des Marocains pour la viande locale maintient la demande forte sur les circuits traditionnels.
De plus, les coûts de production continuent de peser sur la filière. Entre la cherté du fourrage, les soins vétérinaires et les charges des éleveurs, les prix peinent à retrouver un niveau réellement accessible pour tous. Avec l’arrivée du Ramadan, période de forte consommation de viande, cette pression ne faiblit pas, rendant la transmission des baisses de prix encore plus difficile.
La vision royale a permis d’éviter une crise plus sévère, mais pour garantir une stabilité durable du marché, des réformes structurelles restent indispensables. Un meilleur contrôle des circuits de distribution, une régulation des marges des détaillants et un soutien renforcé aux éleveurs permettraient d’accompagner cet élan et de rendre la viande rouge plus accessible à tous.
Grâce à la clairvoyance et à l’engagement de Sa Majesté le Roi, le Maroc a su anticiper une crise majeure et préserver son cheptel national. Mais pour que cet effort royal porte pleinement ses fruits, il est impératif que tous les acteurs de la filière jouent leur rôle et contribuent à une baisse réelle et durable des prix pour les consommateurs.