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Un souffle inespéré de paix : Israël et le Hamas s’entendent sur les otages et un cessez-le-feu

Otages contre 2 000 prisonniers : La pression de Trump paie. Le plan de paix qui met fin à deux ans de guerre à Gaza.

Par Mohammed Taoufiq Bennani


Le destin d’une région dévastée par deux années de conflit s’est joué loin des combats, sur les rives de la mer Rouge. Jeudi 9 octobre 2025, Israël et le Hamas sont parvenus à un accord crucial sur un cessez-le-feu à Gaza et la libération d’otages. L’événement s’est déroulé en Égypte, dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh, après quatre jours d’intenses négociations indirectes entre les belligérants. Cet accord, salué comme une étape majeure, vise à mettre fin à une guerre destructrice.

 

La diplomatie de la dernière chance

L’accord résulte de fortes pressions exercées par plusieurs acteurs internationaux, dont les États-Unis. En effet, le président américain Donald Trump a joué un rôle déterminant dans l’avancement des pourparlers. Trump s’est d’ailleurs dit « fier d’annoncer qu’Israël et le Hamas ont tous deux accepté la première phase » de son plan. Ce plan, annoncé le 29 septembre, constitue le socle des arrangements actuels. De ce fait, le Qatar, pays médiateur, a confirmé qu’un accord avait été conclu concernant la première phase de l’entente, laquelle doit aboutir à la fin de la guerre et à l’entrée d’aide humanitaire.

 

Le prix de la liberté, otages contre prisonniers

La composante la plus urgente de cet arrangement demeure l’échange des captifs. Selon les termes de l’accord, les otages vivants, enlevés lors de l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, seront libérés. Par conséquent, selon une source au sein du Hamas, les otages israéliens vivants – estimés à au moins 20 sur les 47 personnes toujours retenues à Gaza – seront libérés en une seule fois. En échange, l’accord prévoit la libération de près de 2 000 prisonniers palestiniens détenus par Israël. Ces prisonniers comprennent 250 individus purgeant des peines à perpétuité et 1 700 autres détenus depuis le début du conflit. Le président Trump a estimé que les otages seraient « de retour lundi », incluant possiblement « les corps des (otages) morts ».

 

Le retrait des troupes, un point de friction

Si la libération des otages constitue un objectif partagé, la question du retrait militaire israélien crée des tensions fondamentales. L’accord comprend le retrait des troupes israéliennes « jusqu’à la ligne convenue ». Un responsable du Hamas a confirmé que la libération des otages aurait lieu « simultanément à des retraits israéliens spécifiques » de certains secteurs de Gaza. Toutefois, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a clairement souligné que son armée resterait dans la majeure partie de Gaza. L’armée israélienne, qui contrôle environ 75 % du territoire palestinien, a déclaré jeudi qu’elle commençait les préparatifs opérationnels pour ajuster rapidement ses lignes de déploiement.

 

L’impératif humanitaire et le désarmement

L’entrée d’aide humanitaire massive est une condition essentielle de cette trêve. Ainsi, la première phase de l’accord prévoit l’entrée d’au moins 400 camions d’aide humanitaire chaque jour dans la bande de Gaza pendant les cinq premiers jours du cessez-le-feu, un nombre qui augmentera par la suite. Le territoire est affamé, assiégé et dévasté, et l’ONU a déclaré l’état de famine dans certaines parties. Par ailleurs, l’accord inclut le retour immédiat des personnes déplacées du sud de la bande de Gaza vers Gaza-ville et le nord. Néanmoins, le désarmement du Hamas reste un point de blocage majeur du plan Trump. Le Hamas a accepté de libérer les otages et a réclamé un retrait total israélien, mais il n’a pas abordé la question de son propre désarmement.

 

Entre espoir et menace politique en Israël

L’annonce a provoqué des vagues de réactions contrastées, reflétant la profondeur du schisme créé par cette guerre. À Tel-Aviv, sur la place des otages, les gens se sont enlacés et se sont félicités de l’accord. Netanyahu a déclaré qu’il réunirait son cabinet pour « ratifier l’accord et rapatrier tous nos précieux otages, » qualifiant ce jour de « grand jour pour Israël ». En revanche, cet accord a mis en péril la stabilité de la coalition au pouvoir. Le ministre d’extrême droite Bezalel Smotrich a rejeté le plan Trump et a affirmé qu’il ne voterait pas en faveur de l’accord. Les ministres d’extrême droite avaient auparavant menacé de quitter le gouvernement si la guerre prenait fin sans qu’Israël ait vaincu le Hamas.

 

La joie et l’appréhension à Gaza

Dans la bande de Gaza, le soulagement s’est mêlé à une profonde appréhension. À Khan Younès, des Palestiniens ont applaudi, chanté et dansé à l’annonce. Un Palestinien a témoigné de son bonheur à la presse internationale : « Dieu Merci! Malgré tous les morts et la perte d’êtres chers, nous sommes heureux aujourd’hui après le cessez-le-feu. Malgré la tristesse et malgré tout, nous sommes heureux ». Toutefois, les souvenirs des trêves précédentes qui se sont effondrées pèsent lourdement. Un autre Gazaoui déplacé, a exprimé sa crainte d’une « trahison » et d’un « retour aux affrontements comme lors de la première trêve, » tout en espérant que cette fois « notre joie sera totale, que le cauchemar prendra fin ».

 

Le début d’une longue marche

Cet accord, conclu à Charm el-Cheikh le 9 octobre 2025, représente un jalon crucial, offrant un répit tant attendu après deux années de violence et de catastrophe humanitaire. Le Hamas a appelé les pays garants à contraindre Israël « à appliquer intégralement les échéances de l’accord et à ne pas lui permettre de se dérober ou de tergiverser ». En somme, la première phase de l’entente permet le retour des otages et l’entrée de l’aide vitale, tout en marquant les premières étapes d’un retrait partiel des troupes. Mais alors que les négociations pour la deuxième phase commenceront immédiatement après la signature, cet accord de cessez-le-feu peut-il réellement jeter les bases d’une paix solide et durable sans un règlement ferme sur le désarmement du Hamas et le futur contrôle du territoire ?


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