Un nouveau chantier national pour éradiquer la corruption
La corruption, l'ennemi de la nation
Par Yassine Andaloussi
Le Maroc a déjà démontré qu’il pouvait devenir une référence internationale lorsqu’il décide de faire d’un enjeu une cause nationale. La lutte contre le terrorisme en est l’illustration la plus marquante. Grâce à une stratégie globale et à une loi pensée pour s’adapter à la réalité marocaine la loi 03.03 , le Royaume a su conjuguer anticipation, efficacité et respect des principes fondamentaux. Aujourd’hui, le modèle marocain en matière de lutte antiterroriste est cité et étudié à travers le monde.
Ce succès ne doit rien au hasard. Il s’explique par un savoir-faire intrinsèque des services de sécurité marocains, mais aussi par une vision claire de la sécurité comme pilier de stabilité. La force du modèle marocain repose sur trois piliers, la compétence des ressources humaines, la modernité des moyens techniques, et la fluidité de la coopération entre institutions.
Or, cette même méthode pourrait s’avérer tout aussi pertinente pour affronter un autre fléau, plus silencieux mais tout aussi destructeur à savoir la corruption. Le Maroc dispose déjà d’un cadre institutionnel solide, avec notamment l’Instance Nationale de la Probité, de la Prévention et de la Lutte contre la Corruption. Le partenariat signé récemment entre cette Instance et le pôle DGSN-DGST est un signe fort. Ce n’est pas une formalité administrative, mais une alliance stratégique, fondée sur la conviction que la sécurité d’un pays ne se mesure pas seulement à sa capacité à prévenir le terrorisme, mais aussi à sa faculté à se lancer dans de grands chantiers nécessaire à la continuité de l’État.
Là où la lutte antiterroriste a instauré une culture de vigilance, la lutte anticorruption doit instaurer une culture d’intégrité. La corruption n’est pas une abstraction morale ; elle est une menace concrète, économique et sociale. Elle détourne les budgets, décourage l’investissement, freine la croissance et déstabilise le lien de confiance entre l’État et le citoyen. En y appliquant la même rigueur, le même esprit de coopération et la même logique de prévention que dans la lutte antiterroriste, le Maroc pourrait non seulement assainir ses institutions, mais aussi redonner un souffle neuf à son économie.
Une telle dynamique ne pourra que produire des effets positifs sur le terrain socio-économique. Moins de corruption, c’est moins de fuites budgétaires, donc plus de moyens alloués aux véritables priorités nationales, l’éducation, la santé, l’emploi. C’est aussi moins de blocages administratifs et de lenteurs bureaucratiques qui, depuis des décennies, freinent l’initiative et l’innovation. Une administration intègre et transparente, c’est une économie qui respire, des entreprises qui osent, et des citoyens qui croient de nouveau en la justice de leur pays.
Mais au-delà de l’efficacité économique, cette lutte renouvelée renforcerait le contrat moral entre l’État et la société. Le citoyen marocain ne demande pas l’impossible, il veut que l’effort soit reconnu, que la compétence soit récompensée, que la corruption cesse d’être perçue comme une fatalité. En éradiquant ces pratiques, l’État rétablirait un équilibre fondamental, celui de la confiance. Or, sans confiance, il n’y a ni stabilité durable, ni développement véritable.
Le Maroc, fort de son expérience sécuritaire, a prouvé qu’il savait transformer la menace en opportunité. Il a su faire de la prévention et de la coordination des instruments d’efficacité. En s’appuyant sur ces mêmes principes, le Royaume peut faire de la lutte contre la corruption un modèle de gouvernance moderne, une source d’exemplarité régionale, et un vecteur de prospérité partagée.
Ce modèle, s’il parvient à maturité, pourrait même être exporté au niveau régional. Comme le Maroc l’a démontré avec sa stratégie antiterroriste, son approche pragmatique, fondée sur la coopération, la formation et la confiance mutuelle, pourrait inspirer d’autres pays du continent africain ou du monde arabe. Dans un environnement où les défis de gouvernance sont souvent similaires, un modèle marocain de lutte contre la corruption pourrait devenir un outil de diplomatie d’influence, renforçant encore le rôle du Royaume comme acteur de stabilité et de modernité.
Si le Maroc a su inspirer le monde dans la prévention du terrorisme, il peut à présent inspirer le monde dans la construction d’un État intègre, juste et transparent. Il en a les moyens, la vision et surtout, la maturité institutionnelle. Il ne reste plus qu’à unir les volontés autour d’un objectif commun, celui de faire de la probité un pilier de la marocanité moderne.
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