Trump et le Royaume-Uni concluent un pacte commercial majeur
Détails de l’accord avec le Royaume-Uni : Une percée pour l’« America First » et un défi au multilatéralisme

Fayçal El Amrani
Un événement stratégique annoncé depuis le Bureau ovale
Ce jeudi 8 mai 2025, Donald Trump a marqué un tournant dans sa politique économique en annonçant un « grand accord commercial » avec le Royaume-Uni lors d’une conférence de presse depuis le Bureau ovale. Identifié par la presse internationale comme un partenaire clé, Londres devient le premier pays à signer un accord bilatéral majeur sous la seconde présidence de Trump, marquant une rupture avec les approches multilatérales traditionnelles. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large visant à réduire les déficits commerciaux américains et à renforcer les liens économiques avec des alliés post-Brexit, tout en affaiblissant l’influence de l’Union européenne.
Une diplomatie commerciale offensive et multipolaire
Depuis son retour à la Maison Blanche, l’administration Trump a adopté une approche agressive, imposant des droits de douane sur l’UE et d’autres partenaires avant de les suspendre partiellement pour négocier des accords bilatéraux. Outre le Royaume-Uni, Washington mène des discussions parallèles avec l’Inde, la Corée du Sud et le Japon, dans l’optique de conclure une série d’ententes qualifiées d’« ambitieuses » par des sources proches de la Maison Blanche. Ces négociations, souvent menées dans l’urgence, visent à exploiter les vulnérabilités économiques de ces pays pour arracher des concessions favorables aux entreprises américaines.
Selon le Financial Times , les discussions avec Londres ont progressé à un rythme soutenu, alimentées par la volonté du Royaume-Uni de diversifier ses partenaires économiques après le Brexit. De son côté, l’Inde, confrontée à une montée des tensions avec la Chine, cherche à sécuriser un accès privilégié aux technologies américaines, tandis que Séoul et Tokyo tentent d’éviter des mesures tarifaires punitives sur leurs exportations automobiles et électroniques.
Tarifs réduits, technologie et symboles politiques
L’accord avec le Royaume-Uni prévoit une réduction significative des droits de douane britanniques sur les automobiles et les produits agricoles américains, un point central des revendications de l’industrie agricole outre-Atlantique. Downing Street envisage également d’assouplir sa « Digital Services Tax », facilitant l’accès des géants technologiques américains comme Google, Meta ou Microsoft au marché britannique, estimé à 15 milliards de dollars.
Parallèlement, des sources proches du gouvernement britannique ont évoqué un meilleur accès réciproque aux marchés agricoles, un sujet sensible pour Londres, confronté à des pénuries alimentaires chroniques depuis le Brexit. En contrepartie, les États-Unis pourraient réduire les barrières non tarifaires sur les produits britanniques, notamment les whisky et les textiles haut de gamme.
Négociations avec l’Inde, la Corée du Sud et le Japon : Une stratégie de fragmentation multilatérale
Au-delà de l’Europe, l’administration Trump intensifie ses pressions sur d’autres géants économiques. Avec l’Inde, les discussions portent sur l’abaissement des tarifs douaniers sur les logiciels et les produits pharmaceutiques américains, compensé par un accès accru aux composants électroniques indiens. La Corée du Sud, quant à elle, négocie pour protéger son secteur automobile face aux restrictions américaines sur les véhicules électriques, tandis que le Japon tente de sécuriser un statut spécial pour ses exportations de semi-conducteurs.
Ces accords, souvent décrits comme « à la carte », visent à fragmenter les blocs économiques existants (comme les BRICS ou les partenariats asiatiques) pour isoler les adversaires stratégiques de Washington, notamment la Chine.
Optimisme prudent et critiques internes
Le porte-parole du Premier ministre Keir Starmer a confirmé que les négociations avançaient « rapidement », promettant une mise à jour officielle dans la journée. Une conférence de presse du chef du gouvernement est prévue pour détailler les contours de l’accord. Toutefois, cette prudence s’explique par les critiques internes : l’opposition travailliste redoute que le pacte ne renforce davantage la dépendance économique du Royaume-Uni aux États-Unis, au détriment de ses relations avec l’UE.
Dans les milieux d’affaires, l’accord est salué comme un soulagement temporaire pour les entreprises britanniques, mais les experts soulignent que les bénéfices réels dépendront de sa mise en œuvre concrète, notamment en matière de normes sanitaires et de propriété intellectuelle.
Implications économiques : Une relance fragile du commerce transatlantique
Pour Trump, cet accord symbolise la première victoire tangible de son programme « America First », vanté comme un outil pour réduire le déficit commercial américain avec ses alliés traditionnels. Sur le plan économique, il pourrait stimuler les exportations agricoles et automobiles américaines, tout en offrant aux entreprises technologiques un accès privilégié à un marché britannique en quête de modernisation.
Cependant, cette approche protectionniste risque d’alimenter les tensions avec l’Union européenne, déjà irritée par les mesures tarifaires unilatérales de Washington. Bruxelles a d’ores et déjà prévenu qu’elle étudierait des représailles si ces accords nuisaient aux intérêts européens.
Un triomphe médiatique pour Trump et une vision isolationniste
Sur le plan politique, Trump entend transformer cette annonce en un événement médiatique majeur, coïncidant avec la proclamation du 8 mai comme « Jour de la victoire » aux États-Unis, en référence à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cette double initiative vise à renforcer son image de « défenseur des intérêts américains », à moins d’un an de l’élection présidentielle de 2026.
Pour le Royaume-Uni, l’accord représente un pari risqué : sortir de l’ombre européenne pour s’aligner sur une administration américaine imprévisible, mais potentiellement lucrative. Dans le même temps, les négociations avec l’Inde, la Corée du Sud et le Japon illustrent la volonté de Washington de redéfinir les alliances économiques mondiales, en exploitant les rivalités géopolitiques pour imposer sa vision isolationniste.
Un tournant vers un ordre commercial fragmenté
L’accord entre les États-Unis et le Royaume-Uni marque un tournant dans la diplomatie économique mondiale, remplaçant les blocs multilatéraux par des alliances bilatérales flexibles. Si ses bénéfices économiques restent à démontrer, il illustre la volonté de Trump de redéfinir les règles du commerce international à son avantage. Dans les semaines à venir, les réactions de l’UE et des autres partenaires commerciaux détermineront si cette stratégie entraînera une vague de négociations similaires ou une escalade des conflits tarifaires.
Dans ce nouveau paysage, les pays neutres ou intermédiaires, comme la Suisse ou Singapour, pourraient jouer un rôle clé en tant que médiateurs, tandis que les BRICS devraient accélérer la création de mécanismes alternatifs pour contourner le dollar et les institutions financières occidentales.