Trump en Égypte, Gaza dans l’attente : la paix signée, le doute persiste
Alors que Donald Trump s’apprête à sceller un cessez-le-feu historique entre Israël et le Hamas, la bande de Gaza s’avance vers une paix encore incertaine. Le fracas des armes s’apaise, mais les blessures du peuple gazati demeurent béantes
Par Fayçal El Amrani
Le décor est posé : Le Caire, temple des grandes négociations arabes. Donald Trump, président américain revenu au centre du jeu, doit y assister à la signature officielle du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Le monde retiendra la photo, le stylo, la poignée de main. L’histoire, elle, retiendra autre chose : le silence lourd de Gaza.
Depuis la Maison-Blanche, Trump a promis « une paix durable » et la libération de tous les otages. Il parle d’un plan en vingt points, d’une autorité palestinienne réformée, d’une supervision internationale. Des mots calibrés pour les diplomates, des formules pour l’Histoire. Mais à Gaza, il n’y a plus d’Histoire, seulement des ruines.
Le 7 octobre a tout brisé. Les certitudes israéliennes, les illusions du Hamas, et surtout, la vie ordinaire de deux millions d’êtres humains. Depuis, les chiffres remplacent les visages. Les discours recouvrent les cris. La guerre s’est tue, mais la peur, elle, reste tapie dans les regards.
Trump parle d’un « tournant historique ». Mahmoud Abbas, de « renaissance politique ». Netanyahou, d’un « nouveau chapitre ». Des mots lourds de calculs, légers d’humanité.
Le peuple gazati, lui, n’a rien signé. Il n’a pas choisi la guerre, encore moins la paix.
Chaque trêve lui a promis un avenir. Chaque promesse, un mirage. Entre les ruines des écoles et les camps saturés, la reconstruction s’annonce comme un défi moral avant d’être matériel. Comment rebâtir une ville quand on a détruit la confiance ? Comment parler d’avenir à une génération qui n’a connu que la survie ?
Les chancelleries se félicitent. Les caméras s’installent. Les mots « stabilité », « sécurité », « reconstruction » s’enchaînent, comme des mantras. Mais la paix n’est pas un dossier qu’on paraphe à Washington ou au Caire. C’est une épreuve quotidienne. Une discipline du cœur et de la mémoire.
À Gaza, le calme ne dit pas la paix. Il dit la fatigue. L’épuisement d’un peuple brisé par l’histoire et trahi par la politique.
Et pourtant, dans ce chaos, subsiste une attente : celle d’une vie normale, d’un retour à la dignité, d’un avenir partagé.
Car la signature du jour n’est qu’un début. Le vrai chemin commence maintenant — long, sinueux, fait de concessions, de vigilance et de réconciliation. Des mois, peut-être des années, seront nécessaires pour que la feuille de route prenne un sens concret, pour que la paix cesse d’être un mot et devienne une réalité vécue.
Le peuple gazati mérite plus qu’une trêve. Il mérite de participer à la reconstruction de sa terre, de bâtir enfin une paix durable, celle qui se fonde non sur la peur, mais sur la justice et l’espoir retrouvé.
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