Tensions politiques à Paris : les institutions françaises à l’épreuve

LA VÉRITÉ

La France traverse une crise sans précédent. À peine quatorze heures après la formation de son gouvernement, le Premier ministre Sébastien Lecornu a remis lundi sa démission au président Emmanuel Macron, qui l’a immédiatement acceptée. L’annonce, confirmée par un communiqué de l’Élysée, a pris de court la classe politique et provoqué un véritable choc institutionnel.

Dès sa nomination, le 9 septembre, l’ancien ministre des Armées faisait face à un feu nourri de critiques. Son gouvernement, dévoilé dimanche soir, a suscité la colère de l’opposition, mais aussi de sa propre majorité, déjà minée par les divisions. Lecornu, qui devait présenter sa déclaration de politique générale mardi, n’aura finalement pas mis les pieds à l’Assemblée nationale. Il entre ainsi dans l’histoire comme le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République.

Depuis la réélection d’Emmanuel Macron en 2022, la France a vu défiler cinq Premiers ministres. La nomination de Lecornu, perçue comme un choix de continuité plutôt que de rupture, a attisé les tensions. La gauche et le Rassemblement national avaient menacé de déposer une motion de censure. À droite, Les Républicains exigeaient des garanties sur la politique migratoire et une plus grande représentation au sein du gouvernement. Le retour controversé de Bruno Le Maire à l’Économie a fini d’enflammer la situation.

Lundi matin, la Bourse de Paris a chuté de près de 2 %, signe d’une inquiétude grandissante. Simultanément, Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a appelé à une dissolution immédiate de l’Assemblée nationale. De son côté, Jean-Luc Mélenchon, chef de La France insoumise, a réclamé l’examen d’une motion de destitution contre le président.

En quelques heures, la démission de Lecornu a révélé la profondeur de la crise qui secoue les institutions françaises. Emmanuel Macron se retrouve désormais isolé, confronté à une opposition déterminée et à une opinion publique lassée de l’instabilité. Pour nombre d’observateurs étrangers, cette crise souligne les limites d’un modèle politique à bout de souffle, alors que la France cherche désespérément à restaurer la confiance de ses citoyens et de ses partenaires européens.