Tadaroj : L’émergence d’une main-d’œuvre qualifiée
Le Maroc va former 100 000 stagiaires par an via l'apprentissage. Tadaroj, le plan national pour sortir les jeunes non-diplômés du chômage. 80 métiers traditionnels au cœur du nouveau programme.
LA VÉRITÉ
Lundi 27 octobre 2025, Rabat a été le théâtre d’un événement d’une portée stratégique majeure pour l’avenir socio-économique du Royaume. Le coup d’envoi officiel du programme national Tadaroj, destiné à généraliser la formation professionnelle par apprentissage dans les secteurs cruciaux de la production et des services, a marqué un jalon essentiel dans l’édification d’une économie du savoir. Ce dessein ambitieux se fixe un objectif chiffré et impérieux de former 100 000 stagiaires chaque année d’ici 2026, couvrant des domaines aussi variés que l’artisanat, l’agriculture, la pêche, le tourisme, l’industrie et les services. La généralisation de ce modèle de formation s’impose dès lors comme une réponse concrète aux défis de l’employabilité et de la qualification nationale.
Le besoin d’un nouveau paradigme de formation
Ce lancement n’est pas le fruit du hasard. En effet, le programme Tadaroj intervient en stricte conformité avec les Hautes Directives Royales, qui visent expressément à consolider le système de formation professionnelle par apprentissage et à positionner la jeunesse au cœur de la profonde transformation économique et sociale que connaît le Royaume. L’élaboration de cette stratégie découle d’une analyse approfondie de la dynamique emploi-formation. Cette étude a révélé des disparités criantes sur le marché du travail marocain : deux tiers des chômeurs recensés ne sont pas diplômés, tandis que le nombre total de bénéficiaires de la formation professionnelle par apprentissage stagnait précédemment autour de 25 000 individus, tous secteurs confondus. Par conséquent, comme l’a souligné le ministre Younes Sekkouri, ces déficits imposaient le développement urgent de l’apprentissage. Il a affirmé que Tadaroj « intervient en symbiose avec les Hautes Directives Royales visant à renforcer le système de formation professionnelle par apprentissage et à placer la jeunesse au cœur de la transformation économique et sociale en cours dans le Royaume ». De ce fait, Tadaroj se présente comme une solution tangible pour l’intégration des jeunes non qualifiés, capitalisant sur l’énorme potentiel qu’offre cette modalité de formation.
L’artisanat, fer de lance et garant du patrimoine
La cérémonie inaugurale a accordé une place prépondérante au secteur de l’artisanat, témoignant de son rôle central dans l’économie nationale. La première série d’accords exécutifs a été officialisée sous l’égide de M. Younes Sekkouri et du Secrétaire d’État chargé de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire, Lahcen Essaadi. Ces signatures matérialisent une mobilisation considérable. Elles engagent conjointement douze chambres régionales des métiers traditionnels et quatre associations chargées de la gestion des centres de formation et de qualification aux métiers de l’artisanat. L’objectif est de renforcer significativement l’offre de formation dans les métiers traditionnels, qu’ils soient axés sur la production ou le service. M. Essaadi a rappelé le noble objectif national qui guide cette initiative. Il a déclaré que Tadaroj réalise « un noble objectif national, qui consiste à qualifier la main d’œuvre nationale dans les métiers de l’artisanat et les services y afférents », secteurs constituant un pilier essentiel de l’économie marocaine. De plus, ce mode d’apprentissage, qui propose une offre de formation pratique d’une durée de onze mois, est déterminant pour l’acquisition des compétences requises par le marché.
Préservation culturelle et soutien revalorisé
L’ambition du programme Tadaroj excède la seule dimension économique. En outre, il est perçu comme un mécanisme vital pour la pérennisation du patrimoine culturel national. Le président de la Fédération des Chambres d’artisanat, Sidati Chaggaf, a souligné cette double portée. Il a affirmé que l’importance de ce projet « dépasse la dimension économique pour englober la préservation du patrimoine culturel national, en tant qu’acquis civilisationnel et source de fierté et de rayonnement ». La formation par apprentissage contribue activement à préserver les métiers traditionnels en tant que composante consubstantielle de l’identité nationale. Elle assure leur transmission aux nouvelles générations sous des formes modernisées.
Par ailleurs, Tadaroj s’appuie sur une infrastructure déjà existante et prévoit une revalorisation substantielle des mécanismes de soutien. Le réseau de formation par apprentissage dans le secteur de l’artisanat compte déjà soixante-sept centres et plus de cent annexes, accueillant près de 30 000 stagiaires pour la saison 2025-2026. Tadaroj propose au total deux cents métiers différents, dont quatre-vingts spécifiques à l’artisanat. C’est pourquoi, pour encourager l’adhésion et soutenir les bénéficiaires, le soutien aux centres a été augmenté de 20%. De même, la bourse annuelle versée aux stagiaires a été revalorisée pour atteindre 5 000 dirhams. Les indemnités allouées aux formateurs ont également été accrues à 300 dirhams par stagiaire.
Perspectives d’expansion sectorielle
Le programme national Tadaroj, lancé à Rabat, est donc bien plus qu’une simple initiative de formation. Il incarne une stratégie nationale visant à combler le fossé entre la demande du marché du travail, en pleine mutation technologique et économique, et l’offre de main-d’œuvre qualifiée. En ciblant prioritairement les jeunes non diplômés, et en garantissant la préservation d’un patrimoine artisanal précieux, Tadaroj œuvre à la fois pour l’intégration sociale et le rayonnement culturel du Royaume. Ce lancement dans l’artisanat n’est d’ailleurs qu’un prélude. Le ministère de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences prévoit d’étendre la portée du programme. Dans les jours qui suivront, d’autres accords exécutifs seront signés avec plusieurs autres ministères clés, notamment ceux de l’Agriculture, du Tourisme, de la Jeunesse et de la Solidarité, ainsi qu’avec l’OFPPT et l’ANAPEC. Ces futures étapes confirment l’engagement plein et entier du gouvernement. Ainsi, Tadaroj s’inscrit dans une logique de mobilisation collective et de transparence pour donner à la jeunesse marocaine les moyens de sa réussite. L’enjeu majeur réside maintenant dans la capacité du programme à maintenir cette trajectoire d’expansion et à garantir, à terme, l’insertion durable des 100 000 stagiaires annuels promis.
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