[ after header ] [ Mobile ]

[ after header ] [ Mobile ]

Sommet arabe à Bagdad : Bourita et Al-Chaibani relancent les relations diplomatiques

Fayçal El Amrani


Le Sommet arabe de Bagdad, qui s’est déroulé le 17 mai 2025, a été le théâtre d’un grand événement : la réconciliation officielle entre le Maroc et la Syrie , marquée par la décision du Royaume de rouvrir son ambassade à Damas, fermée depuis 2012.

Cette démarche, annoncée par le Roi Mohammed VI lors de son discours devant les chefs d’État arabes, a été concrétisée par une rencontre entre le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et son homologue syrien, Assaad Al-Chaibani. Une étape clé dans la normalisation des relations bilatérales, après plus d’une décennie de rupture liée à la crise syrienne.

Une décision royale aux résonances symboliques

La réouverture de l’ambassade marocaine à Damas, annoncée solennellement par le Souverain, marque un tournant dans la diplomatie du Royaume. « Ce pas permettra d’ouvrir de plus larges perspectives dans les relations historiques entre nos deux pays et nos deux peuples » , a souligné le Roi Mohammed VI. Cette initiative, saluée par la Syrie comme « un geste de fraternité et de confiance » , symbolise un retour à une approche pragmatique, mettant de côté les désaccords passés sur la gestion du conflit syrien pour privilégier les intérêts communs.

Pour Damas, ce rétablissement diplomatique est une victoire diplomatique après des années d’isolement. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad Al-Chaibani, a exprimé sa « gratitude profonde » au Maroc, soulignant que cette décision « renforce les relations historiques » et ouvre la voie à une coopération économique et stratégique. « Nous aspirons à un partenariat distingué dans les domaines des investissements et du commerce » , a-t-il déclaré.

Un mouvement régional de normalisation

La démarche marocaine s’inscrit dans un contexte plus large de réconciliation arabe avec la Syrie. Depuis 2023, des pays comme l’Irak, la Jordanie et les Émirats arabes unis ont progressivement rétabli leurs relations diplomatiques avec Damas, marquant un basculement géopolitique dans le monde arabe. Le Maroc, en rejoignant ce mouvement, affirme sa position de médiateur actif, capable de naviguer entre les rivalités régionales.

Cette normalisation traduit une volonté partagée de « prioriser la stabilité régionale et l’intégrité territoriale » de la Syrie, selon les termes du Roi Mohammed VI. Contrairement aux positions occidentales, souvent conditionnées à un changement de régime à Damas, Rabat défend une approche souple, fondée sur le respect de la souveraineté syrienne et le dialogue inclusif.

Des projets concrets en préparation

Au-delà du symbolisme, la réouverture des ambassades vise à relancer les échanges économiques. Une délégation technique marocaine se rendra à Damas la semaine prochaine pour préparer l’entrée en activité du consulat, tandis que la Syrie enverra une équipe similaire à Rabat pour inaugurer son ambassade. Ces démarches concrètes illustrent une volonté partagée de développer des partenariats dans des secteurs clés comme l’agriculture, l’énergie et le tourisme.

Selon des experts, le Maroc, grâce à son statut d’hub économique en Afrique du Nord et son réseau diplomatique étendu, pourrait jouer un rôle de passerelle pour les investissements arabes en Syrie, ravagée par plus d’une décennie de guerre. « Le Maroc peut contribuer à la reconstruction post-conflit, notamment via des projets agricoles ou des partenariats dans les énergies renouvelables » , souligne un analyste de l’Institut royal des études stratégiques.

Position stratégique : Un équilibre entre pragmatisme et principes

Dans son discours au Sommet, le Roi Mohammed VI a réaffirmé l’attachement immuable du Maroc à la « souveraineté nationale et à l’intégrité territoriale » de la Syrie, tout en exprimant un soutien constant au peuple syrien dans sa quête de stabilité. Cette posture, inscrite dans une lettre royale adressée au Président syrien Ahmed al- Charaa, reflète la continuité de la diplomatie marocaine, axée sur le respect du droit international et la non-ingérence.

En adoptant cette ligne, le Maroc cherche à positionner Rabat comme un interlocuteur crédible pour toutes les parties impliquées dans le conflit syrien, tout en préservant ses relations avec les puissances occidentales et les monarchies du Golfe. Une stratégie délicate, mais essentielle pour maintenir son influence dans un équilibre régional fragile.

Malgré les avancées, des défis subsistent. Les sanctions occidentales contre la Syrie compliquent les projets d’investissement, et la présence iranienne en Syrie aussi. En outre, la situation sécuritaire reste instable, avec des zones de conflit persistantes et des tensions avec les Kurdes.

Pourtant, le Maroc mise sur sa proximité avec les États-Unis et l’Union européenne pour naviguer entre ces contraintes, tout en défendant une diplomatie indépendante. « Cette initiative renforce le rôle du Maroc comme pont entre l’Afrique du Nord et le Machrek » , note un spécialiste des relations internationales.

Un signal fort pour l’unité arabe

La réconciliation maroco-syrienne s’inscrit dans une dynamique de réaffirmation de l’unité arabe, un thème central du Sommet de Bagdad. En rétablissant des liens rompus, le Maroc envoie un message clair : « Les intérêts collectifs doivent primer sur les divisions du passé » , selon les mots du ministre Bourita.


À lire aussi
commentaires
Loading...
[ Footer Ads ] [ Desktop ]

[ Footer Ads ] [ Desktop ]