Sahara, le temps du règlement approche : Entre vérité historique et isolement algérien

Par Mohammed Taoufik Bennani
Le dossier du Sahara marocain franchit une étape charnière. Alors que l’ONU prolonge le mandat de Staffan de Mistura jusqu’en 2026, l’émissaire multiplie les déclarations, appelant à “profiter du nouvel élan diplomatique”. Mais derrière cette façade de neutralité, son dernier briefing devant le Conseil de sécurité a révélé des biais préoccupants. Selon plusieurs observateurs, de Mistura distille des messages ambigus, insistant lourdement sur la “nécessité d’une véritable autonomie”, tout en épargnant soigneusement l’Algérie. Le Maroc, quant à lui, maintient son cap : défendre son intégrité territoriale à travers une solution politique réaliste, reconnue et soutenue par une majorité d’acteurs internationaux.
Une proposition d’autonomie moderne et inclusive
Le projet marocain d’autonomie, déposé à l’ONU en avril 2007, reste la seule initiative sérieuse sur la table. Construit autour de la souveraineté du Royaume, il garantit aux populations sahraouies la gestion démocratique de leurs affaires régionales à travers un parlement, un gouvernement autonome, des juridictions propres, tout en maintenant les compétences régaliennes à l’État central. Ce projet, comme le stipule son article 8, prévoit également qu’il soit soumis à une consultation référendaire locale, conformément au principe d’autodétermination, mais dans un cadre réaliste, en dehors de toute utopie séparatiste.
Le texte insiste sur l’intégration des Sahraouis dans la vie nationale, leur représentation parlementaire et la redistribution équitable des ressources. Il propose également une amnistie générale pour favoriser le retour de ceux qui vivent encore dans les camps de Tindouf. Il ne s’agit donc pas seulement d’une formule politique, mais d’un projet de réconciliation, de dignité et de développement.
Le Polisario, une fiction d’État instrumentalisée
Face à cette offre ouverte, le Front Polisario ne propose aucune alternative crédible. La “RASD”, ce gouvernement fictif, dispose d’ambassades, d’une armée, mais ni PIB ni territoire. Les 170 000 personnes enfermées à Tindouf vivent sur le sol algérien, dans un simulacre de souveraineté que même l’ONU ne reconnaît pas. Depuis 30 ans, la MINURSO est incapable d’organiser un référendum, faute de corps électoral fiable, une impasse signalée dès 2008 par Peter Van Walsum, ex-envoyé spécial de l’ONU, qui a jugé ce référendum “irréalisable”. Et pourtant, l’Algérie continue de souffler sur les braises.
De Mistura : une diplomatie à double vitesse ?
Le dernier “briefing” de Staffan de Mistura au Conseil de sécurité a suscité de vives réactions. Selon plusieurs experts, ses propos ont trahi une certaine sympathie pour les thèses du Polisario. En mettant en avant le témoignage unique d’une femme dans les camps de Tindouf, en insistant sur l’autonomie comme un “véritable partage de pouvoirs”, il a brouillé le cadre clair de l’initiative marocaine.
Pire encore, il a ménagé l’Algérie, pourtant pilier structurel du conflit. Alors que Rabat coopère activement avec l’ONU, propose, négocie et développe, Alger finance, bloque, instrumentalise, sans jamais participer officiellement aux tables rondes. Un deux poids, deux mesures qui pousse certains analystes à voir dans cette posture une tentative de “sauver la face” du régime algérien pour l’amener, à terme, à céder sans humiliation.
Un soutien international de plus en plus affirmé
Ce déséquilibre de traitement contraste avec l’évolution des grandes puissances. Les États-Unis ont réitéré leur position : le plan marocain est la seule base sérieuse et réaliste pour une solution politique. Le secrétaire d’État Marco Rubio a même insisté sur la continuité de la reconnaissance américaine, initiée sous Trump, tout en appelant à avancer vers une résolution rapide. La France a emboîté le pas, en reconnaissant que l’avenir du Sahara s’inscrit désormais dans le cadre de la souveraineté marocaine.
L’ONU elle-même évolue. Si elle reste attachée à une approche équilibrée, l’alignement discret de son action sur la logique du plan d’autonomie marocain est de plus en plus visible. D’autant que la MINURSO constate l’impuissance militaire du Polisario et la stabilité maintenue par les Forces armées royales.
Alger : une fuite en avant
Isolée sur le plan diplomatique, l’Algérie multiplie les provocations. Elle vient d’expulser des diplomates français, provoquant la colère de Paris. Elle tente, en parallèle, de convaincre la Tunisie d’accueillir un gouvernement du Polisario en exil, tout en espérant un veto russo-chinois au Conseil de sécurité. Ce sont là des signes de fébrilité.
L’Algérie mène aussi sa propre “guerre des consulats” contre le Maroc, essayant de faire croire à une reconnaissance internationale de la RASD. Mais sur le terrain, c’est le plan d’autonomie qui convainc, notamment dans les pays arabes, africains et même en Amérique latine.
Un tournant historique à ne pas manquer
La question du Sahara n’est pas un simple contentieux territorial. C’est un héritage de la colonisation, de la Guerre froide, et des luttes d’indépendance du XXe siècle. Depuis 1955, le Maroc réclame ses territoires légitimes, les récupérant étape par étape : Tarfaya en 1958, Sidi Ifni en 1969, Sakia El Hamra en 1976, Oued Eddahab en 1979. Contrairement aux frontières algériennes, tracées par la colonisation, les droits marocains reposent sur des liens d’allégeance ancestraux, reconnus par la Cour internationale de justice.
Une solution pour toute la région
Résoudre le conflit du Sahara, ce n’est pas seulement une victoire du Maroc, c’est une sortie de crise pour tout le Maghreb. Une région paralysée par les divisions, alors qu’elle pourrait devenir une puissance géoéconomique. Le plan d’autonomie marocain est un compromis courageux, un modèle de stabilité. Il offre aux Sahraouis des droits, une dignité, un avenir. Il enterre les illusions d’un État vassal sans peuple ni territoire.