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Reconstitution du cheptel : Le grand retour du soutien direct

Par Hamza Abdelouaret


L’opération d’aide financière directe aux éleveurs vient d’être officiellement lancée dans le cadre du programme de reconstitution du cheptel national. Cette mesure, pilotée par le ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, s’inscrit dans la continuité des efforts déployés par le gouvernement pour renforcer la résilience du secteur de l’élevage face à la succession des sécheresses. Elle répond à une urgence économique et sociale majeure, dans un contexte de stress hydrique prolongé et de flambée des coûts de l’alimentation animale.

Le dispositif, doté d’une enveloppe de 12,8 milliards de dirhams, vise à rétablir l’équilibre de la production animale nationale tout en assurant un appui ciblé et équitable aux petits et moyens éleveurs. Selon le ministre Ahmed El Bouari, cette mesure permettra de préserver le capital animal, de soutenir les revenus ruraux et de renforcer la sécurité alimentaire. Elle est conduite en coordination avec le ministère de l’Économie et des Finances et celui de l’Intérieur, en partenariat avec la Caisse nationale de retraites et d’assurances (CNRA) gérée par la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), garantissant un mécanisme de transfert sécurisé et transparent.

La méthodologie repose sur une base de données nationale établie à l’issue du recensement et du bouclage du cheptel réalisé entre le 26 juin et le 11 août 2025. Seuls les animaux officiellement recensés et identifiés par la pose de boucles seront éligibles à cette aide, assurant ainsi la traçabilité et l’équité dans la distribution. L’aide se compose de deux volets : une subvention directe destinée à l’alimentation du cheptel et une prime attribuée au maintien des femelles ovines et caprines destinées à la reproduction.

Pour les ovins, le montant de l’aide est fixé à 150 dirhams par tête pour les dix premières têtes, 125 dirhams pour les 11 à 50 têtes, 100 dirhams pour les 51 à 100 têtes et 75 dirhams au-delà. Pour les caprins, la grille prévoit 100 dirhams par tête pour les dix premières, puis 85, 75, 60 et enfin 50 dirhams pour les catégories supérieures. Les bovins et camélidés bénéficient, eux, d’un appui de 400 dirhams par tête pour les cinq premières, dégressif jusqu’à 150 dirhams au-delà de 100 têtes. Cette méthode dégressive permet d’encourager les petits éleveurs tout en maintenant un soutien équilibré aux grandes exploitations.

Le ministère a également mis en place un centre d’appel national baptisé « Daam Kessab », opérationnel de 8 h à 18 h au numéro 0537 707008. Ce dispositif vise à accompagner les éleveurs, à fournir toutes les clarifications nécessaires sur les conditions d’éligibilité et à traiter rapidement les réclamations. Ce centre constitue un outil de proximité essentiel pour garantir la transparence du processus et l’efficacité de l’appui public dans toutes les régions.

Une prime spécifique de maintien des femelles ovines et caprines est également prévue pour favoriser la reproduction et stabiliser le cheptel. Elle s’élève à 400 dirhams par femelle ovin et 300 dirhams par femelle caprin, versée en deux tranches. La première, prévue dès novembre 2025, couvrira les besoins alimentaires et comprendra une avance de 100 dirhams. La seconde, prévue à partir du 1er avril 2026, sera conditionnée à la vérification sur le terrain du maintien effectif des femelles identifiées, garantissant ainsi une gestion rigoureuse de la reproduction nationale.

Cette politique d’aide directe marque une inflexion majeure dans la gouvernance du secteur agricole. Elle concrétise la volonté de l’État de passer d’un modèle de subvention généralisée à un appui ciblé et mesurable, basé sur des données fiables. En parallèle, le ministère poursuit le déploiement des programmes d’irrigation et de cultures fourragères, dans le cadre de la stratégie Génération Green, afin de réduire la dépendance aux importations et de renforcer la souveraineté alimentaire du pays. Dans les zones semi-arides comme Béni Mellal, Khénifra ou Tiznit, les Directions régionales de l’agriculture ont déjà lancé les premières opérations de distribution et de sensibilisation, notamment auprès des coopératives pastorales.

Au-delà du soutien immédiat, cette opération reflète une nouvelle approche de la gestion du risque climatique. L’élevage marocain, qui représente près de 25 % de la valeur ajoutée agricole et fait vivre plus de trois millions de personnes, se trouve au cœur de la stratégie nationale de résilience. En misant sur la transparence, la digitalisation et la territorialisation des aides, le Maroc confirme sa capacité à conjuguer efficacité économique et équité sociale dans le monde rural.


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