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Préserver la société par la réforme familiale

Par Yassine Andaloussi


La hausse inquiétante des divorces au Maroc révèle la fragilisation du foyer et menace la cohésion sociale. Une réforme ambitieuse de la Moudouana devient indispensable pour préserver l’éducation des enfants, transmettre les valeurs et renforcer la stabilité de la société.

 

Trop de divorces affaiblissent le foyer marocain

Au Maroc, la hausse des divorces est devenue un phénomène préoccupant qui interpelle l’ensemble de la société. Chaque année, on estime que près de 35 000 à 40 000 couples mettent fin à leur mariage, ce qui correspond à environ un divorce pour trois mariages contractés. Cette tendance traduit une transformation profonde du tissu social et familial qui constitue le socle de notre société. Chaque divorce affaiblit le foyer, ce lieu central où s’inculquent les valeurs, le respect, la culture et la responsabilité. Lorsque ces ruptures deviennent fréquentes, elles menacent non seulement la stabilité du couple mais également la cohésion sociale et le futur des générations. Le mariage, institution essentielle, devrait être une union durable entre deux individus ayant pour objectif de construire un foyer solide et d’élever des enfants capables de contribuer positivement à la société. Cependant, les réalités contemporaines montrent que cette institution est de plus en plus fragilisée par des facteurs multiples et interdépendants.

Le divorce touche toutes les classes sociales, mais il est particulièrement marqué dans les zones urbaines où la vie moderne impose des contraintes financières et sociales plus fortes. Cette situation crée un environnement où les couples ont moins de temps pour construire une relation durable avant d’être confrontés aux difficultés de la vie quotidienne. La rapidité avec laquelle les unions peuvent être dissoutes renforce la perception que le mariage est fragile et temporaire, ce qui affecte directement la manière dont les jeunes générations envisagent cette institution fondamentale.

 

Argent et précipitation détruisent certaines unions

L’argent constitue l’une des causes principales de la fragilité des mariages. La pression économique, la hausse constante du coût de la vie et les dépenses liées au logement, à la nourriture et aux services essentiels créent un climat propice aux conflits. De nombreux jeunes mariés n’ont pas la préparation nécessaire pour gérer ces difficultés. La précipitation des unions, souvent motivée par l’enthousiasme, la pression familiale ou le désir de suivre des modèles sociaux idéalisés, expose les couples à des tensions qu’ils ne savent pas surmonter. On estime que près de 60 % des divorces concernent des couples mariés depuis moins de dix ans, ce qui montre la fragilité des mariages précipités et mal préparés.

Par ailleurs, la législation marocaine qui facilite le divorce par consentement mutuel, bien qu’avancée sur le plan des droits individuels, permet une séparation rapide. Si cette accessibilité peut être bénéfique dans des situations de conflit irréversible, elle réduit parfois le temps nécessaire pour que les couples explorent d’autres solutions, comme la médiation ou l’accompagnement conjugal. L’argent combiné à une entrée précipitée dans le mariage et à la facilité légale du divorce constitue ainsi un facteur majeur de fragilisation des unions.

 

Influence des idéologies et mariages superficiels

Au-delà des contraintes financières et législatives, les influences idéologiques jouent un rôle déterminant dans la perception et la pratique du mariage. Les jeunes générations sont largement exposées à des contenus numériques et médiatiques qui véhiculent des visions idéalisées, voire irréalistes, de la vie conjugale. Ces représentations modifient les attentes et les comportements, rendant la patience, le compromis et le dialogue plus difficiles à appliquer.

Parallèlement, de nombreux mariages sont contractés pour des raisons conjoncturelles ou stratégiques. Il peut s’agir de sécuriser la richesse ou le statut de deux familles, de renforcer des alliances ou de créer des images spectaculaires destinées à plaire à l’entourage. D’autres unions sont motivées par le désir de faire une fête somptueuse, de montrer sa réussite sociale ou d’entrer dans une logique de compétition avec ses pairs. Dans ces mariages superficiels ou utilitaires, le couple n’est pas solidement lié par l’amour, le respect ou l’engagement. Les tensions de la vie quotidienne deviennent alors difficiles à surmonter et le divorce apparaît souvent comme une issue naturelle ou inévitable.

Cette influence des idéologies et des normes sociales crée un modèle de mariage fragile dans le subconscient collectif. Les jeunes couples, influencés par ces représentations, peuvent être moins préparés à gérer les difficultés réelles de la vie conjugale et à construire un foyer stable. Cela contribue directement à l’augmentation des divorces et à la perception que le mariage est une institution temporaire et fragile.

 

Réforme urgente pour renforcer foyer marocain

Le mariage, dans sa véritable essence, doit être l’union de deux individus pour fonder un foyer stable et transmettre des valeurs aux enfants. La stabilité du couple et la qualité de l’éducation donnée au sein du foyer déterminent directement la cohésion sociale et l’avenir de la société. Le Maroc doit réaffirmer que le mariage n’est ni un simple événement social ni une transaction économique mais qu’il constitue le pilier fondamental de la stabilité familiale et culturelle.

Protéger ce pilier et renforcer le rôle des parents dans l’éducation et la transmission des valeurs est indispensable pour assurer l’avenir des générations futures et garantir la continuité des repères sociaux. Une réforme ambitieuse et globale du mariage et du cadre familial apparaît comme une nécessité impérieuse pour replacer le mariage dans sa vocation éducative et morale et réinscrire le foyer comme noyau central de l’éducation, de la transmission des valeurs et de la stabilité sociale.

Cette réforme devrait inclure la préparation des jeunes couples à la vie conjugale sur les plans émotionnel et financier afin de renforcer leur capacité à affronter les défis du quotidien. Le développement de la médiation familiale et de l’accompagnement conjugal doit permettre de préserver les unions fragiles avant qu’elles ne se brisent. Une sensibilisation accrue aux responsabilités parentales et à l’importance de l’éducation des enfants est également nécessaire pour que le mariage retrouve sa vocation première et que le foyer reste un lieu de formation des valeurs. Enfin, il convient d’encadrer et de réguler les influences idéologiques et culturelles qui déforment la perception de la vie conjugale et créent des attentes irréalistes.

Le mariage ne doit pas être réduit à une formalité, à une compétition sociale ou à un instrument de sécurisation économique. Il doit rester un engagement profond et durable fondé sur l’amour, le respect et la responsabilité. La préservation et le renforcement de cette institution sont essentiels pour garantir la stabilité sociale, la cohésion culturelle et la formation de citoyens responsables. La hausse des divorces au Maroc, estimée à environ un divorce pour trois mariages, constitue un signal d’alerte majeur qui appelle à une réforme globale et urgente du mariage et du cadre familial pour protéger l’avenir et la stabilité du pays.


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