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Place aux jeunes, l’âge n’est plus un argument

Par Yassine Andaloussi


Symbole d’un Maroc en pleine mutation, la sélection nationale U20 montre qu’une nouvelle génération, confiante et compétente, émerge. Au-delà du terrain, ces jeunes prouvent que l’âge n’est plus un frein et que la jeunesse, si elle est écoutée, peut devenir un véritable moteur de transformation nationale.

 

La jeunesse marocaine en mouvement, entre talent et confiance retrouvée

L’équipe nationale marocaine des moins de vingt ans illustre avec éclat une vérité que le pays tend parfois à oublier. L’âge n’est plus un frein, ni dans le sport ni dans la société moderne. Ce qui compte désormais, c’est la compétence, la détermination et la capacité à se hisser à la hauteur des défis du temps. Ces jeunes footballeurs, souvent issus de milieux modestes, démontrent qu’avec une préparation adéquate, un encadrement rigoureux et un climat de confiance, ils peuvent rivaliser avec les grandes nations et incarner une image forte du Maroc contemporain. Leur succès dépasse le cadre sportif, il révèle une transformation sociétale profonde.

Le football a toujours été un miroir des dynamiques sociales. Dans le cas du Maroc, il devient aujourd’hui un révélateur du potentiel d’une jeunesse prête à s’engager, à créer, à diriger et à transformer. Loin d’être un simple divertissement populaire, le football jeune exprime la volonté d’une génération d’exister autrement que par le commentaire ou la contestation. Ces jeunes acteurs du terrain traduisent une énergie collective que l’on retrouve également dans d’autres domaines, qu’il s’agisse de la recherche, de l’entrepreneuriat, de la culture ou du numérique. Ils rappellent que le pays dispose d’un réservoir de talents considérable, à condition de lui offrir les bons leviers pour s’exprimer.

 

Le sport comme métaphore d’un Maroc en devenir

La performance de la sélection U20 ne résulte pas du hasard. Elle est le fruit d’un modèle sportif en construction, d’une politique de formation inspirée par la vision royale en matière de développement du sport et d’un travail de fond mené par les structures techniques nationales. Mais au-delà des terrains, elle incarne une dynamique plus large. Ces jeunes joueurs ne représentent pas seulement une génération dorée, ils symbolisent une jeunesse en quête de reconnaissance et d’utilité sociale.

Dans une époque où la défiance envers les institutions peut fragiliser le lien national, le football devient un espace d’unité, un langage commun où les distinctions sociales s’effacent. Voir un jeune de vingt ans défendre les couleurs du pays avec discipline et passion nourrit un sentiment d’appartenance collective. Cela redonne confiance dans la jeunesse marocaine, souvent stigmatisée pour son impatience ou son désintérêt supposé pour les affaires publiques. Or, cette jeunesse ne manque pas d’intérêt, elle manque de perspectives.

 

La compétence avant l’âge, le mérite avant le privilège

Ce que prouve la réussite de cette équipe, c’est qu’un changement de paradigme est possible. Les jeunes, lorsqu’ils sont responsabilisés, encadrés et valorisés, peuvent accomplir des résultats impressionnants. Le mérite devient ici la clé de la réussite, non la proximité, ni la tradition. Dans un monde qui évolue à une vitesse inédite, la compétence supplante les hiérarchies d’âge ou les titres académiques.

Cette leçon dépasse le cadre sportif. Elle questionne la manière dont les institutions publiques, les entreprises, et même les structures politiques perçoivent la jeunesse. Faut-il continuer à considérer l’expérience comme la seule garantie de compétence, ou bien faut-il ouvrir la voie à une nouvelle génération de décideurs qui ont grandi dans un environnement globalisé, numérique et collaboratif. Le Maroc d’aujourd’hui a besoin de cette relève. Non pas pour rompre avec ses aînés, mais pour compléter leur action, l’enrichir et lui donner un souffle neuf.

Inclure la jeunesse dans les sphères de décision n’est pas une question de symbole, mais de nécessité stratégique. Dans un pays où la moyenne d’âge de la population est inférieure à trente ans, écarter la jeunesse des processus décisionnels reviendrait à se priver de la moitié de la force vive nationale. Les jeunes Marocains aspirent à contribuer, à être entendus, à participer à la définition des politiques publiques. Ils ne demandent pas des privilèges, mais des espaces d’expression et de responsabilité.

Les exemples issus du monde sportif peuvent servir de modèle. Dans les académies de football, les jeunes sont responsabilisés très tôt. On leur confie des rôles, on leur apprend la discipline, la solidarité et la gestion de la pression. Ces valeurs sont transposables à la vie civique. Un jeune habitué à défendre son équipe peut demain défendre son territoire, son idée, ou son entreprise. C’est pourquoi le renforcement du lien entre l’État et la jeunesse ne doit plus se limiter à des programmes ponctuels ou à des initiatives de communication, mais s’incarner dans des mécanismes concrets d’inclusion et de décision partagée.

 

Une génération prête à transformer le Maroc

Le terrain de football n’est pas seulement un espace d’effort physique, c’est un lieu d’apprentissage collectif. Le respect des règles, la coopération, la gestion de l’échec, le leadership et la recherche de performance y sont vécus quotidiennement. Ces dimensions, si elles sont valorisées à l’échelle nationale, peuvent nourrir une culture de la responsabilité et de la transparence.

Le Maroc dispose déjà d’exemples concrets. L’Académie Mohammed VI de football est aujourd’hui reconnue comme un modèle africain de formation intégrée. Elle prouve que le professionnalisme et la rigueur peuvent coexister avec l’ambition et le rêve. Ce modèle pourrait inspirer d’autres secteurs, de l’éducation à l’économie, où la jeunesse pourrait être formée selon une approche combinant excellence technique et valeurs citoyennes.

Le succès de l’équipe nationale U20 invite à repenser le rapport entre générations. La jeunesse ne doit plus être perçue comme une catégorie à encadrer, mais comme un partenaire à part entière du développement national. Cette reconnaissance suppose un changement de mentalité au sein des institutions et des entreprises, mais aussi au sein de la société elle-même.

Le Maroc se trouve à un moment charnière de son histoire. L’État a engagé d’importantes réformes économiques et sociales, mais leur réussite dépendra de la capacité à fédérer les énergies nouvelles. C’est en intégrant la jeunesse dans la conception et la mise en œuvre de ces réformes que le pays assurera leur durabilité. Le sport, à travers l’exemple des jeunes footballeurs, montre que la confiance produit des résultats tangibles.

Cette jeunesse ne se contente plus d’attendre que le changement vienne d’en haut. Elle souhaite y participer activement. Elle veut donner du sens à son action, que ce soit sur un terrain de football, dans un laboratoire, dans une startup ou dans un conseil communal. Elle incarne un Maroc ouvert, connecté et conscient des défis mondiaux. Lui offrir un espace d’expression, c’est aussi investir dans la stabilité et la prospérité futures du pays.

L’équipe nationale U20 ne célèbre pas seulement la victoire d’un groupe. Elle symbolise la victoire d’une idée, celle que le talent n’a pas d’âge et que la compétence, lorsqu’elle est reconnue, peut transformer la société. Elle envoie un message clair à toutes les sphères de pouvoir. Faire confiance à la jeunesse, c’est faire confiance à l’avenir.


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