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Picasso au Maroc: L’hommage de Youssef Benjelloun


Youssef Benjelloun, l’un des habitants de la voie lactée, plus précisément d’une petite ville du nom de Ouezzane, doucement bercée au milieu des monts rifains du nord du Maroc, a toujours voulu nous faire visiter son monde où les pigments font de la poésie, la lumière crée des étoiles et le détail se précise pour se faire harmonieux avec son entourage.

Le monde de cet artiste prolixe est fait d’une traque incessante du parfait. Chez lui, le trait est précis, le mouvement raffiné, le message plutôt codé et dégageant les effluves d’une certaine sacralité. L’oeuvre de Youssef Benjelloun est diversifiée – calligraphie, portrait, paysage, nature morte, et sculpture – sans être éparpillée car son entreprise paraît mûrement réfléchie. Le septuagénaire merveilleusement préservé quitte Ouezzane sa ville natale, source inépuisable de son inspiration, encore enfant pour devenir métropolitain, mais il n’a jamais rompu les liens. Son amour pour le terroir se manifeste dans la douceur des temps de ses toiles, dans l’authenticité des personnages et dans la fidélité au lieu et
à ses perspectives. L’artiste, fruit d’un concentré d’expérience, ne perd pas son caractère humble et accessible. Il rend hommage dans sa dernière exposition à un maître dans son domaine qui n’est que Pablo Picasso. L’histoire est aussi simple qu’une rencontre à Cannes avec la fille du maître à l’occasion d’une exposition où Youssef Benjelloun était le seul représentant du Maroc et de l’Afrique. L’honneur fut en 2014, et courtoisie oblige, Benjelloun invita Picasso au Maroc.

Hommage au picasso

A travers une série de cinq tableaux, Youssef Benjelloun choisit de rendre hommage à la fois original et personnel au grand peintre Pablo Picasso. Fasciné par son oeuvre exceptionnelle, Youssef Benjelloun s’est inspiré de ce génie visionnaire qu’il n’hésite pas à qualifier lui-même de prophète. Il nous livre ainsi un ensemble de portraits saisissants de Picasso, à la fois ancrés dans l’univers cosmique si cher à Youssef Benjelloun et chargés de mystères… Ça et là, Youssef Benjelloun distille quelques indices au spectateur… A chacun de comprendre, d’interpréter le sens et les messages de cette série hommage. Nous l’avons rencontré à la salle d’expositions de l’institut Cervantes de Casablanca qui abrite cet événement jusqu’au 28 février 2017, le cadre était décontracté et la parole délicieuse.

– que faisait une grande fammille fassie à Ouezzane ?

– D’abord mon père était un érudit, il enseignait, entre autres, Al Boukhari puis il a été nommé juge de la ville de Ouezzane et de ses régions par le Roi Mohammed V. De mon côté, j’ai quitté ma ville natale à l’âge de 10 ans , mais je ne l’ai jamais oubliée, j’y retourne souvent et j’y amène ma famille. J’ai fait un travail monumental pendant 30 ans pour la sauvegarde des monuments de Ouezzane. Nous oeuvrons à l’Association Dar Dmana fondée en 1988, dont Abdallah El Amrani est vice président, pour désenclaver cette ville et la rendre une vraie métropole.

– Comment présentez-vous cette exposition ?

– Cette exposition est un atterrissage. J’ai connu Marina Picasso, fille de Pablo Picasso, qui m’a ébranlé. Elle m’a honoré à Cannes suite à ma participation à la rencontre internationale «Artistes du Monde». N’oublions pas que les Espagnols et les Français se disputent l’appartenance de Picasso car il est mort à Mougins près de Cannes. Aujourd’hui je le ramène au Maroc.

– vous avez un grand parcours dans la recherche et la création graphique, voulez- vous nous faire part de cette expérience ?

– Au début j’ai crée beaucoup de sigles et de logos pour de grandes sociétés, ce qui a constitué le secret de mon évolution. Ceci m’a permis de gagner de l’argent, car l’art ne fait pas vivre. J’ai créé à la fin des années 60 un bureau de graphisme où on travaillait à la main, car à l’époque il n’y avait pas d’ordinateurs et de Photoshop. Et puis la peinture est ma grande passion, je n’ai jamais arrêté de chercher et de créer. Je ne suis pas un artiste qui stagne dans un style. Ma peinture évolue dans mon travail.

– Du portrait au figuratif, de la calligraphie aux scénes Surréalistes, vous êtes infa- tigable dans la recherche de l’artiste accompli.

– Dieu a dit « Celui qu’Allah prive de lumière n’a aucune lumière. » La création est cette lumière et l’artiste reçoit en quelque sorte le don de l’illumination.

– vous avez peint des Zaouias, des mondes cosmiques , des univers d’anges et de démons, il semble qu’il n’y a jamais eu de rupture avec la spiritualité et le soufisme.

– D’abord, je ne touche jamais au sacré. Je ne suis que le maître de l’image, mais je ne peux échapper au spirituel. Sur les tableaux de Picasso on trouve des anges, l’un d’eux porte des clés. La symbolique est évidente. Je suis surtout un perfectionniste et j’ai une habilité extraordinaire à représenter l’anatomie.

– vous avez recu une médaille de l’Académie des Arts et Sciences de paris en 2007 et Vous avez étè honoré par Marina picasso en 2014 , entre Autres, qu’elle est pour vous la meilleure consécration ?

– J’aime avoir une place parmi les chercheurs, car je ne veux pas être un artiste peintre qui stagne dans un seul style. Je me considère comme un artisan qui ne cherche pas la facilité. J’aimerai qu’un jour SM le roi me donne une médaille, se serait l’ultime consécration. Et puis bien sûr j’aime avoir une place au cœur du public marocain surtout les intellectuels qui reçoivent les messages directement comme des flèches.

– En 2005 Vous aVez créé une association l’ « union Marocaine des Arts » pour aider des artistes à s’exprimer, ou en est le proget à ce jour ?

– L’association, présidée par un autre Ouezzani qui est Mohamed Beriane El Ouazzani, ne cesse de faire des activités. Nous allons organiser en Mars une exposition pour la journée mondiale de la femme, puis une autre pour les jeunes artistes que nous aidons. Nous allons visiter quelques écoles des régions de Casablanca pour donner aux élèves des moyens et des cours de dessin, ce projet nous l’avons baptisé « Art School ». Nous avons fait des activités pour aider des enfants trisomiques à s’intégrer avec d’autres élèves normaux.

– Vous êtes l’un des pionniers de l’art contemporain marocaine comment décrivez-vous la scéne artistique du pays ?

– Nous manquons de sérieux. L’art n’est pas à la portée de tout le monde. Ce n’est pas parce que je dessine une cascade ou un quelconque paysage que je suis peintre. Il faut des bases. Il ne faut pas signer n’importe quoi. Un tableau n’est certes pas sacré mais il doit contenir un message. Quand je vois mes tableaux je suis surpris. Un tableau a besoin d’une idée, l’idée doit mûrir et s’élever à un état spirituel pour avoir une âme.


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