Pédophilie: Tolérance zéro

C’est un fléau qui n’en finit pas de nous meurtrir chaque jour davantage, chaque fois avec des affaires de plus en plus horribles, avec l’enfance livrée en pâture à des malades qu’il faut certes juger, mais aussi soigner.
Les temps sont graves. Le danger rôde. Il y a comme une odeur de meurtre dans l’air. C’est dans cette optique qu’il faut lire le jugement dans une énorme affaire de pedophilie dont la victime est une jeune fille abusée et voilée durant un an par un groupe d’hommes qui l’a menacé de représailles si elle parlait. La société est outrée. Elle est ulcérée par ce verdict qui ne traduit en aucune façon la nature de ce crime barbare dont sont victimes nos enfants.
C’est aussi dans ce sens qu’il faut comprendre qu’il ne s’agit pas là du é volonté de vengeance de la part de la société, mais de justice qui doit être rendue à cette fille, à sa famille et à tous les enfants victimes de pédophilie dans notre pays. Violer un enfant, abuser est un crime d’une grande horreur. D’abord, il sème la terreur au sein de la communauté. La confiance dans le vivre-ensemble se perd. On ne peut plus se fier à personne. Tout le monde devient suspect. C’est cela la finalité d’un tel acte extrême : brouiller les pistes, planter les graines de la méfiance, diviser, déclencher la haine et le désir de vengeance.
Ce qu’il ne faut pas perdre de vue aussi, c’est que les pédophiles sont légion au sein de la société marocaine. Il est vrai que le timing de ce rapt mortel coïncide avec une grave crise sociale et cela exacerbe la colère et la rage de toute une population, mais il ne faut surtout pas se voiler la face : les prédateurs sexuels sévissent tous les jours. Et pour un crime dévoilé, des dizaines sont tus et vécus dans le silence à la fois des victimes et des parents. Sans oublier le mariage forcé des mineurs qui n’est rien d’autre que de la pédophilie pseudo-légalisée. Ceci pour dire que les violences faites aux enfants sont très nombreuses et que la société est appelée à se soulever d’un seul tenant pour dénoncer ces actes barbares et criminels. Ceci, avec toute la colère qui en résulté ne doit pas non plus nous faire oublier qu’il faut que la justice fasse son travail et que nous citoyens nous ne pouvons pas nous substituer aux juges en appelant à la peine capitale sur laquelle les lois marocaines sont très claires puisqu’il y a un moratoire clair et net dans ce sens.
Nous sommes pour une justice sévère et sans compromis, mais nous sommes contre toute forme de barbarie.
Maintenant posons-nous les bonnes questions sur la pédophilie dans notre pays. Pourquoi des crimes sexuels sur des enfants ont droit de cité chez nous ? En dehors des cas de violeurs en série, des tueurs en série et autres délinquants sexuels, nous autres marocains nous avons de très graves problèmes avec la sexualité. En tant que psychiatre et sexologue, je connais les ravages occasionnés par le manque d’éducation sexuelle au Maroc. Pourtant, nous sommes face à un faux tabou puisque les Marocains, dans leur écrasante majorité, vivent leur sexualité avec plus ou moins de liberté, avec ses bons et ses mauvais côtés, avec ses travers, ses dérives et ses déviances. Avec ses pathologies et ses complications relevant de la médecine pure, aussi.
Nous avons besoin de revoir toutes nos cartes sur ce sujet très crucial. Cette hypocrisie sociale a trop duré et elle consacre certains comportements d’une extrême dangerosité. Dans ce sens, Il nous faut un réel et profond débat de société sur notre sexualité, qui est enracinée dans certains atavismes qui ont la peau dure, mais elle est aussi empreinte de tous les travers de ladite « modernité », entre pornographie en illimité et des instincts primaires nourris à l’aune de la frustration et de l’ignorance, le tout saupoudré de démagogie assassine et d’idéologie suspecte.