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Parution en Italie d’un ouvrage collectif en hommage à l’écrivain marocain Mohamed Khaïr-Eddine


“Mohammed Khaïr-Eddine. L’enfant terrible et le Guerrero littéraire” est l’intitulé du dernier numéro de la revue semestrielle “Interculturel Francophonies”, parue récemment à Lecce, en Italie, à l’initiative de l’Alliance Française et dirigée par le professeur Andrea Calì (Università del Salento).

Coordonné et présenté par le poète et professeur marocain Bernoussi Saltani, ce numéro réservé à l’auteur marocain se veut à la fois un retour et un hommage à l’héritage littéraire, culturel et intellectuel de Khaїr-Eddine.

Dans la présentation de cet ouvrage, Saltani Bernoussi pointe du doigt cet “aspect révolté de Khaїr-Eddine qu’on ne peut pas mettre dans une cage, puisqu’à l’instar d’un certain Jean Paul Sartre, il porte un regard profond sur les problèmes de son époque et assume son rôle d’intellectuel, en avertissant le peuple de toutes les faussetés environnantes, de lutter contre l’analphabétisme”.

Intensément travaillée, l’œuvre de Khaïr-Eddine est un cri de violence, car il est un écrivain en rupture de ban. Cette rupture est une manière de faire face à toutes les formes d’autorité et de répondre à une situation marquée par des déficits en matière sociale et économique ainsi que démocratique, a-t-il fait observer.

Sur le plan littéraire, son écriture échappe au système normatif de la langue et “se place sous le signe de l’errance”, relève le professeur chercheur Mohamed El Bouazzaoui dont la contribution a porté sur la relation entre mémoire et écriture, alors que l’essayiste Abderrahim Kamal estime qu’il y a chez Khaїr-Eddine “de l’excès, de l’instabilité, du pulsionnel, du rhizomatique, qui créent des phénomènes de turbulence dans le discours”.

En effet, l’œuvre de Khaïr-Eddine “s’inscrit en faux par rapport aux clichés touristiques”, témoigne l’essayiste Atmane Bissani qui affirme que “tout lecteur de Khaїr-Eddine doit couper tout lien avec le ‘folklorisme’ dédaigneux auquel l’invitent bon nombre de textes et d’écrivains”.

Cet écrivain-hapax a donné naissance à une œuvre littéraire d’autant plus violente qu’elle réussit à effaroucher ses lecteurs et à leur éclairer des zones sombre de l’existence et défend aussi son amazighité sans tomber dans le chauvinisme culturel, note-t-il.

Bien que son style soit subversif et véhément, Khaïr-Eddine ouvre son texte sur l’altérité, estime l’universitaire Mustapha Elouizi, qui revient sur cette mosaïque culturelle plurielle qui traverse l’œuvre de l’auteur, à tel point qu’on peut le considérer comme un médiologue ou un sociologue qui transmet tout un héritage à travers cette littérature “sauvage”, qui rompt frontalement avec une certaine vision littéraire simpliste et réductrice.
Plusieurs écrivains et chercheurs marocains et étrangers ont contribué à ce numéro dédié à Khair-Eddine, dont Mostapha Nissaboury, Bernadette Rey Mimoso-Ruiz, Fouad Laroui et Abdellah Baida.

Mohamed-Khaїr-Eddine demeure une figure étincelante et une voix intarissable dans le paysage littéraire et culturel du Maghreb et une voix vivace et retentissante. Il reste en cela fidèle à “l’esprit sudique”, c’est-à-dire à l’esprit errant.


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