Musk président ? Impossible selon la Constitution
Elon Musk entre en politique : le “Parti de l’Amérique” contre le système

Par Fayçal El Amrani
Elon Musk ne compte plus se contenter d’influencer la politique américaine depuis les coulisses. Ce 5 juillet, au lendemain de la fête nationale, le patron de Tesla, SpaceX et du réseau social X a officialisé la création de sa propre formation politique : le “Parti de l’Amérique”, présenté comme une alternative aux deux partis traditionnels que sont les républicains et les démocrates.
« Aujourd’hui, le Parti de l’Amérique est créé pour vous rendre votre liberté », a-t-il écrit sur X
Une réponse directe à la loi budgétaire Trump
La naissance de ce parti fait suite à l’adoption par le Congrès de la vaste réforme budgétaire portée par Donald Trump et promulguée avec éclat le 4 juillet. Musk, farouche opposant au texte, y voit une trahison des principes de rigueur budgétaire qu’il défend, et n’a pas mâché ses mots ces derniers jours, qualifiant le système politique américain de “parti unique corrompu”.
Dans un sondage lancé sur son réseau X, quelque 65 % des 1,2 million de votants ont soutenu la création d’un nouveau parti. Musk a immédiatement affirmé vouloir challenger lors des élections de mi-mandat de 2026 les élus républicains ayant voté pour la loi alors qu’ils avaient promis de réduire les dépenses publiques.
Le Bureau budgétaire du Congrès estime que cette loi pourrait creuser la dette publique américaine de plus de 3.400 milliards de dollars d’ici 2034.
Musk vs Trump : divorce entre titans
L’annonce du “Parti de l’Amérique” vient acter une rupture spectaculaire entre Musk et Trump. Les deux milliardaires, autrefois alliés, se sont brouillés publiquement en mai dernier. Trump, irrité par l’opposition croissante de Musk à son programme économique, a même suggéré l’idée — juridiquement impossible — d’expulser son ancien allié.
« On pourrait mettre Doge sur Elon. Vous savez ce qu’est Doge ? C’est le monstre qui pourrait se retourner et croquer Elon », a ironisé Trump devant la presse
Musk président ? Impossible selon la Constitution
Aussi ambitieuse que puisse paraître cette entrée en politique, Elon Musk ne pourra jamais se présenter à l’élection présidentielle. Né à Pretoria, en Afrique du Sud, en 1971, il ne remplit pas les critères établis par l’article II de la Constitution américaine, qui exige d’être né sur le sol américain pour accéder à la présidence.
Même s’il est citoyen américain depuis 2002, ce statut ne suffit pas. Et selon le professeur de droit constitutionnel Philip Bobbitt, une modification de la Constitution permettant à Musk de candidater est hautement improbable : elle nécessiterait l’accord des deux tiers du Congrès et la ratification par les trois quarts des États.
De plus, la douzième amendement interdit aussi à un citoyen non-né aux États-Unis d’exercer la fonction de vice-président.
Un projet politique technocratique et provocateur
Derrière cette initiative, les observateurs voient émerger la vision politique futuriste et technocratique d’Elon Musk. Moins portée par un programme structuré que par le rejet du système actuel, sa démarche intrigue autant qu’elle divise. Si certains y voient une tentative sincère de renouveler la politique, d’autres dénoncent une stratégie mégalomaniaque dangereuse, qui pourrait davantage servir les intérêts de Musk que ceux des citoyens.
« Nous vivons dans un pays au parti unique : le parti des cochons qui se goinfrent », a-t-il lancé récemment, dénonçant les élites politiques
Pour l’instant, le “Parti de l’Amérique” reste un slogan plus qu’une organisation, sans représentants, sans programme clair, ni base militante réelle. Mais dans une époque où les mouvements politiques se forment aussi vite qu’ils se délitent, Musk parie sur sa puissance médiatique et technologique pour transformer l’indignation en action.