Moussem d’Assilah : Arts rupestres, les chef-œuvres de la préhistoire
LA VÉRITÉ
Une conférence sous le thème “Introduction à l’histoire de la gravure au Maroc” a été organisée, lundi, dans le cadre de la session d’été de la 45è édition du Moussem culturel international d’Assilah.
Cette conférence a été animée par l’universitaire et archéologue, Dr. Abdelkhalek Lemjidi, qui a souligné que le Maroc compte parmi les pays les plus riches en patrimoine rupestre, relevant qu’il s’agit d’une richesse sous forme de représentations gravées et/ou peintes sur la roche, des chef-d’oeuvres pré et protohistoriques qui sont définis en archéologie comme “Arts rupestres”.
L’archéologue a expliqué que les arts rupestres au Maroc font partie de la grande aire rupestre pré et protohistorique du Grand Sahara et de la Méditerranée occidentale, notant que la nature matérielle des arts rupestres se traduit par la possibilité de les traiter archéologiquement comme tout artefact, tandis que leur nature immatérielle relève de leur contenu iconographique qui est un miroir socioculturel des anciennes communautés du Maroc.
Il a, à cet égard, fait savoir que les arts rupestres du Maroc couvrent des étapes d’Histoire allant de la fin du paléolithique supérieur jusqu’aux représentations subactuelles (environ 12.000 ans), soulignant que les gravures rupestres les plus récentes se trouvent dans des sites de l’Anti Atlas occidental où on peut voir clairement des greniers collectifs (Igoudars) représentés avec des détails de cases et des tours gardées par des armes à feu.
Dans une déclaration à la MAP, M. Lemjidi a affirmé que le Maroc a le mérite d’être une terre d’un relief exceptionnel, centré par des hautes altitudes qui sont, en fait, un grand réservoir d’eau alimentant, d’une dynamique descendante, des anciens cours d’eau dans l’aire semi-arides, se croisant avec des couloirs topographiques naturels entre chaînes montagneuses facilitant ainsi une communication entre cultures matérielles.
Il a, dans ce cadre, noté que la situation géographique du Maroc, entre le grand Sahara et la Méditerranée occidentale, a fait de cette zone de l’extrême nord-ouest africain, un espace historico-culturel de convergence et de brassage de cultures matérielles depuis les temps préhistoriques les plus reculés.
L’universitaire a fait observer que les arts rupestres marocains reflètent au moins quatre aspects culturels, à savoir un style prénéolithique, probablement le plus ancien, rare et mal documenté, représenté par des miniatures gravées sous-jacentes aux représentations dites tazina, et aux traits polis profonds, et un style dit “Tazina” de chasseurs néolithiques, dont les sites sont répartis sur tout le territoire au Sud du Haut Atlas, considéré, jusqu’à présent, le plus ancien au Maroc, notant que ce dernier est caractérisé par des représentations d’une grande faune sauvage comme des pachydermes (éléphants, rhinocéros, girafes et grandes antilopinés).
Le troisième aspect culturel concerne le style dit “Bovidien” des éleveurs néolithique et début de l’âge du bronze, réparti sur le territoire marocain depuis le Haut Atlas, l’Anti Atlas et jusqu’au-delà d’Es-Saguia Al-Hamra, a-t-il enchainé, précisant que les bovinés représentés dans ce style portent différentes indications de domestication parmi lesquelles il y a l’incontestable boeuf porteur.
M. Lemjidi a relevé que le dernier aspect est lié au style dit “Libyco-Amazigh” des éleveurs transhumants, considérés comme les descendants des bovidiens et constituant un substratum des cultures nord-africaines actuelles, faisant savoir que les représentations libyco-amazighes sont l’aboutissement de toutes les mouvances rupestres du nord de l’Afrique dans leurs ouvertures sur le Grand Sahara et la Méditerranée.
La session d’été de cette édition du Moussem, organisée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, à l’initiative de la Fondation du Forum d’Assilah, en partenariat avec le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication (département de la Culture) et la commune d’Assilah, est consacrée aux arts plastiques.
Au programme de cette session, qui se poursuivra jusqu’au 27 juillet, figurent plusieurs colloques et conférences, qui réuniront académiciens, artistes et critiques d’art autour de l’histoire de la gravure et son évolution, ainsi que l’histoire de l’impression et de l’édition au Maroc.