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Moussem Cities de Bruxelles


Casablancais de naissance ou de cœur, des artistes qui ont en partage leur amour de la métropole marocaine réunissent leur talent pour retracer l’énergie créative d’une ville en perpétuelle mutation, à l’honneur tout au long du mois de février à Bruxelles dans le cadre du festival Moussem Cities.

Cette exposition qui mêle images d’archives, dessins, affiches, peintures, tapisserie, enregistrements sonores, photographies contemporaines et vidéos, est une invite à la découverte de cette ville mystique, vitrine du Maroc dynamique et moderne, qui ne cesse d’inspirer les créateurs de par le monde.

C’est le cas d’Anna Raimondo, créatrice sonore napolitaine tombée sous le charme de Casablanca. Elle s’est jointe volontiers aux artistes locaux Fatima Mazmouz, Zineb Andress Arraki, Yassine Alaoui Ismaili, Mostafa Maftah, Aicha El Beloui et Hicham Lasri, pour recréer à Bruxelles, “non une reproduction de la ville, qui serait vouée à l’échec, mais un peu de son état d’esprit”, pour reprendre les termes de la commissaire de l’exposition, Salma Lahlou.

La commissaire, elle-même Casablancaise, a fait en sorte que l’œuvre “Casablanca Tells” d’Anna Raimondo accueille le visiteur dans le brouhaha quotidien de la ville, en guise d’immersion dans l’ambiance casablancaise dès l’entrée de l’exposition, tenue au théâtre flamand “Kaaitheater”. L’exposition est conçue autour de “cinq points saillants”, confie-t-elle dans une interview à la presse.

“La mutation” est la première thématique du parcours que Salma Lahlou propose pour raconter la ville qui l’a vue naître et qu’elle a pu redécouvrir dans le cadre de sa mission de commissaire de l’exposition, en arpentant ses territoires, relisant ses archives, rencontrant ses habitants, dialoguant avec ses passionnés.

Les œuvres exposées dans cette section reflètent la capacité de “cette ville mutante” d’absorber tout le Maroc, notamment via des mécanismes comme l’exode rural, ce que traduit, à ses yeux, la grande mixité de la ville (sociale, religieuse, politique…). La deuxième thématique focalise sur une autre caractéristique de Casablanca, celle liée à une ancienne tradition de contre-culture populaire.

“C’est une ville qui repose sur une culture populaire et non une culture d’élite”, relève la commissaire marocaine qui a voulu mettre sous projecteur les symboles de cette culture, à travers notamment la musique de Nass El Ghiwane, Jil Jilala et plus récemment L’Boulevard, mais aussi par le biais des arts visuels, le théâtre avec Tayeb Seddiki et le cinéma avec Ahmed Bouanani. Le parcours de l’exposition met l’accent également sur la dimension “hédonique” de la ville.

C’est cette philosophie de vie qui distingue le Casablancais qui “travaille dur et en même temps cherche à s’amuser et profiter pleinement de la vie”. Autre propriété inhérente à Casablanca : “la transhumance”, un phénomène qu’on retrouve, selon la commissaire, dans des œuvres retraçant “le déplacement au fil du temps, du début du siècle jusqu’à aujourd’hui, reflétant l’extension géographique de la ville”.

La peinture monumentale de Aicha El Beloui, “Map of the Legend” permet au visiteur d’embrasser immédiatement l’étendue de Casablanca et d’y retrouver les différents repères historiques qui permettent de la raconter. La cinquième section est dédiée à l’aspect mémoriel, avec des œuvres dont les auteurs adhèrent à un effort collectif de “résistance à la mémoire amnésique” avec l’ambition de “garder des traces de cette ville en perpétuel mouvement où l’éphémère remplace très vite le pérenne et réciproquement”.

Le visiteur pourra y admirer notamment le travail de Fatima Mazmouz dont la série “Casablanca mon amour” est constituée de portraits d’une vingtaine de résistants dont des rues portent le nom : Zerktouni, Allal El Fassi, Roudani…., rappelant l’histoire patriotique de la ville.

L’exposition s’enrichit également par une création de Mostapha Meftah, un autre artiste qui travaille sur la mémoire. Il propose son oeuvre “Feu en Océan”, réalisée en ayant recours à la technique traditionnelle de tissage de tapis.

Zineb Andress Arraki qui collecte depuis des années sous le titre générique de Mobilogy, Questioning the usual, des fragments de Casablanca, fait partager avec le public sa série CAZAA, acronyme homonymique de la ville qui y mêle le regard particulier de l’artiste/habitante de la ville par l’adjonction de ses initiales.

Yassine Alaoui Ismaili, alias Yorias, restitue dans sa série “Casablanca Not the Movie”, en référence au film mythique Casablanca, “un rendu extrê- mement vivant, une image de rue vive, réelle où transpire le vécu”.

“Ce n’est plus l’image ressentie, fictionnalisée, mythifiée qui est capturée mais des rencontres avec la ville et ses habitants au plus proche de la réalité”, lit-on en présentation de l’exposition. L’image en mouvement participe aussi à ce répertoire essentiel à constituer.

Dans son film, CasaOneDay, Hicham Lasri confie la découverte de la ville à un enfant et un miroir. “Cet outil, réputé pour l’intransigeance de sa réflectivité révèle ici une poésie urbaine inattendue”, selon la commissaire.

L’exposition est rehaussée par une contribution de Mohamed Tangi, un collectionneur dont la passion pour Casablanca est née il y a une trentaine d’années, lorsqu’il a converti sa maison en archives de la ville. Des objets de sa collection personnelle sont exposés à cette occasion.

D’autres expositions sont prévues dans le cadre du festival Moussem Cities qui met à l’honneur tout au long du mois de février la ville de Casablanca via une programmation culturelle et artistique riche et diversifiée, dont le coup d’envoi a été donné jeudi par le ministre chargé des Marocains résidant à l’étranger et des Affaires de la migration, Abdelkrim Benatiq.

Cette programmation qui offre un regard sur la ville et son œuvre par le biais des performances de ses artistes, penseurs et créateurs, prévoit aussi des concerts, des spectacles de danse, des pièces de théâtre, des projections de films et des rencontres littéraires.


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