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Merci Corona! Adieu 2020 !

Nous avons enduré une année difficile. La pandémie a aboli pour de bon nos faiblesses et nos fragilités. Désormais, nul n’est dépourvu de sa force. Nous vivons déjà dans un monde qui nous enseigne que nous sommes des morts qui marchent, des passagers sur terre. Rien ne dure, rien n’est éternel. L’Homme tombe facilement.

Même la vie n’est rien d’autre qu’une parenthèse que nous prétendons vivre pleinement en s’y accrochant. Or l’équation est toute simple : nous sommes des candidats à la mort. Avec cette vision du monde, tu sauras apprécier chaque instant de ta vie, comme un temps éternel et décisif. Le coronavirus nous est un maître qui nous enseigne, nous instruit et nous apprend à nous réinventer. Merci Corona de nous avoir rendus plus humains que jamais. Merci de nous avoir enseigné l’art de survivre à la catastrophe, au mal. Rien n’est brouillé et rien n’est confus. Après chaque jour, c’est la vie qui passe. Car nous avons enfin appris que la vie n’est pas tributaire du temps.

C’est le temps qui est lié à la vie, à ce souffle que nous méprisions auparavant. La respiration nous était un processus biologique quasiment évident. Et maintenant ? Non, respirer c’est déjà vivre. Observons donc l’oxygène rentrer dans nos pauvres poumons, endroit de prédilection de cet ennemi invisible et pernicieux. Les bouffées d’air se succèdent et la vie persiste, bon gré mal gré. Ça s’est passé dans l’enceinte de la perfection qu’impose le chiffre 2020 ! Une année pas comme les autres. Une année qui clôt une décennie et chaque décennie dans l’histoire portait malheur à l’humanité et obstruait, comme par hasard, tous les calculs. 1989 : la chute du mur de Berlin. 2001 : les attentats du 11 septembre. 2010 : le printemps arabe. 2020 : ça on le sait tous… Ce n’est pas une manière de dire que nous sommes les victimes d’un complot qui nous télécommande, à notre insu, etc. Absolument pas. C’est une vision simpliste et archaïque, tout ça.
Merci Corona pour le vocabulaire riche et précis : le masque, la bavette, le désinfectant, le confinement, le déconfinement, l’état d’urgence, le couvre-feu. Et bien sût le mot maître : la covid-19 ! Au féminin, qui plus est. L’Académie en a décidé ainsi. Pour quelle raison ? Comme ça. C’est arbitraire le genre français. Quand les chercheurs virologues bossaient dur dans le monde entier, jour et nuit, pour arriver à une formule de laboratoire à même d’éradiquer le mal et de remédier au virus, les académiciens français décidaient du genre du virus : est-il masculin ou féminin ! Quel effort pour l’humanité ! Quelle témérité ! Nous vivons dans un monde où certains puristes pensent que la grammaire sauvera l’humanité ! Un débat byzantin ! Une recherche fallacieuse extrêmement exaspérante. Merci 2020 d’avoir été une année sabbatique. Entre les vœux de l’année dernière et ceux de cette année, il n’y a qu’un mois vécu dans la tranquillité. Nous avons gardé le même sapin et presque le même gâteau ! Rien n’est périmé. Tout est valable. Seul l’homme est expiré. Seule la durée de vie s’est expirée. Car vivre, au temps du coronavirus, c’est trop vivre. Chacun veut sauver sa peau (ses poumons ?). Notre existence se dilue à vue d’œil dans un magmas confus qui nous rend perplexes, inquiets, angoissés. Nous devenons ce que nous sommes, comme l’a si bien dit Nietzsche. Nous sommes des humains, affaiblis par notre humanité, par notre chair terrienne. L’homme est un petit rien qui remplit, e temps d’un soupir, le creux de la terre. Partout dans le monde, l’homme est un. La douleur est universelle, la maladie est universelle, la fragilité est universelle. Une excellente et parfaite ubiquité humaine. Merci Corona d’avoir tué les idoles, enterré les prétentions, amorti les egos et blessé notre narcissisme putatif.
Merci Corona d’avoir été là pour nous. Merci surtout de nous appris d’être humble devant la vie, la grande vie, la triste vie, la vie comme elle va, avec nous ou a fortiori sans nous. Car la vie continue après nous. Les réseaux sociaux sont devenus comme des cimetières numériques où les versets coraniques annoncent la mort d’un proche, d’un ami ou d’une connaissance. Les couleurs s’étiolent et le noir prend le dessus. Le deuil est désormais digital. Merci 2020 d’avoir démocratisé la mort. Celle-ci ne concernait, dans notre fausse imagination, que les autres, elle n’arrivait qu’aux autres. Corona aussi n’arrivait qu’aux autres. Chemin faisant, nous avons compris qu’il frôlait notre entourage, qu’il nous menaçait de près, qu’il s’emparait de nos poumons. Rien n’est sûr, rien n’est improbable. Le mal n’est pas si lointain.
Merci corona d’avoir démasqué les politiques et leurs décisions hâtives, au détriment du peuple. Merci d’avoir prouvé que seule la solidarité nous sauve, que seul le citoyen engagé, voire dépolitisé ou encore apolitique, fasse de la vraie politique et serve la Cité. Merci d’avoir montré que l’enseignement, la recherche et la santé, sont les vrais chevaux de bataille d’une société en progrès. Sommes-nous donc conscients de notre devoir dorénavant envers la mère patrie, envers l’homme que nous sommes et que nous serons ? Il faut miser sur l’avenir et investir dans la science. Arrêtons nos stratégies de pacotille. Les choses sont plus claires que jamais. Corona a tout éclairé et nous a désillusionnés, toutes et tous. Corona nous a soulevé de notre dormance hivernale (et estivale) pour qu’on aille de l’avant, qu’on soit plus sérieux dans notre rapport à l’autre, à l’humain, au monde, au bien, au mal… Rien n’est vain dans cette leçon de vie.
La société toute entière en apnée, en l’espoir de la reprise de la vie d’avant dépassé l’état de choc et aspire à l’avenir. Nous vivons au jour le jour et nous nous fions aux informations diffusées par les médias, pour cultiver ce même espoir. Merci corona d’éveiller nos sens occupés naguère. Aujourd’hui, on regagne notre sensibilité. On a les larmes aux yeux pour une musique entendue ou une odeur nous rappelant le temps d’avant (c’était le temps d’avant !). Ce temps que nous vivions avec beaucoup de « stress » nous paraît maintenant précieux, apaisant et euphorique. Merci corona d’avoir effondré nos repères de vie en nous chamboulant nos certitudes. Demain n’est pas sûr. C’est exactement le sens que revêt le mot « crise » : la transition, l’entre-deux, l’atemporel, le flou, l’inquiétude. Et la période de résilience n’est décidément qu’un espoir. Notre conscience du danger a été aiguisée. L’extérieur effraie. L’inquiétude est ancrée. L’homme n’est ni maître ni possesseur du monde. Les chiffres de contamination grimpe et notre peur monte avec. Mais corona nous rend responsables, rigoureux, méfiants, vigilants. Aucune nonchalance n’est permise. Seul l’engagement est citoyen. Se protéger devient crucial car ainsi nous protégeons les autres, ces autres que nous aimons. Corona nous appris à vivre dans les zones de guerre, à cohabiter avec le mal. Voilà ! On s’adapte. L’adaptation nous permet de survivre. On s’est adaptés à une situation sanitaire (physique) difficile et bouleversante et nous sommes appelés à affronter à une autre situation, à venir, celle d’une violence psychologique inouïe. L’école s’est adaptée à cet état intenable. Les jeunes écoliers se sont adaptés à ces mesures de sécurité « très adultes ». Corona nous inculque une foi inébranlable dans l’avenir que nous devons repenser d’urgence. Merci Corona, merci 2020, d’avoir fait de nous des humains, trop humains !


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