Menace silencieuse sur le numérique marocain
Ingérence numérique
Par Yassine Andaloussi
Sur le champ numérique marocain, il est de plus en plus évident que certains canaux de communication échappent au contrôle des services compétents. L’ouverture de l’espace digital, s’il favorise la créativité et la liberté d’expression, offre également un terrain fertile à des influences étrangères cherchant à exploiter les failles du système de veille numérique. Récemment, une vidéo ayant circulé sur les réseaux sociaux a mis en avant un cas préoccupant, révélant une tentative d’ingérence numérique à travers un influenceur marocain connu pour ses vidéos de divertissement au contenu peu constructif.
Selon les informations partagées, cet influenceur aurait reçu un mail provenant d’adresses identifiées comme étant d’origine qatarie et algérienne. Le contenu de ce message détaillait des directives précises à suivre, notamment sur le type de publications à diffuser, les thèmes à aborder et les zones géographiques à cibler, en l’occurrence Casablanca et Rabat. Ces consignes étaient accompagnées d’un soutien technique sous forme de BOTs algériens destinés à augmenter artificiellement la visibilité de ses contenus. Le mail mentionnait également la nécessité pour l’influenceur d’établir un rapport des résultats obtenus, suggérant ainsi une coordination directe entre l’intéressé et ses correspondants étrangers.
Cette situation met en évidence un problème plus profond, à savoir l’existence de circuits parallèles de communication utilisés par des acteurs étrangers pour s’immiscer dans l’espace numérique marocain. L’influenceur marocain se retrouve alors instrumentalisé, servant de relais involontaire ou complice pour des entités cherchant à orienter ou manipuler certaines dynamiques sociales et culturelles. L’objectif semble double, d’une part, promouvoir des contenus de faible valeur intellectuelle qui entretiennent la médiocrité et la distraction sociale, et d’autre part, créer des réseaux d’influence permettant de mesurer l’impact des opérations menées sur le public marocain.
Le fait qu’un citoyen marocain accepte de collaborer avec des entités étrangères, en particulier issues de pays entretenant des rivalités politiques ou stratégiques avec le Maroc, constitue une grave atteinte à l’éthique patriotique. Il révèle également un manque de vigilance de la part des autorités chargées du contrôle des flux numériques et des transactions commerciales en ligne. Cette faille souligne la nécessité urgente de renforcer la souveraineté numérique nationale et de mettre en place des mécanismes de supervision plus stricts concernant les partenariats entre influenceurs marocains et structures étrangères.
Au-delà de ce cas isolé, cette affaire met en lumière une stratégie plus large d’ingérence douce, où des acteurs extérieurs exploitent la popularité de certaines figures du divertissement pour influencer les perceptions collectives. En apparence anodine, cette forme d’infiltration repose sur la banalisation du contenu superficiel, la manipulation des audiences et l’injection de fonds étrangers dans le circuit médiatique marocain sans contrôle institutionnel.
Face à cette situation, il est impératif de consolider la résilience du Maroc sur le plan informationnel, de renforcer la régulation du secteur de l’influence digitale et d’encourager les créateurs de contenu à adopter une approche plus responsable et patriotique. La défense du territoire numérique du Royaume passe par la sensibilisation, la transparence et la coordination entre institutions, plateformes et citoyens. Ce n’est qu’en unissant ces efforts que le Maroc pourra préserver la crédibilité de son espace digital et empêcher toute tentative d’instrumentalisation étrangère.
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