Lutte contre la mendicité au Maroc : le CESE propose des solutions
M. Chami préconise de renforcer la résilience socio-économique des ménages pour prévenir la mendicité

LA VÉRITÉ
Éliminer la mendicité des enfants
Le président du Conseil a également souligné la nécessité d’éliminer toute forme de mendicité des enfants, en renforçant les dispositifs territoriaux de protection de l’enfance en structuration, organisation, moyens humains et matériels et veiller à leur généralisation au niveau national, outre le renforcement de la répression à l’égard des exploiteurs et trafiquants d’enfants qu’ils soient parents ou étrangers à l’enfant.
Protéger les personnes vulnérables
M. Chami recommande aussi de protéger les personnes vulnérables contre l’exploitation à des fins de mendicité, de punir sévèrement les actes délictuels et criminels sous couvert de mendicité, conformément au Code pénal, particulièrement à l’égard des exploiteurs des femmes, des personnes âgées et des personnes en situation de handicap, appelant à renforcer les politiques de protection et de soutien aux personnes en situation de handicap et âgées.
Réviser le cadre juridique
Il s’agit également de renforcer les mesures d’accompagnement et d’intégration socio-économique des populations migrantes exposées à la pratique de la mendicité par besoin ou dans le cadre de bandes organisées. Il est aussi important de réhabiliter et réinsérer les personnes en situation de mendicité, a noté.
En réponse à la difficulté de déterminer la capacité d’une personne à subvenir à ses besoins, M. Chami appelle à une révision du dispositif juridique et à l’arrêt de la pénalisation de la mendicité. Il souligne que le code pénal prend déjà en compte de nombreuses dispositions relatives aux infractions criminelles, qu’elles soient individuelles ou collectives, associées à cette activité.
Manque de données et d’études
Dans ce sens, il a relevé que la contribution du CESE propose des pistes d’actions susceptibles de contenir, voire résorber, ce phénomène dans notre société, tout en veillant à la conciliation du respect de la Constitution notamment, des droits économiques et sociaux des personnes en situation de mendicité, sans discrimination ni stigmatisation d’une part, et du respect de l’ordre et de la sécurité publics, d’autre part. M. Chami a toutefois relevé l’absence d’études et de données actualisées sur la mendicité au Maroc, ce qui constitue une contrainte majeure devant l’élaboration d’une action publique capable de lutter efficacement contre ce phénomène, notant que les constats individuels et collectifs dans ce sens révèlent l’accroissement et la prégnance du phénomène de mendicité, notamment après la pandémie du covid-19 et ses répercussions sur l’économie, l’emploi et le pouvoir d’achat.
Il a cité des facteurs de risque liés aux parcours individuels et plus largement aux environnements socio-économiques ou culturels, souvent interdépendants, qui rendent les personnes vulnérables à des degrés divers, expliquant ainsi l’hétérogénéité des profils des mendiant(e)s.
Facteurs de risque de la mendicité
Le Président du CESE a énuméré, entre autres facteurs favorisant la mendicité, la pauvreté, les difficultés d’accès au marché du travail, le veuvage, particulièrement des femmes, le divorce, l’abandon familial, le bas niveau d’éducation et de formation, le déclin de la société solidaire, l’état sanitaire (état de santé – physique et mentale, handicap), ainsi qu’une prédisposition culturelle des citoyens à faire preuve de charité. Face au défi persistant de la mendicité, le dispositif national actuel de lutte contre la mendicité s’avère peu efficace, a estimé M. Chami, précisant qu’en termes de prévention, les programmes sociaux de lutte contre la pauvreté et la précarité, vu leur nature fragmentée, leurs approches de ciblage et leurs modalités de mise en œuvre, ne parviennent pas à compenser de manière suffisante et pérenne, les effets néfastes de la pauvreté sur les populations les plus démunies, qui demeurent souvent hors de leur champ d’intervention.
Réforme du système de protection sociale
Il a évoqué, dans ce cadre, la réforme du système de protection sociale et le grand défi que ce chantier est appelé à relever, en matière de sa gouvernance et de son ciblage, notamment en ce qui concerne la généralisation de l’assurance maladie obligatoire et les aides sociales directes, pour lutter contre les différentes sources de vulnérabilité sociale, y compris les facteurs pouvant amener à la mendicité.