Lute contre la désertification: La Déclaration d’Abidjan trace les ambitions du continent
LA VÉRITÉ
Les travaux de la 10è session de la Conférence Ministérielle Africaine sur l’Environnement (CMAE) ont été sanctionnés, vendredi à Abidjan, par l’adoption d’un Document final baptisé « Déclaration d’Abidjan sur les ambitions de l’Afrique en matière de lutte contre la désertification, la dégradation des terres et la sécheresse ».
A travers ce document, les ministres africains de l’environnement réunis les 5 et 6 septembre courant dans la capitale économique ivoirienne, ont réitéré leur appel en faveur de la création d’un protocole juridiquement contraignant sur la gestion de la sécheresse et le renforcement de la résilience dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, en particulier en Afrique.
Ils ont de même préconisé l’établissement et la consolidation de partenariats mondiaux et régionaux, y compris avec les États, les organisations internationales, la société civile, les universités, les populations locales et le secteur privé, par le truchement d’un appui financier et technique à l’Afrique, afin de lutter contre ces enjeux environnementaux majeurs.
Le développement est la solution adéquate
Les responsables africains se sont prononcés également en faveur de l’engagement des États membres à consacrer davantage de ressources nationales à la lutte contre la désertification et à l’atténuation des effets de la sécheresse, tout en renforçant la résilience des populations et des écosystèmes grâce à une gestion durable des terres.
De même, ils ont exhorté les États membres à œuvrer en faveur de la neutralité en matière de dégradation des terres d’ici à 2030, tout en les engageant à insérer cet objectif dans les plans et politiques nationaux de développement.
Ils ont mis en lumière la pertinence d’un engagement des États membres, des communautés économiques régionales, de l’Union africaine (UA) et des partenaires de développement pour s’attaquer, par le biais d’approches de développement intégrées et inclusives, aux facteurs socioéconomiques de la désertification, de la dégradation des terres et de la sécheresse, notamment la pauvreté, la pression démographique et les systèmes fonciers inadéquats.
Les conférenciers ont préconisé la promotion de la coopération régionale et l’échange d’informations, de connaissances, de technologies, d’innovations et de meilleures pratiques entre les États membres afin d’améliorer l’efficacité des stratégies de gestion durable des terres et de parvenir à la neutralité en matière de dégradation des terres.
Tout le monde est concerné
En outre, ils ont souligné l’importance de continuer à renforcer les partenariats privés et publics et les mécanismes de financement innovants et à établir des centres pour exploiter durablement le capital naturel et la valeur ajoutée, et à inverser la dégradation de l’environnement.
Ils encouragent les États membres à faire participer activement toutes les parties prenantes concernées, notamment les femmes, les jeunes, les personnes handicapées, et les populations locales, dans la prise de décisions, la conception, la planification, la mise en œuvre et l’évaluation des processus liés à la désertification, à la dégradation des sols et à la sécheresse, ainsi que la remise en état des écosystèmes.
Dans la même lignée, ils ont sollicité le secrétariat de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, à la faveur d’une mobilisation des ressources financières nouvelles, supplémentaires et suffisantes pour appuyer les États membres, et du renforcement de leurs accès aux mécanismes financiers mondiaux pour faire face aux effets néfastes des changements climatiques et de l’appauvrissement de la biodiversité.
Ils ont aussi exhorté les institutions financières, notamment les banques multilatérales de développement à fournir des ressources financières nouvelles, supplémentaires et innovantes afin de permettre aux États membres de répondre à leurs besoins en matière de restauration des écosystèmes et de résilience à la sécheresse.
Les initiatives africaines
Les ministres africains de l’environnement ont, de même, sollicité nombre d’organisations internationales concernées, d’autres partenaires de développement, ainsi que le secteur privé à fournir aux États membres un appui technique et financier, outre le renforcement des capacités pour lutter contre la sécheresse, améliorer la résilience des populations et des écosystèmes et pour assurer une gestion durable des terres.
Dans le même sillage, les conférenciers ont exhorté la BAD, la Commission de l’Union africaine, l’Agence du Nouveau Partenariat pour le développement (NEPAD) de l’Afrique de l’Union africaine, en collaboration avec le PNUE, à soutenir les travaux de la CMAE, en particulier dans les domaines des changements climatiques, de la biodiversité, de la pollution, de la sécheresse, de la dégradation des sols, de la désertification et de la gouvernance environnementale.
Ils ont aussi invité les États membres à appuyer davantage les initiatives africaines actuellement menées sur les marchés du carbone, telles que l’Initiative pour le marché du carbone en Afrique lancée lors de la 27è Conférence des Parties tenue en 2022 en Égypte, et la Stratégie de l’UA sur les marchés du carbone.
Ils ont, par la même occasion, salué le travail mené par le Groupe de l’Afrique à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification pour continuer à renforcer les positions et la voix communes du Continent lors des négociations de la 16è session de la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, y compris sur la nécessité d’élaborer un protocole sur le renforcement de la résilience à la sécheresse.
Travailler de manière concertée
Les ministres ont également loué le travail du Groupe de l’Afrique de négociateurs sur la pollution plastique, le sollicitant à continuer à renforcer la position commune de l’Afrique, en tenant compte des intérêts de tous les États du Continent lors des prochaines échéances dédiées aux questions environnementales.
Ils ont invité les Groupes africains de négociateurs sur les changements climatiques, la lutte contre la désertification, la pollution plastique et la biodiversité à travailler de manière concertée pour développer des stratégies visant à lutter contre les changements climatiques et à présenter un rapport à ce sujet lors de la 20è session ordinaire de la CMAE.
Sur un autre registre, ils ont déclaré avoir pris note notamment du rôle actif et de l’action des principaux groupes et parties prenantes, de la société civile et du secteur privé dans la lutte contre la dégradation des terres, la désertification et la sécheresse et la protection de l’environnement du Continent, tout en les exhortant à continuer de participer activement.
Placée sous le thème « renforcer les ambitions de l’Afrique pour réduire la dégradation des terres, la désertification et la sécheresse » la 10è session extraordinaire de la CMAE a rassemblé d’éminentes personnalités, dont des responsables gouvernementaux, des représentants d’organisations internationales, des experts issus de plusieurs pays dont le Maroc, ainsi que des acteurs de la société civile.