L’Union Africaine doit exclure le Polisario
Par Yassine Andaloussi
L’Afrique se trouve à un moment décisif de son histoire contemporaine. Le continent cherche à s’imposer comme une force politique cohérente, capable de défendre ses intérêts et de parler d’une seule voix sur la scène internationale. Pourtant, une anomalie continue de fragiliser cette ambition, celle de la présence du mouvement séparatiste du Polisario au sein de l’Union africaine. Cette situation, héritée d’un autre âge, contredit les principes fondateurs de l’organisation et affaiblit sa crédibilité.
L’admission du Polisario à l’Organisation de l’unité africaine en 1984 reste un tournant controversé. Elle fut le produit d’un contexte marqué par la guerre froide et par des choix politiques guidés davantage par l’idéologie que par le droit. L’organisation, divisée entre blocs rivaux, accueillit alors une entité sans reconnaissance internationale et sans existence étatique réelle. Le Maroc refusa de cautionner cette entorse au principe de souveraineté et quitta l’organisation dans un geste de cohérence et de dignité nationale.
Quarante ans plus tard, cette anomalie persiste alors même que l’Afrique a profondément changé. Le continent n’est plus prisonnier des rivalités de l’époque. Il aspire à l’intégration, à la coopération économique et à la stabilité régionale. La présence du Polisario dans les institutions africaines maintient une fracture qui ne correspond plus à la réalité politique du continent.
Le Maroc, revenu au sein de l’Union africaine en 2017, a choisi la voie du dialogue, du développement et du partenariat. Sa politique africaine repose sur la coopération concrète dans les domaines de l’énergie, de l’agriculture, de la formation et des infrastructures. Cette approche a transformé la perception du dossier du Sahara dans de nombreux pays.
Plus de cent États à travers le monde, dont une majorité africaine, soutiennent aujourd’hui le plan d’autonomie proposé par le Maroc. Ce plan est reconnu par la communauté internationale comme une solution sérieuse, réaliste et crédible. Près de trente consulats africains ont ouvert leurs portes dans les villes de Laâyoune et de Dakhla, affirmant ainsi un soutien diplomatique clair à la souveraineté marocaine. Le consensus s’élargit chaque année, confirmant que la voie de la stabilité passe par l’unité territoriale et non par la fragmentation.
Sur le plan sécuritaire, le continent fait face à une autre menace, celle du terrorisme qui ravage la région du Sahel. Près de la moitié des morts liés au terrorisme dans le monde sont aujourd’hui enregistrés dans cette zone selon le Global Terrorism Index. Les groupes armés affiliés à Al-Qaïda, à l’État islamique et à leurs filiales sahéliennes profitent des failles institutionnelles, de la pauvreté et du manque de coordination sécuritaire.
Les réseaux de trafic d’armes, de carburant et de ressources minières alimentent cette violence et favorisent l’expansion des groupes terroristes. Plusieurs rapports internationaux évoquent l’existence de circuits illicites transitant à proximité des camps de Tindouf où opère le Polisario. Ces zones échappent à tout contrôle international effectif. Des inquiétudes persistantes entourent les activités économiques parallèles et les mouvements d’armes légères dans cette région sensible. Même si ces accusations nécessitent des enquêtes approfondies, elles soulèvent une question majeure. L’Afrique peut-elle prétendre combattre le terrorisme tout en maintenant au sein de son organisation continentale une entité implantée dans une zone où circulent armes, trafiquants et combattants ?
L’Union africaine ne peut pas défendre la paix et la stabilité tout en abritant des structures dépourvues de légitimité étatique. Le maintien du Polisario constitue une faiblesse politique et une incohérence sécuritaire. Le continent a besoin d’une Union forte, fondée sur le droit international et sur la reconnaissance mutuelle des États souverains.
L’Afrique ne gagnera pas sa bataille contre le terrorisme sans couper les circuits d’approvisionnement en armes et en ressources financières. Se débarrasser des relais indirects de ces trafics revient à renforcer la sécurité collective. Exclure le Polisario de l’Union africaine, c’est consolider la lutte contre les réseaux armés qui menacent la région sahélo-saharienne. C’est aussi réaffirmer le principe d’intégrité territoriale et restaurer la cohérence institutionnelle du continent.
Le futur de l’Afrique appartient aux nations qui choisissent la stabilité, la coopération et la responsabilité. Les divisions héritées du passé n’ont plus leur place dans le nouveau paysage géopolitique africain. La véritable union ne peut se bâtir qu’entre États légitimes, animés par une volonté commune de progrès.
Mettre fin à la présence du Polisario au sein de l’Union africaine signifie tourner la page d’un passé idéologique et ouvrir celle d’un avenir fondé sur le réalisme et la paix. Cette décision serait un acte de maturité politique et une affirmation de souveraineté collective.
L’Afrique a désormais l’opportunité de se réconcilier avec elle-même. Elle peut choisir la clarté plutôt que l’ambiguïté, la légitimité plutôt que l’idéologie, la stabilité plutôt que la division. En excluant le Polisario, l’Union africaine affirmerait son indépendance, renforcerait sa crédibilité et prouverait qu’elle sait défendre l’intérêt supérieur du continent.
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