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L’UM6P et NAAREA : Alliance stratégique pour former la génération nucléaire de demain

LA VÉRITÉ


Dans le paysage académique et technologique marocain, une nouvelle alliance attire l’attention. L’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) et la startup française NAAREA ont décidé de conjuguer leurs forces pour préparer le Maroc à une ère où l’énergie nucléaire ne sera plus un tabou mais une compétence stratégique. Au-delà d’une simple coopération universitaire, c’est tout un projet de souveraineté scientifique et énergétique qui se dessine, à la croisée des enjeux climatiques, industriels et géopolitiques.

NAAREA, jeune entreprise française née en 2020, s’est imposée comme l’un des symboles européens de la recherche appliquée sur les micro réacteurs de quatrième génération. Son objectif est audacieux : développer un petit réacteur modulaire capable de produire à la fois de l’électricité et de la chaleur en recyclant les déchets nucléaires existants. Une technologie présentée comme plus sûre, plus propre et plus flexible, qui pourrait révolutionner les modèles de production énergétique, notamment pour les zones industrielles isolées. En s’associant à l’UM6P, NAAREA entend ouvrir un nouveau front de coopération avec l’Afrique, dans un domaine longtemps réservé aux grandes puissances.

Pour le Maroc, le choix de l’UM6P n’a rien du hasard. L’université de Benguerir, adossée au groupe OCP, s’est imposée en quelques années comme un pôle d’excellence africain dans la recherche scientifique et la formation d’ingénieurs. Ses écoles spécialisées, ses laboratoires et ses partenariats internationaux lui permettent de jouer un rôle d’interface entre savoir et innovation. En s’engageant dans la formation nucléaire, l’université franchit un pas supplémentaire vers la maîtrise des filières technologiques d’avenir. Ce partenariat permettra l’échange d’étudiants, la mobilité de professeurs, des programmes conjoints de recherche appliquée ainsi que la création de modules dédiés à la physique nucléaire et aux réacteurs de nouvelle génération dès la rentrée 2025-2026.

L’enjeu dépasse de loin le cadre universitaire. Depuis plusieurs années, le Maroc explore discrètement la possibilité d’intégrer l’énergie nucléaire civile dans sa stratégie énergétique. L’objectif n’est pas d’ériger demain une centrale mais de bâtir dès aujourd’hui un socle de compétences locales capables d’en comprendre et d’en maîtriser les mécanismes. Dans un contexte où la transition énergétique s’accélère, disposer de spécialistes marocains formés dans le nucléaire représente une garantie d’autonomie scientifique et de crédibilité internationale. À l’heure où le pays mise sur le solaire, l’éolien, l’hydrogène vert et la décarbonation industrielle, la diversification des sources de formation prend tout son sens.

Cette coopération intervient toutefois dans un contexte contrasté. NAAREA, bien que pionnière dans son domaine, traverse une période délicate sur le plan financier. L’entreprise a été placée récemment en redressement judiciaire en France après plusieurs mois de tensions sur ses financements. Cette situation ne remet pas forcément en cause la pertinence scientifique du projet mais rappelle combien la filière nucléaire demeure exigeante, coûteuse et soumise à des impératifs de régulation et de sécurité très stricts. Pour l’UM6P, ce partenariat se veut d’abord une opportunité de transfert de savoir et d’ouverture vers les technologies de rupture en prenant le temps nécessaire pour ancrer la recherche dans la durée.

L’expérience de l’université dans la collaboration avec des acteurs industriels majeurs constitue d’ailleurs un atout. Elle a déjà mené des programmes conjoints avec des entreprises internationales spécialisées dans l’ingénierie, la physique appliquée et la sécurité énergétique. Ce modèle d’écosystème intégré reliant formation, recherche et industrie permet au Maroc d’occuper une place singulière sur le continent africain. Avec NAAREA, il s’agit désormais d’élargir ce modèle à un secteur de pointe où très peu de pays africains disposent encore d’une expertise interne.

À travers cette alliance, le Maroc confirme sa volonté de s’inscrire parmi les nations capables de penser leur avenir énergétique à long terme. L’UM6P, par cette ouverture vers la science nucléaire, illustre la vision royale d’un pays qui investit dans la connaissance, la recherche et la jeunesse pour garantir sa souveraineté technologique. Si le défi est immense, il trace déjà une trajectoire claire : celle d’un Royaume qui ne se contente plus de consommer les innovations des autres mais prépare les siennes, avec méthode et ambition.


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