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L’ONU confrontée à des coupures de cotisations de ses États membres

Par Yassine Andaloussi


L’Organisation des Nations unies (ONU), fondée en 1945 pour préserver la paix et favoriser la coopération internationale, traverse aujourd’hui une crise financière structurelle. Cette fragilité découle des retards ou coupures de cotisations de plusieurs États membres, qui alimentent le budget ordinaire et les opérations de maintien de la paix. Ces contributions sont essentielles au fonctionnement de l’organisation, qui agit sur des fronts aussi variés que l’humanitaire, le développement durable, les droits humains ou la sécurité internationale.

Le Secrétaire général, António Guterres, a tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises, avertissant que les caisses de l’organisation « se vident dangereusement » et que de nombreuses missions risquent d’être paralysées faute de ressources. Cette situation menace directement la crédibilité et la capacité d’action d’une institution déjà confrontée à la montée des tensions géopolitiques et au désengagement multilatéral.

Parmi les pays qui retardent ou réduisent leurs contributions figurent des acteurs majeurs. Les États-Unis, premier contributeur au budget onusien (près de 22 % du total), ont plusieurs fois gelé leurs versements en réaction à des désaccords politiques avec certaines agences, notamment sur la question palestinienne, les droits reproductifs ou le financement de l’UNRWA et de l’OMS.
D’autres pays, tels que le Brésil, le Nigéria, l’Argentine ou encore le Pakistan, subissent des difficultés économiques qui limitent leur capacité à honorer leurs engagements. À cela s’ajoutent des États qui utilisent la cotisation comme levier diplomatique, conditionnant leur participation financière à des réformes internes ou à un alignement des priorités de l’organisation avec leurs intérêts nationaux.

Ces comportements traduisent une tendance inquiétante, la politisation du financement de l’ONU, qui affaiblit son indépendance et remet en cause le principe de solidarité internationale qui en constitue le fondement.

Les coupures et retards de financement entraînent déjà des répercussions concrètes sur le fonctionnement de l’organisation. Plusieurs agences et programmes ont été contraints de réduire leur personnel, de ralentir leurs opérations humanitaires ou de geler certaines missions de maintien de la paix. Le manque de liquidités retarde également le paiement des salaires et compromet la planification des projets à long terme.

Sur le plan politique, cette crise financière risque de miner la légitimité morale et institutionnelle de l’ONU. Une organisation dépendante de la bonne volonté des États perd en neutralité et en autorité, surtout dans un contexte où le multilatéralisme est fragilisé par la montée des puissances régionales et la compétition stratégique entre grandes nations.

Si la tendance se poursuit, l’ONU pourrait se voir reléguée à un rôle symbolique, incapable d’agir efficacement dans les crises internationales. Cela ouvrirait la voie à un monde davantage fragmenté, dominé par les logiques de blocs et les alliances ponctuelles loin de l’esprit de coopération qui avait inspiré sa création.


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