Législatives 2026 : Le Maroc entre rêves mondiaux et réalités locales

À l’approche des législatives de 2026, le Maroc semble pris dans un mouvement à deux vitesses. D’un côté, l’élan national suscité par l’organisation conjointe de la Coupe du Monde 2030, événement historique qui promet de projeter le Royaume sous les projecteurs du monde. De l’autre, une réalité quotidienne plus rude, faite d’inflation persistante, de chômage endémique chez les jeunes et d’un sentiment d’épuisement démocratique qui mine la participation électorale.
Le pays se projette avec audace sur la scène mondiale, mais porte encore en lui les urgences de son quotidien. Dans les villes, les files d’attente à la CAF se rallongent. Dans les campagnes, les attentes d’eau, d’école ou d’emploi s’accumulent. Et dans les esprits, surtout parmi les jeunes, la confiance dans les institutions s’effrite. Le scrutin de 2021, bien que marqué par un taux de participation officiel de 50,35 %, avait révélé un désengagement alarmant des électeurs urbains, notamment les moins de 35 ans, avec des taux réels parfois inférieurs à 30 % dans les grandes villes. Ce n’était pas seulement un chiffre : c’était un signal.
Dans ce contexte tendu, même les secteurs traditionnellement porteurs, comme l’immobilier, n’échappent plus à la défiance. Malgré les réformes fiscales, les aides à l’achat et les annonces d’encadrement foncier, la réalité reste marquée par un accès au logement de plus en plus difficile, des inégalités territoriales et un climat d’incertitude chez les investisseurs, y compris parmi les Marocains du monde. La question du logement, longtemps considérée comme un moteur de stabilité sociale, devient elle aussi un terrain de crispation.
Pourtant, ce n’est pas le rêve mondialiste qu’il faut blâmer. Il peut au contraire devenir un levier de cohésion, un moteur de fierté. À condition de ne pas oublier que les grands chantiers ne sont rien sans la main tendue au quotidien. Si les partis misent sur l’euphorie du Mondial pour séduire, encore faut-il qu’ils parlent vrai. Que leurs promesses soient crédibles. Que leurs projets soient ancrés dans la vie des Marocains et non dans les seules tribunes médiatiques.
Cette élection n’est pas simplement un rendez-vous institutionnel. Elle est un test de maturité démocratique. Un moment de vérité pour les candidats comme pour les électeurs. Elle dira si le Maroc peut réconcilier sa trajectoire internationale avec sa base sociale, son ambition stratégique avec sa réalité humaine. Car accueillir le monde, c’est bien. Mais répondre à son peuple, c’est essentiel.