Lecornu face au défi de la survie politique : un gouvernement technique sous tension
Objectif : stabilité budgétaire face à une situation politique instable en France
Par Fayçal El Amrani
Dès sa nomination surprise, Sébastien Lecornu cherche à bâtir un gouvernement fondé sur la compétence technique plutôt que sur l’équilibre partisan. Confronté à des délais constitutionnels serrés et à des tensions internes, il mise sur un casting gouvernemental neutre pour garantir sa survie politique. En plaçant des profils issus de la haute administration et de la société civile, il espère calmer les oppositions et rallier suffisamment de soutiens pour faire adopter le Budget 2026.
Un gouvernement de techniciens, une rupture affichée avec l’ère Macron
Ensuite, Lecornu compose un exécutif marqué par la sobriété politique. Il confie le ministère de l’Intérieur à Laurent Núñez, ancien préfet de police de Paris, et maintient la parité hommes-femmes. Il écarte les figures clivantes, comme Manuel Valls, pour privilégier la stabilité et la compétence. Cette orientation traduit une volonté de rompre avec la logique présidentielle précédente, tout en préservant un équilibre entre continuité institutionnelle et renouveau politique.
Crise ouverte avec Les Républicains
Cependant, cette stratégie déclenche une tempête à droite. Le parti Les Républicains (LR) annonce l’exclusion immédiate de six de ses membres ayant accepté un portefeuille ministériel dans le gouvernement Lecornu 2 : Annie Genevard, Rachida Dati, Vincent Jeanbrun, Philippe Tabarot, Sébastien Martin et Nicolas Forissier. Dans un communiqué transmis à l’AFP, la direction du parti déclare que « les membres LR qui ont accepté d’entrer au gouvernement ne peuvent plus se réclamer des Républicains ».
Cette décision renforce la fracture entre les députés LR, plus ouverts à la participation gouvernementale, et les sénateurs restés fidèles à la ligne dure de Bruno Retailleau, ex-ministre de l’Intérieur. Cette exclusion accentue l’isolement politique de Lecornu, déjà contraint de gouverner sans majorité claire à l’Assemblée nationale.
Enfin, la mission immédiate du Premier ministre reste de faire adopter le Budget, condition essentielle pour la stabilité de son gouvernement. Ses alliés affirment que « le gouvernement doit être nul en ambitions personnelles, fort sur les résultats ». Mais l’équilibre reste fragile : une seule motion de censure ou le retrait d’un appui clé pourrait précipiter sa chute.
Sébastien Lecornu incarne aujourd’hui un pari audacieux : gouverner par la méthode, non par la force politique. En misant sur la neutralité et la compétence technique, il tente de redonner à la France une gouvernance pragmatique, détachée des clivages partisans. Pourtant, la crise ouverte avec Les Républicains révèle la fragilité d’un exécutif qui cherche encore son souffle dans un paysage politique éclaté.
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