Leçons de Madagascar pour le mouvement GenZ212
Par Yassine Andaloussi
L’évolution politique de Madagascar, marquée par la dérive d’un mouvement de contestation vers un opportunisme militaire, illustre les risques auxquels tout mouvement citoyen peut être confronté lorsqu’il perd le contrôle de sa dynamique interne. Ce précédent mérite aujourd’hui toute l’attention du mouvement GenZ212 au Maroc, dont les aspirations au changement, bien que légitimes, doivent s’accompagner d’une vigilance stratégique.
À Madagascar, la transition d’un mouvement social pacifique à une prise de pouvoir militaire a démontré la fragilité des équilibres politiques en contexte de tension. Les revendications initiales, centrées sur la justice sociale et la gouvernance, ont été progressivement récupérées par des forces opportunistes, aboutissant à une crise politique prolongée et à un affaiblissement des institutions.
Cet exemple montre qu’un mouvement, aussi sincère soit-il, peut devenir l’instrument involontaire de déstabilisation, si ses leaders n’imposent pas une ligne claire et des garde-fous contre les influences extérieures.
Le Maroc se distingue par une architecture institutionnelle singulière, reposant sur Imarat Al Mouminine et la monarchie constitutionnelle, qui constituent le socle de la stabilité politique et de la cohésion nationale. Cependant, dans un contexte mondial marqué par la montée des populismes et des mouvements de rupture, plusieurs organisations, souvent animées par des intérêts extérieurs, voient dans tout mouvement de jeunesse un vecteur potentiel de déconstruction du modèle marocain.
Le mouvement GenZ212 s’inscrit dans un environnement social en mutation, porté par une jeunesse connectée, éduquée et exigeante. Cette génération exprime une volonté légitime de transparence, d’équité et de réformes structurelles. Mais cette dynamique, si elle n’est pas encadrée par une vision patriotique et une compréhension des équilibres du pays, pourrait être exploitée par des acteurs souhaitant fragiliser la légitimité monarchique.
À cet égard, certaines informations circulant sur les réseaux sociaux méritent réflexion. Selon des bruits de couloir persistants, l’un des administrateurs du mouvement sur la plateforme Discord, connu sous le pseudonyme « Ury », serait un citoyen résidant à New York. Cette donnée interroge? comment un individu vivant à des milliers de kilomètres du Maroc peut-il consacrer autant de temps et d’énergie à administrer un mouvement de contestation ? Une telle implication laisse penser que les motivations pourraient dépasser le cadre des revendications sociales locales, et traduire des intérêts idéologiques ou politiques plus larges.
Le Royaume dispose d’atouts considérables pour s’affirmer comme puissance régionale émergente? stabilité institutionnelle, diplomatie intelligente, réformes économiques et ambition africaine. Cependant, ces atouts peuvent être compromis si les revendications sociales glissent vers un affrontement politique global.
L’enjeu pour GenZ212 n’est donc pas de contester la monarchie, mais de proposer un projet d’amélioration nationale fondé sur la sincérité, la crédibilité et l’efficacité. Un tel mouvement, conscient de ses responsabilités, pourrait devenir une force d’équilibre plutôt qu’un facteur de division.
L’expérience malgache montre que les dérives ne naissent pas toujours d’intentions malveillantes, mais souvent d’un manque de discernement collectif. Pour le Maroc, où la stabilité repose sur un pacte social et religieux ancien, toute contestation doit s’inscrire dans un cadre réformateur et non subversif.
Sans monarchie, il n’y a ni garantie de continuité institutionnelle, ni espace pour construire une justice sociale durable. Le véritable défi du mouvement GenZ212 est donc de réconcilier engagement citoyen et loyauté nationale, en veillant à ce que la quête de justice ne devienne pas le prétexte à la déstabilisation.
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