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L’eau, cet or bleu de plus en plus rare : Un cri d’alarme résonne de New York à Bruxelles

Par Mohammed Taoufiq Bennani


Notre planète fait face à une menace grandissante qui pèse directement sur notre survie : la rareté de l’eau. Le mercredi 4 juin, António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, a lancé, depuis le siège des Nations Unies à New York, un appel urgent pour une action concertée. Il a souligné la menace croissante de la désertification et des sécheresses qui touchent de nombreuses régions du monde. Presque au même moment, à Bruxelles, la Commission européenne dévoilait sa nouvelle stratégie pour renforcer la résilience du secteur de l’eau. Ces deux initiatives, bien que distinctes, résonnent comme un double avertissement face à une crise hydrique qui s’intensifie sous l’effet du changement climatique.

 

L’appel pressant de l’ONU face aux sécheresses

Le constat dressé par l’ONU est sans appel. Plusieurs parties du globe subissent de plus en plus les assauts de la désertification et des sécheresses. António Guterres exhorte les gouvernements, les entreprises et même les populations locales à agir. Il demande que les engagements mondiaux en faveur de l’utilisation durable des terres soient respectés et que les efforts soient redoublés. En effet, la dégradation des terres causée par les activités humaines se poursuit à un rythme alarmant. Selon l’ONU, cette dégradation coûte près de 880 milliards de dollars à l’économie mondiale chaque année. De plus, les sécheresses ont des conséquences humaines dramatiques. Elles forcent les populations à fuir et aggravent l’insécurité alimentaire. António Guterres rappelle que le nombre de personnes déplacées n’a jamais été aussi élevé depuis des années.

 

La restauration des terres comme solution

Face à ce défi, l’ONU propose une voie : la restauration des terres dégradées. António Guterres estime que cette action offre de nombreux avantages. Elle représente notamment un excellent retour sur investissement. Par ailleurs, elle peut aider à réduire la pauvreté, créer des emplois, et surtout, préserver les ressources en eau. La restauration des terres permet également de protéger la production alimentaire et d’améliorer les droits fonciers et les revenus, en particulier pour les petits exploitants agricoles et les femmes. Dès lors, António Guterres insiste sur la nécessité d’enrayer la dégradation de l’environnement et d’augmenter les financements. Il souligne l’importance de mobiliser les investissements du secteur privé pour la restauration des terres.

 

L’Europe sous tension hydrique

Pendant ce temps, en Europe, la situation de l’eau est également préoccupante. La commissaire européenne Jessika Roswall a souligné que “les phénomènes météorologiques extrêmes soumettent l’eau à une pression considérable”. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : aujourd’hui déjà, 30% des terres européennes sont confrontées à une pénurie d’eau chaque année. Elle a rappelé que “notre avenir dépend de la façon dont nous gérons notre eau dès aujourd’hui”. C’est dans ce contexte que l’Union européenne a dévoilé sa stratégie pour renforcer la sécurité en eau.

 

Une stratégie européenne en trois volets

Pour relever ce défi, la stratégie de l’UE s’articule autour de trois objectifs clés. Tout d’abord, elle vise à protéger le cycle de l’eau, “de la source à la mer”. Cela implique d’améliorer la rétention d’eau sur les terres et de prévenir efficacement la pollution de l’eau. Elle s’attaque également aux polluants présents dans l’eau potable. Cette première étape cherche à réparer un cycle de l’eau qui est actuellement perturbé.

 

Efficacité et lutte contre le gaspillage

Par la suite, la stratégie européenne ambitionne de stimuler la compétitivité et d’attirer les investissements dans le secteur de l’eau de l’UE, un secteur stratégique qui génère plus de 107 milliards d’euros par an. La Commission a publié une recommandation essentielle sur l’efficacité de l’eau. Elle fixe un objectif clair : améliorer l’efficacité de l’eau dans l’UE d’au moins 10% d’ici à 2030. Jessika Roswall a affirmé que ce 10% était le “minimum possible”. Les États membres sont encouragés à fixer leurs propres objectifs, adaptés à leur situation nationale et territoriale. L’amélioration peut passer par la réduction des prélèvements ou l’amélioration des infrastructures. En effet, Bruxelles insiste sur le problème des canalisations défaillantes dans le vieux continent. Selon les États membres, les pertes de ressource peuvent varier considérablement, de 8% à 57%.

 

Sensibilisation et coopération renforcée

Enfin, le troisième volet de la stratégie met l’accent sur la sensibilisation. La Commission souligne le rôle crucial des consommateurs et des entreprises pour économiser l’eau au quotidien. Elle encourage aussi l’échange de bonnes pratiques entre les acteurs. Pour aider les États membres à atteindre ces objectifs, l’UE met à leur disposition des outils. Des dialogues structurés seront organisés avec tous les États membres. De même, des échanges réguliers sont prévus avec les régions, les villes et les autorités responsables de l’eau. Ces plateformes visent à promouvoir les meilleures pratiques, identifier les défis de mise en œuvre et encourager la coopération transfrontalière. La commissaire Roswall a résumé l’objectif : “devenir une économie intelligente en matière d’eau et garantir une eau propre et abordable pour tous”.

 

Innovation et financement

La stratégie européenne propose également des actions concrètes. Un plan d’action sur la numérisation dans le secteur de l’eau est prévu. Il intégrera l’intelligence artificielle et les compteurs intelligents pour mieux détecter les fuites. Par ailleurs, l’UE renforce ses systèmes de surveillance en temps réel et d’alerte rapide pour les inondations et les sécheresses. En matière de pollution, l’exécutif européen travaille sur une initiative publique-privée pour mieux détecter et éliminer les PFAS, ces “polluants éternels”. D’autre part, la Banque européenne d’investissement (BEI) joue un rôle clé dans le financement. Elle lancera un nouveau programme pour l’eau et une facilité consultative pour l’eau durable. La BEI prévoit de fournir plus de 15 milliards d’euros de financement entre 2025 et 2027.

 

Un défi mondial qui appelle à l’action

En somme, qu’il s’agisse de l’appel pressant de l’ONU face aux sécheresses mondiales ou de la stratégie détaillée de l’UE pour renforcer sa résilience hydrique, le message est clair : la crise de l’eau est une urgence. Les solutions passent par la protection des écosystèmes, l’amélioration drastique de l’efficacité de l’utilisation de l’eau, la sensibilisation de tous, l’innovation technologique et des investissements massifs. Ces initiatives démontrent une prise de conscience nécessaire. Cependant, leur succès dépendra de la rapidité et de la détermination avec lesquelles elles seront mises en œuvre à tous les niveaux. L’avenir de cette ressource vitale est en jeu. Saurons-nous agir de manière suffisamment concertée pour garantir que l’eau reste une ressource accessible et suffisante pour tous, avant qu’il ne soit trop tard ?


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