[ after header ] [ Mobile ]

[ after header ] [ Mobile ]

Le Royaume-Uni abandonne le projet Xlinks : une opportunité reconfigurée pour le Maroc

LA VÉRITÉ


C’est une décision inattendue qui vient rebattre les cartes de la coopération énergétique entre le Royaume-Uni et le Maroc. Le gouvernement britannique a officiellement annoncé le retrait de son soutien au projet Xlinks, méga-infrastructure énergétique qui visait à transporter de l’électricité solaire et éolienne marocaine vers le Royaume-Uni via un câble sous-marin de plus de 4.000 kilomètres. L’objectif initial : alimenter jusqu’à 7 millions de foyers britanniques en énergie verte à partir de 2030.

 

Dans une déclaration ministérielle transmise à la Chambre des Communes, les autorités britanniques affirment que le projet « ne s’aligne pas de manière claire avec la stratégie énergétique nationale actuelle », axée désormais sur des sources locales de production. Le gouvernement cite également « des risques opérationnels, logistiques et de sécurité » pour justifier sa décision.

Cette volte-face surprend, d’autant plus que le projet Xlinks avait été qualifié dès 2023 de “projet d’importance nationale” par les autorités britanniques elles-mêmes. L’entreprise promotrice, Xlinks Ltd, portait un plan ambitieux : construire dans la province de Tan-Tan, au sud-ouest du Maroc, un vaste complexe solaire et éolien, couplé à des systèmes de stockage par batteries, pour produire 3,6 GW d’électricité verte. Un projet stratégique qui aurait permis de couvrir environ 8 % des besoins énergétiques britanniques, tout en réduisant les émissions de CO₂ du secteur électrique de 10 %.

 

« Nous sommes extrêmement surpris et profondément déçus », a réagi Dave Lewis, président de Xlinks, dans un communiqué. « Ce projet est techniquement faisable, financièrement compétitif et bénéfique pour les deux parties. Nous continuons de croire en son potentiel. »

 

Le retrait du Royaume-Uni s’inscrit dans une reconfiguration plus large de sa politique énergétique. Face aux incertitudes géopolitiques et aux besoins de relance industrielle, le gouvernement britannique privilégie désormais le développement massif de l’énergie nucléaire nationale, à laquelle il a récemment alloué plus de 30 milliards de livres. Le pays reste cependant un leader européen dans l’éolien – en particulier en mer – mais ambitionne désormais de relocaliser ses productions pour renforcer sa sécurité énergétique.

 

Cette décision intervient alors même que le Royaume-Uni poursuit ses engagements climatiques, visant une réduction de 81 % de ses émissions d’ici à 2035 par rapport à 1990, et la neutralité carbone en 2050.

Et maintenant, quelle voie pour Xlinks ?

 

Si Londres ferme une porte, d’autres pourraient s’ouvrir. Le Maroc, riche de son ensoleillement, de ses vents constants et de son expérience accumulée dans les grands projets énergétiques (comme Noor Ouarzazate ou les parcs de Tarfaya et Midelt), dispose aujourd’hui d’une capacité stratégique dans les renouvelables. L’abandon britannique n’efface en rien la valeur technologique et géopolitique du projet Xlinks, qui pourrait intéresser d’autres marchés européens ou africains en quête d’énergie propre et stable.

 

Des pistes sont déjà à l’étude, assure Xlinks, qui explore des partenariats alternatifs pour rentabiliser les travaux préparatoires déjà entamés au Maroc. L’Union européenne, engagée dans une diversification de ses sources énergétiques, ou encore certains pays du Golfe, pourraient figurer parmi les interlocuteurs potentiels.

 

Une opportunité marocaine à préserver

 

Pour le Maroc, ce retrait n’est pas une fin, mais une reconfiguration. La transition énergétique nationale, pilotée par la Stratégie Énergétique 2030-2050, vise à porter à plus de 52 % la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique du pays à l’horizon 2030. Dans ce contexte, les infrastructures prévues pour Xlinks peuvent être réorientées vers d’autres projets d’exportation, ou alimenter le marché domestique marocain, où la demande est en forte croissance.

 

La coopération énergétique entre Rabat et Londres ne s’arrête pas pour autant. D’autres canaux restent ouverts, notamment dans l’hydrogène vert, les interconnexions et l’innovation technologique.


À lire aussi
commentaires
Loading...
[ Footer Ads ] [ Desktop ]

[ Footer Ads ] [ Desktop ]