Le recours au lobbying pro-israélien démasque la junte d’Alger
Taieb Dekkar
La décision algérienne d’instaurer le visa pour les Marocains (le 26 septembre) intervient, entres autres, dans le contexte du limogeage, le 19 septembre, du patron des services de renseignements extérieurs, le général Djebbar M’henna, qui vient tout juste de terminer deux ans de service à la tête de cet organisme. Le limogeage serait-il lié aux fuites du contrat conclu, le 3 septembre dernier, par l’ambassadeur d’Algérie à Washington, Sabri Boukadoum avec une société de lobbying américaine, réputée pour défendre les intérêts d’Israël aux Etats unis et publié par un hebdomadaire africain à Paris ainsi que par la presse marocaine, dès le 18 septembre ?
Hypothèse sur les liens algéro-israéliens
Personnellement, j’ai privilégié cette piste. Je ne pense personnellement pas que le limogeage du patron des services de renseignements extérieurs soit lié aux élections présidentielles et à la falsification des résultats. Nous savons que la nomination des chefs des différents services de sécurité est une prérogative exclusive du chef d’état-major de l’armée, qui est présentée sur le plan juridique et protocolaire comme étant une décision du président. Il en est de même des promotions au sein de l’armée, qui sont décidées par le patron de l’armée. Les présidents n’ont aucune prise sur l’armée et les services de sécurité qui rendent compte en priorité au patron de l’armée, lequel serait le mieux et le plus informé du pays.
Les généraux algériens, virulents contre Israël au sein du Conseil de sécurité, par la voix de leur représentant permanent aux Nations unies, n’auraient pas digéré, suivant une première lecture, que ces engagements, qui risqueraient de ternir l’image de l’Algérie en tant que pays soi-disant «progressiste», plaidant pour l’autodétermination de tous les peuples du monde, sauf celui de l’Algérie, soient parvenus à la presse et surtout aux Marocains ! Ces engagements viennent également démentir le soi-disant engagement de l’Algérie en faveur de la question palestinienne, et démasquer la collaboration, que les généraux veulent maintenir secrète, entre l’Algérie et Israël. La conclusion de ce contrat serait-elle un signal en direction de Tel Aviv pour le dégel des relations bilatérales !
Objectif de l’Algérie : obtenir un soutien américain
Dans tous les cas, je parie personnellement que l’objectif de l’Algérie est d’obtenir un soutien américain à sa thèse sur la question du Sahara ou du moins un équilibre entre le Maroc et l’Algérie. L’Algérie, qui sollicite ainsi l’appui d’Israël auprès de Washington, est plus impliquée, en tant que protagoniste fondamental, dans le différend sur la question du Sahara que dans le dossier du proche orient. Ses alliés au proche orient sont en voie de neutralisation progressive. Je citerai la Syrie, l’Iran, le Hizbollah, les Houtis du Yemen, la Libye de Khaddafi.
L’autre hypothèse serait de supposer que les services de renseignements extérieurs algériens ignoraient tout de cette société américaine, y compris ses liens avec Israël, ce qui aurait provoqué l’ire des généraux. Cela ne serait pas étonnant de la part des services d’espionnage algériens qui ont changé de patron 9 fois durant le premier mandat de Tebboune, et qui ont dû rappeler le général M’henni depuis la prison où il purgeait une peine de 8 ans, pour prendre les destinées de l’espionnage en Algérie.
Les services de renseignements algériens, pour expliquer leur échec à propos des fuites, disposaient d’une seule piste, celle du Maroc, tellement il est présenté dans ce pays comme un démon, dont la principale préoccupation quotidienne serait de ruiner « la puissance voisine »
Dans cette affaire de visa, rien ne pourrait expliquer la décision de l’Algérie, qui a fermé tous les ponts, tous les canaux et liens avec notre pays. Comment le Maroc pourra-t-il infiltrer l’Algérie et créer des réseaux d’espionnage dans ce pays, voire délivrer des passeports à des espions israéliens, dans le contexte d’une rupture totale entre nos deux pays, alors que l’Algérie a construit des tranchées et des grillages métalliques le long de ses frontières avec le Royaume, tirant à bout portant contre tout ce qui bouge à la frontière !
Le visa algérien, un prétexte pour rompre les derniers liens ?
Les services de renseignements algériens, pour expliquer leur échec à propos des fuites, disposaient d’une seule piste, celle du Maroc, tellement il est présenté dans ce pays comme un démon, dont la principale préoccupation quotidienne serait de ruiner « la puissance voisine », comme si ce pays avait encore besoin d’une assistance étrangère pour tomber en ruine. Or, le Maroc a tourné le dos depuis longtemps à cette «Algérie nouvelle » et l’aurait même rayée de son agenda actuelle et futur de coopération et de développement. L’ennemi était donc facile à trouver : C’est le Maroc, comme d’habitude. Il y’aurait lieu de couper le dernier cordon ombilical avec le voisin marocain, en instaurant le visa bien que nous, Marocains, soyons les derniers à penser nous rendre dans ce pays, pour nous détendre et nous relaxer.
Autre hypothèse aussi probable est que les généraux avaient l’intention délibérée, à travers ce contrat, d’envoyer des signaux à Israël pour une collaboration entre les deux pays en catimini, mais ils furent démasqués. La décision algérienne vient expliquer et attester de l’ingérence des militaires dans les affaires de la diplomatie algérienne, laquelle invoque un ensemble de contre-vérités et de mensonges pour étayer cette mesure.
Algérie : tensions internes et contradictions diplomatiques
L’Algérie assume la responsabilité totale dans les tensions artificielles entre le Maroc et l’Algérie, alimentées par la volonté des généraux d’asseoir le leadership de leur pays en Afrique du nord. Il s’agit d’une stratégie néocoloniale qui entretient la division du Maghreb et la dispersion du potentiel arabe, une stratégie héritée des systèmes coloniaux. Cette stratégie, trop centrée sur la politique étrangère et la propagande, aux plans interne, pour glorifier à l’extrême la lutte de libération, et à l’international, pour se poser en leader des luttes de libération, a conduit à la déroute du système du parti unique, décrété par le dictateur Boumediene, dont l’objectif était d’asseoir son autorité sur toutes les composantes du peuple algérien, notamment l’armée.
En adressant ce signal à Israël, l’Algérie sollicite la bénédiction et la grâce de l’état hébreu auprès des autorités américaines pour rééquilibrer leur position sur le dossier du Sahara, l’Algérie étant aujourd’hui dans une impasse grave, dans la mesure où de plus en plus de pays adhèrent à la proposition marocaine d’autonomie. En outre, l’Algérie se trouve bizarrement en conflit avec la plupart de ses voisins. Pour sortir de cet imbroglio, il n’est pas du tout exclu qu’elle soit tentée de griller toutes ses cartouches en se livrant au terrorisme sur le territoire du voisinage, principalement le Royaume qui va accueillir deux grands évènements sportifs continental et mondial. Notre pays devrait à cet effet prendre toutes les précautions d’usage.