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Le portefeuille public sous la loupe : Une vague de restructurations territoriales s’accélère

267 EEP sous surveillance ! Le grand ménage du portefeuille public est lancé. La carte territoriale redessinée. GST, SRM, ARUH : le détail des 7 nouvelles sociétés régionales déjà opérationnelles à fin septembre 2025.

LA VÉRITÉ


Fort de la dynamique de réforme qui anime la gestion des actifs de l’État, le ministère de l’Économie et des Finances a levé le voile, le 23 octobre 2025 sur la situation du portefeuille public à travers un rapport crucial accompagnant le projet de loi de finances (PLF) de 2026. Ce document révèle non seulement l’état des lieux précis des participations de l’État à fin septembre 2025, mais également l’accélération d’une réorganisation structurelle profonde, orientée vers la performance et l’alignement territorial. Dès lors, comment se compose ce gigantesque ensemble et quelles sont les grandes mutations en cours qui redessinent l’action publique ?

 

L’architecture du portefeuille à fin septembre 2025

Le portefeuille public s’affirme comme un ensemble vaste et complexe d’entités, comptant 267 établissements et entreprises publics (EEP) au terme des neuf premiers mois de 2025. Ces EEP se structurent principalement autour de deux catégories. D’une part, on dénombre 217 établissements publics. D’autre part, on trouve 50 sociétés anonymes bénéficiant d’une participation directe du Trésor.

De plus, la portée de ce portefeuille dépasse largement le simple décompte des 267 entités mères. Les EEP détiennent, en effet, des filiales ou des participations dans 532 entités au total. Il est important de noter que 54% de ces dernières sont détenues majoritairement par les EEP. En outre, le ministère de l’Économie et des Finances assure également le suivi et/ou le contrôle financier d’autres organismes. Il s’agit notamment de 73 sociétés anonymes dans lesquelles les collectivités territoriales détiennent une participation directe. Parmi celles-ci, 21 sociétés sont soumises au contrôle financier et sont suivies au niveau du portefeuille public. Par ailleurs, le ministère suit et contrôle 53 autres organismes publics, dont 30 entités soumises au contrôle financier et suivies au niveau du portefeuille public.

 

La décentralisation de la santé via les GST

Entre 2024 et septembre 2025, le portefeuille public a connu une dynamique notable, marquée par la création de sept nouvelles entités, notamment quatre par Marsa Maroc, et une chacune par l’OCP SA, la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) et l’Agence de logements et d’équipements militaires (ALEM). Néanmoins, c’est dans les restructurations que l’impact le plus significatif est observé.

Dans le secteur de la santé, le processus de décentralisation a connu une avancée concrète. Ainsi, la mise en place du premier Groupement Sanitaire Territorial (GST) dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma est désormais effective. Cette mesure fait suite à l’application de la loi n°08-22 relative à la création des GST et du décret n°2-23-1054 du 24 mars 2025. Ce groupement constitue la première expérience pilote à l’échelle nationale. En effet, son premier Conseil d’administration s’est tenu le 28 juillet 2025, sous la présidence du Chef du gouvernement. Dans le prolongement de cette initiative, une deuxième phase est actuellement en cours de lancement. Cette phase vise le déploiement des autres GST dans cinq autres régions du Royaume. Les régions concernées sont Béni Mellal-Khénifra, Drâa-Tafilalet, Guelmim-Oued Noun, Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Ed Dahab.

 

La révolution de la distribution et l’essor des SRM

Le secteur de la distribution est également au cœur d’une restructuration d’envergure. Elle s’est enclenchée dans le cadre de la loi n° 83-21 et de ses textes d’application, notamment les décrets n° 2-23-1035 et n° 2-22-1033. Ces décrets fixent les délais de mise en œuvre de cette réforme essentielle.

Par conséquent, cette initiative prévoit la création de 12 sociétés régionales multiservices (SRM). Ces nouvelles structures ont vocation à remplacer les 12 régies de distribution existantes. Elles se substitueront également aux structures régionales de distribution de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) et des concessionnaires privés.

À la fin du mois de septembre dernier, sept SRM étaient déjà opérationnelles. Ces sociétés ont été mises en service dans les régions de Casablanca-Settat, Souss-Massa, Marrakech-Safi, l’Oriental, Rabat-Salé-Kénitra, Fès-Meknès et Tanger-Tétouan-Al Hoceïma. De ce fait, le processus se poursuit à un rythme soutenu. Aussi, il est prévu que, d’ici la fin octobre 2025, les SRM des cinq régions restantes soient mises en service. Ces régions incluent Laâyoune-Sakia El Hamra, Dakhla-Oued-Eddahab, Guelmim-Oued-Noun, Béni Mellal-Khénifra et Drâa Tafilalet.

 

Vers une planification territoriale renouvelée

Les réformes structurelles touchent également le domaine de la planification territoriale. En outre, un projet de restructuration majeur a été lancé. Le Conseil du Gouvernement a approuvé, en juin 2025, le projet de loi n° 64-23. Ce texte porte sur la création de 12 agences régionales d’urbanisme et d’habitat (ARUH). Ces nouvelles agences sont destinées à remplacer les 29 agences urbaines existantes. Ce projet vise à doter les régions d’instruments de planification urbaine intégrés. Autrement dit, ces outils seront adaptés aux réalités territoriales et dotés de compétences élargies à l’échelle régionale.

S’agissant des perspectives d’évolution, le rapport indique que plusieurs projets de création d’établissements et d’organismes publics sont actuellement en cours. On peut citer, par exemple, la Fondation Maroc 2030 et l’Agence nationale pour la protection de l’enfance.

 

La performance au service du territoire

En résumé, le rapport sur les EEP publié en octobre 2025 illustre l’engagement du Royaume dans une refonte institutionnelle profonde. Le portefeuille public, fort de ses 267 entités mères et de ses 532 filiales, est en pleine mutation. Ces restructurations, qu’elles concernent la santé via les GST ou la distribution via les SRM, placent la performance et l’adéquation au découpage territorial au cœur de l’action publique. Finalement, l’ambition affichée est de bâtir des instruments de gestion plus efficaces et plus proches des citoyens. Reste à observer, dans les années à venir, comment l’achèvement du déploiement des SRM et des GST, ainsi que la création des nouvelles entités comme la Fondation Maroc 2030, transformeront concrètement la qualité des services publics sur l’ensemble du territoire national.


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