« Le pays où les pierres parlent » de Abdelhak Najib
L’écrivain et journaliste, Abdelhak Najib, vient de publier un nouveau livre aux éditions Orion. Il s’agit d’un recueil de poésie, intitulé: “Le pays où les pierres parlent”. Un ouvrage gorgé de références historiques et mythologiques sur fond d’astrologie.
Du roman à la poésie, il y a un pas que Abdelhak Najib, le journaliste et chroniqueur, franchit avec beaucoup d’aisance et surtout avec profondeur. Son premier recueil de poésie, intitulé : «Le pays où les pierres parlent» est composé de trois parties: «La clef demeure feu noir», «Le livre retrouvé des Anunnaki» et «Le parchemin de l’apocalypse». Ces trois recueils sont tous accompagnés de mes peintures et gravures. Du grand plasticien marocain El Houssaïne Mimouni.
Comme le souligne, le peintre qui signe d’ailleurs l’introduction de ce recueil : «C’est le fruit d’une réflexion commune entre un poète et un peintre. La somme d’une écriture commune, chacun selon son coeur, par le biais de ses outils pour exprimer la vie, l’amour, le désir, le voyage, l’origine, le rêve et la mémoire au-delà du temps et de l’espace.» En effet, à la lecture de ces textes parfois concis, en forme d’apophtegmes, on retrouve ce souffle alchimique si cher au romancier, lecteur du Marquis de Sade et très proche de Paracelse. Une écriture calibrée, qui va à l’essentiel, sans remplissage, avec juste ce qu’il faut de force dans le verbe et dans l’image pour créer un univers hors du temps, qui creuse dans l’histoire à la recherche des temps premiers. «Dans un sens, j’ai retrouvé dans ces poèmes profonds et très enracinés dans une culture universelle, mes propres préoccupations sur l’humain, sur le sacré, sur le divin, sur l’amour et le désir, sur la femme, sur l’histoire non écrite, sur une autre forme d’archéologie du dire, sur l’érotisme, sur l’écriture et sur l’art.», précise El Houssaïne Mimouni.
On se passe d’un texte à un tableau. Les deux univers, poétique et pictural s’entremêlent dans un rendu très juste. Ce qui rend ce recueil d’autant plus hermétique. Les lecteurs de Abdelhak Najib connaissent son goût pour l’histoire, l’archéologie interdite, les origines de la culture humaine et surtout ces sciences dites premières qui sont à l’origine de qui nous sommes aujourd’hui. Tout ceci est ici suggéré, distillé en filigrane dans une langue poétique concise et précise. L’allusion faite aux Anunnaki, à des figures comme Enki et Enlil drape ces textes de plus de mystère et de fureur verbale. « L’univers du poète est vaste et riche. On y retrouve des références mythologiques, des rappels historiques, des clins d’oeil religieux dans le sens de la sacralité, dans ce qu’elle a d’universel, loin de tout dogme et toute idéologie.
Abdelhak Najib comme moi-même, revisite notre passé et le réécrit selon son coeur. Il emprunte dans son périple
ces barques dessinées par le peintre que je suis et monte les marches des échelles du temps pour ouvrir son monde sur d’autres mondes », insiste le peintre El Houssaïne Mimouni.
Sur un autre niveau, ce qui fait la beauté d’un tel ouvrage, c’est cette combinaison entre le travail d’un plasticien et un poète. Les deux expressions artistiques sont ici complémentaires. Chacune apporte un plus à l’autre, dans un échange qui va à l’essentiel, au sens même de la création. Encore une fois le peintre voit juste : «Mes peintures ici reproduites ne sont pas du tout des images pour accompagner des poèmes. Pas plus que les poèmes ne sont ici un commentaire pour mes peintures. Loin de là. Le but étant entre Abdelhak Najib et moi-même est de créer des passerelles d’une expression à l’autre où le poème va à la rencontre du trait et de la forme et les couleurs ont pour but de rehausser la portée du verbe. C’est un va-et-vient d’un langage à l’autre par le signe, la suggestion, les silences, les ombres et lalumière. Abdelhak Najib entame ici un nouveau périple poétique et un dialogue avec les artistes qu’il avait déjà exploré dans son essaie “Ce que m’ont dit les peintres…” dont on attend les tomes 2 et 3. Ici dans “le pays où les pierres parlent”, e poète multiplie les allusions à une certaine forme de pensée, à une autre approche de l’Histoire, sur fond de mythologies diverses allant de Sumer à l’Egypte ancienne en passant par la Grèce antique et les mythes nordiques. Il faut aussi préciser la présence de l’astrologie, avec des poèmes dédiés à Orion et son Baudrier, cette ceinture dont on a tellement dit et qui reste un mystère, mais aussi à la planète Niburu et aux origines des Anunnaki. toutes ces références rendent ces textes plus ancrés dans une lecture autre du temps et des géographies humaines. Un voyage d’une période à l’autre, d’une civilisation à l’autre, d’un rêve à l’autre dans une écriture parfois chamanique.
Il faut aussi souligner que Abdelhak Najib, l’un des écrivains les plus prolifiques du Maroc, un grand romancier à succès, publie pour la première fois sa poésie. Pourtant, il écrit depuis trois décennies. Et il a d’autres recueils de poésie à paraître, enluminés par les travaux d’autres plasticiens à l’imaginaire puissant. Le prochain est prévu pour début 2018 avec les travaux du grand plasticien Omar Bouragba.