Le Maroc face au risque de change : La Caravane INFITAH achève sa mission stratégique

LA VÉRITÉ

L’économie marocaine vient de franchir une étape dans sa transition vers un régime de change plus flexible. En effet, l’Association Marocaine des Salles de Marchés (AMSM) a clôturé avec succès la Caravane INFITAH, une initiative nationale majeure. Cette tournée, menée en partenariat avec Bank Al-Maghrib et l’Office des Changes, visait à sensibiliser et à accompagner les Très Petites Entreprises (TPE) et les Petites et Moyennes Entreprises (PME) dans la gestion complexe du risque de change.

Les dernières escales de la caravane se sont tenues à Fès et à Oujda. Elles ont marqué l’aboutissement, le 21 octobre 2025, d’une démarche inédite. L’objectif était de rapprocher les enjeux du marché des changes du monde de l’entreprise et garantir une meilleure préparation à la réforme du régime de change.

 

Une initiative de terrain au service de la résilience

Lancée en 2021 sous l’impulsion directe de Bank Al-Maghrib, la Caravane INFITAH a sillonné le Royaume pendant quatre années consécutives. Cette démarche de proximité a couvert une large étendue du territoire, avec des étapes cruciales à Tanger, Rabat, Casablanca, Marrakech, Agadir, Laâyoune et Dakhla, en plus des villes de Fès et Oujda.

L’accompagnement des TPE et PME marocaines est érigé en priorité par Bank Al-Maghrib dans ce processus de transition. De même, l’AMSM et l’Office des Changes œuvrent conjointement à renforcer la compréhension des mécanismes du marché des changes. Par conséquent, ils diffusent une culture de la gestion des risques, considérée comme une condition essentielle à la réussite de cette réforme.

Chaque étape a permis de réunir en moyenne 40 entreprises, institutions et fédérations professionnelles. Par conséquent, la caravane a mobilisé plus de 350 participants au total à travers le pays.

 

Comprendre, anticiper, agir : le credo d’INFITAH

La réussite de l’initiative repose sur une formule simple, mais efficace, comme l’explique M. Mohamed Filali, Président de l’AMSM et Responsable Marchés des Capitaux Maroc à Attijariwafa bank.

Selon lui, « Le message d’INFITAH se résume en trois mots : comprendre, anticiper, agir ». Autrement dit, les entreprises devaient apprendre à comprendre les mécanismes du marché. En outre, elles devaient anticiper les mouvements potentiels du dirham. Finalement, elles devaient agir efficacement à travers les bons outils de couverture.

En effet, cette démarche de proximité a concrètement permis d’accompagner les TPE et PME. Cela incluait la compréhension du marché des changes, mais également la maîtrise de la volatilité du dirham. Par ailleurs, les participants ont pu s’approprier les instruments de couverture mis à leur disposition.

 

Des solutions concrètes face à la volatilité du dirham

La Caravane INFITAH a généré des résultats concrets sur le terrain, renforçant la culture financière des entreprises. De plus, elle a instauré un dialogue direct entre les banques, les opérateurs économiques et les régulateurs.

Les témoignages d’opérateurs économiques confirment l’impact direct du programme. À Fès, par exemple, M. Mohamed Bensaïd, Directeur Général de Novavision, a souligné que son activité d’importation régulière de produits chimiques pour le BTP est très sensible aux variations du dirham. « Grâce à INFITAH, nous avons trouvé des explications claires et des solutions concrètes pour mieux gérer ce risque », témoigne-t-il.

D’une part, pour les importateurs, il s’agissait de sécuriser les marges. D’autre part, pour les exportateurs, le risque de change est un enjeu quotidien. Mme Houda Senecal Mezian, Directrice Générale de Stone Héritage, une société exportatrice de marbre, a ainsi pu mieux comprendre les instruments de couverture. Elle précise que le programme lui a permis « d’en maîtriser l’usage pour sécuriser nos contrats internationaux ».

Enfin, l’impact du programme a été salué à Oujda par Mme Ghofrane Essoussi, Directrice administrative adjointe de Oriverre. Puisque leurs importations sont directement exposées aux variations du dirham, elle et ses équipes ont bénéficié des ateliers. « Les ateliers d’INFITAH nous ont appris à anticiper ces fluctuations, à mieux négocier avec nos partenaires étrangers et à sécuriser nos marges », affirme-t-elle.

 

Une nouvelle culture du risque pour la compétitivité

Le succès de la Caravane INFITAH témoigne de la coopération étroite entre l’AMSM, Bank Al-Maghrib et l’Office des Changes. Ces acteurs partagent la conviction commune que la compétitivité des entreprises marocaines dépend d’une meilleure gestion du risque de change et d’une acculturation financière progressive.

Les dernières étapes tenues à Fès et Oujda ont bien illustré la diversité du tissu entrepreneurial marocain. En conséquence, elles ont confirmé qu’une diffusion large de la culture du risque est nécessaire pour réussir la réforme du régime de change.

« INFITAH n’est pas une fin en soi : c’est le début d’une nouvelle culture du risque, au service de la compétitivité, de la confiance et de la résilience du tissu économique marocain », conclut M. Mohamed Filali.

 

Cette tournée nationale symbolise un engagement fort des institutions financières envers le secteur productif. Cependant, l’achèvement de la caravane marque-t-il la fin de l’effort d’acculturation, ou doit-on s’attendre à ce que les organismes continuent de déployer des outils de formation pour pérenniser cette nouvelle résilience financière ? La réponse dépendra de la capacité des TPE et PME à intégrer durablement ces instruments dans leur stratégie quotidienne.