Le Maroc, architecte de la révolution satellitaire en Afrique
Un leadership africain en marche

LA VÉRITÉ
Le Maroc ne cache plus ses ambitions spatiales. Fort du lancement de Pansat, son premier satellite fixe développé avec la France pour couvrir 26 pays africains, le Royaume se positionne comme le futur fournisseur incontournable d’internet par satellite en Afrique. « Notre objectif est clair : transformer le Maroc en hub spatial du continent », affirme un haut responsable de l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT), soulignant une stratégie nationale qui mêle innovation et diplomatie technologique.
Des alliances mondiales pour un projet continental
Ce leadership s’appuie sur des partenariats audacieux. Le Maroc a su séduire des géants comme Eutelsat OneWeb et SpaceX (Starlink), dont les accords prévus pour 2025 renforcent son rôle de pont entre l’Europe et l’Afrique. Sa position géographique unique, à la croisée des routes terrestres et maritimes, facilite aussi le déploiement d’infrastructures. Le port de Tanger Med, véritable plaque tournante logistique, permet d’acheminer rapidement des équipements high-tech vers tout le continent.
Des défis à la hauteur des ambitions
Malgré cette dynamique, le chemin est semé d’embûches. Le coût astronomique des lancements – des milliards de dirhams investis – et la concurrence de puissances comme la Russie, qui propose des partenariats satellitaires aux pays sahéliens, exigent une innovation constante. « Sans un cadre réglementaire flexible et des subventions ciblées, le projet pourrait patiner », prévient un analyste. Les opérateurs locaux, comme Nortis, doivent aussi s’adapter à cette nouvelle donne technologique.
Un impact qui dépasse les frontières
L’enjeu est continental. Avec seulement 40 % de l’Afrique connectée, le Maroc mise sur ses satellites pour révolutionner des secteurs clés : éducation via des écoles connectées, santé avec la télémédecine, ou agriculture intelligente grâce au suivi des cultures. « Nous construisons un écosystème durable, pas seulement des infrastructures », insiste un expert de l’ANRT. Le pays participe d’ailleurs activement à l’Agence Spatiale Africaine, regroupant 55 États, pour mutualiser les compétences.
Avec 425 millions de dollars investis par les pays africains dans le spatial en 2023, le continent est en effervescence. Le Maroc, fort de son expertise et de son infrastructure, entend bien en diriger la révolution. « Nous ne sommes plus des consommateurs de technologies, mais des créateurs de solutions africaines », résume un cadre de Nortis.
Reste à prouver que cette ambition se traduira par des résultats concrets – une mission qui engage non seulement le Maroc, mais tout un continent en quête de connectivité.