Le Maroc à la tête de la CEA : Un leadership africain pour une économie solidaire

LA VÉRITÉ
« L’Afrique avance quand elle est unie. » Ces mots du ministre marocain de l’Économie résonnent comme un mantra à Addis-Abeba, où le Maroc vient d’être élu à l’unanimité à la présidence de la 57ᵉ session de la Commission économique pour l’Afrique (CEA). Une consécration pour le Royaume, qui incarne depuis des années un pont entre les ambitions continentales et les réalités locales.
Un plébiscite pour le leadership marocain
Le Maroc a reçu mercredi 13 mars 2025 un vote historique : l’ensemble des États membres de la CEA ont choisi le Royaume pour piloter cette session cruciale. Cette unanimité n’est pas fortuite. Elle récompense des années d’efforts diplomatiques, de partenariats concrets et d’une vision claire pour l’Afrique.
« Ce n’est pas un titre honorifique, c’est une mission », a insisté la délégation marocaine, soulignant que la présidence de la CEA s’inscrit dans une « logique de continuité » initiée il y a près d’une décennie. Depuis 2016, le Maroc a tissé une toile de collaborations transfrontalières, investi dans des infrastructures portuaires et énergétiques, et promu une coopération Sud-Sud pragmatique via l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI).
La ZLECAf au cœur des enjeux
La session 2025 de la CEA se penche sur un objectif majeur : accélérer la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Un projet colossal pour stimuler les échanges intra-africains, aujourd’hui freinés par des barrières douanières et des infrastructures lacunaires.
Le Maroc, fort de son expérience en matière d’accords commerciaux (avec 25 pays africains déjà signataires), entend proposer des
« actions transformatrices ». Moderniser les ports pour fluidifier les flux, numériser les procédures douanières, et accompagner les start-up africaines : telles sont les pistes explorées.
« La ZLECAf n’est pas qu’un traité économique, rappelle un expert de la CEA. C’est un pacte de solidarité pour nourrir l’Afrique, la connecter, et la rendre résiliente face au changement climatique. »
Un agenda tourné vers l’avenir
La session a démarré par une réunion des experts, scrutant les obstacles à la ZLECAf . Puis, des forums thématiques ont mis en lumière des initiatives innovantes :
– La formation des femmes entrepreneures dans le secteur logistique.
– Le partage de technologies vertes entre le Maroc et le Rwanda.
– La lutte contre l’évasion fiscale, un fléau qui prive les États de milliards de dollars.
Le segment ministériel (17-18 mars) sera l’occasion de concrétiser ces idées. Un fonds commun pour les PME, des standards douaniers harmonisés, ou encore un réseau de hubs logistiques : les ministres africains planchent sur des solutions structurelles.
Pourquoi le Maroc inspire confiance ?
Le Royaume incarne un modèle unique : celui d’un pays africain ancré dans sa tradition de coopération tout en embrassant la modernité. Son approche, alignée sur la vision du Roi Mohammed VI, mélange réalisme et ambition.
« Le Maroc ne prêche pas, il agit », souligne un diplomate sénégalais. Des investissements dans l’énergie solaire au Togo aux partenariats agricoles avec le Kenya, en passant par la construction du port de Kribi au Cameroun, le Royaume a prouvé sa capacité à transformer les visions en projets tangibles.
Défis et espoirs. L’Afrique en marche
La route reste semée d’embûches. Certains pays hésitent à ouvrir leurs marchés, par crainte de voir leurs industries locales submergées. D’autres manquent de capacités techniques pour appliquer les règles de la ZLECA.
Mais le Maroc mise sur l’humain. « Former les jeunes, partager les expertises, et créer des synergies entre les secteurs public et privé », explique un conseiller du ministère marocain des Affaires étrangères. Une philosophie qui a déjà porté ses fruits, comme en témoigne le partenariat avec l’Éthiopie pour développer des zones économiques spéciales.
En acceptant cette présidence, le Maroc ne se contente pas d’illustrer son influence. Il devient un artisan de solutions pour un continent en mutation. Comme le rappelle un adage africain : « Seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin. »