L’Algérie face à ses contradictions diplomatiques


Dans un contexte régional sous tension, marqué par des crispations mémorielles, des enjeux migratoires sensibles et des postures géopolitiques souvent contradictoires, le président algérien Abdelmadjid Tebboune tente une sortie en douceur. En évoquant sa relation « sincère » avec Emmanuel Macron et en qualifiant ce dernier d’« alter ego », le chef de l’État algérien affiche un ton conciliant qui tranche avec la tradition de défiance entretenue envers la France.
Ce repositionnement intervient alors que plusieurs dossiers ont ravivé la crispation entre Alger et Paris. L’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, poursuivi pour « atteinte à l’unité nationale » après des propos jugés sensibles, a provoqué l’indignation en France, où Emmanuel Macron s’est personnellement dit préoccupé par son état de santé. En parallèle, le rejet par l’Algérie de la liste de ressortissants à expulser transmise par la France a conduit à un blocage diplomatique. Le ministre français de l’Intérieur a même menacé de remettre en cause l’accord migratoire de 1968, pourtant central dans les relations bilatérales.
Ce tournant rappelle celui amorcé avec l’Espagne, après une rupture franche suivie d’un rapprochement opéré sans grand bruit, mais dont les bénéfices sont clairement recherchés par Alger.
Pour autant, cette volonté d’apaisement ne suffit pas à masquer les contradictions profondes du régime algérien. Derrière les sourires et les déclarations de bonne foi, le pouvoir continue de manipuler la mémoire coloniale à des fins strictement politiques, en nourrissant une hostilité artificielle envers ses anciens partenaires. Une stratégie qui, bien loin de pacifier les esprits, entretient une tension permanente avec les pays voisins et les puissances occidentales.
En invoquant ses « excellentes relations » avec la France, Tebboune ne parle pas seulement à Paris. Il s’adresse surtout à ses propres partenaires économiques, soucieux de stabilité et de respectabilité internationale. L’Algérie veut se donner l’image d’un interlocuteur crédible, mais selon ses propres termes. Une posture calculée, qui mérite d’être observée avec lucidité.
Car la relation franco-algérienne ne pourra réellement évoluer qu’à travers un dialogue franc, débarrassé des arrière-pensées et des jeux à double langage. L’heure n’est plus aux faux-semblants, ni aux gesticulations mémorielles, mais à une construction sérieuse, patiente et équilibrée des relations bilatérales. Encore faut-il que les intentions affichées se traduisent, enfin, par des actes concrets.