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L’Algérie en quête d’un ancrage diplomatique face à l’isolement

Après des années de recul diplomatique et une influence affaiblie en Afrique, l’Algérie cherche aujourd’hui à se repositionner sur l’échiquier international. Longtemps considérée comme un acteur central du panafricanisme et du non-alignement, Alger a vu son poids diplomatique s’éroder, notamment en raison d’une politique étrangère marquée par des hésitations et un manque d’initiatives stratégiques. Pendant que d’autres pays, comme le Maroc, ont multiplié les accords et les alliances, renforçant leur présence au sein des instances internationales, l’Algérie semble aujourd’hui contrainte d’intensifier ses efforts pour ne pas se retrouver marginalisée.

 

Des terres rares comme monnaie d’échange

 

L’une des cartes majeures que l’Algérie tente aujourd’hui de jouer pour séduire les États-Unis est celle de ses ressources en terres rares. Ces minerais stratégiques, indispensables à l’industrie technologique et militaire, attirent les convoitises des grandes puissances, en particulier Washington, soucieux de diversifier ses approvisionnements pour réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine.

 

Consciente de cet enjeu, Alger a multiplié les signaux en direction de l’administration américaine, notamment en engageant le cabinet de lobbying influent BGR Group, réputé pour ses connexions avec les décideurs politiques américains. Ce choix marque une rupture : l’Algérie, d’ordinaire méfiante vis-à-vis des intermédiaires étrangers, semble prête à adapter ses méthodes pour attirer l’attention de Washington.

 

Un positionnement stratégique dicté par l’isolement

 

Cette offensive diplomatique répond aussi à une impérieuse nécessité : éviter que l’Algérie ne se retrouve marginalisée sur la scène internationale. La reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara en 2020 a marqué un tournant. Alger, qui s’était toujours posée en soutien du Front Polisario, a vu son influence s’effriter face à des recompositions géopolitiques accélérées en Afrique et au Moyen-Orient.

 

Dans ce contexte, l’échec récent de l’Algérie à obtenir un siège au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine est un coup dur. Cet échec illustre les rapports de force complexes au sein de l’organisation, où les équilibres diplomatiques évoluent rapidement en fonction des intérêts économiques et sécuritaires des États membres. Alors que l’Algérie revendique depuis des décennies un rôle clé dans la stabilité du continent, cette déconvenue témoigne d’une difficulté croissante à rallier un soutien suffisant pour s’imposer comme un acteur incontournable dans les instances africaines.

 

Par ailleurs, les relations entre l’Algérie et la France connaissent une nouvelle phase de tensions. En juillet 2024, la France a exprimé un soutien explicite au plan d’autonomie marocain pour le Sahara, provoquant une réaction immédiate d’Alger, qui a rappelé son ambassadeur à Paris. Cette crise diplomatique illustre un recul de l’Algérie dans ses relations avec des partenaires occidentaux historiques, alors que Paris entretient une coopération de plus en plus renforcée avec Rabat.

 

Sécurité au Sahel : un levier à double tranchant

 

Face à cet isolement croissant, l’Algérie tente également de capitaliser sur son rôle supposé de rempart contre l’instabilité sahélienne. En mettant en avant son expertise en matière de lutte antiterroriste et en se présentant comme un partenaire incontournable pour la stabilité de la région, Alger espère séduire Washington et retrouver une place centrale dans les discussions sécuritaires.

 

Cependant, la réalité est plus nuancée. Si l’Algérie dispose d’une armée expérimentée et d’une longue tradition sécuritaire, elle peine à mobiliser un véritable consensus régional autour de sa stratégie. Sa relation parfois tendue avec les pays sahéliens, son refus catégorique d’intervenir militairement au-delà de ses frontières et son approche souvent rigide en matière de coopération sécuritaire en font un acteur à la fois influent et isolé.

 

Un pari risqué

 

En cherchant à regagner du terrain sur le plan diplomatique, l’Algérie prend des risques. D’une part, son activisme en direction de Washington intervient dans un contexte où ses relations avec Moscou, son allié traditionnel, sont toujours solides. Un rapprochement trop marqué avec les États-Unis pourrait donc fragiliser cet équilibre stratégique délicat.

 

D’autre part, cette stratégie semble dictée par une volonté de se repositionner rapidement sur l’échiquier international. Or, les grandes puissances attendent aujourd’hui des engagements clairs, structurés et durables, plutôt qu’une approche conjoncturelle dictée par des impératifs politiques immédiats.

 

L’Algérie avance dans un environnement où ses marges de manœuvre se réduisent. L’échec à l’Union africaine et la nécessité d’attirer l’attention des États-Unis en échange d’intérêts économiques ne sont que les derniers signes d’une diplomatie en quête de nouveaux repères.


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