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La soprano Samira Kadiri


Grâce à des mélodies diversifiées et harmonieuses, la soprano marocaine Samira Kadiri, à la voix méditerranéenne imprégnée de la culture et du patrimoine arabo-andalous, fait voyager son public vers des temps où la musique était langage du cœur et de la raison.

En tant qu’ambassadrice d’un art qui transcende les frontières, et grâce à sa maîtrise de nombre de répertoires ancestraux originaux, Samira Kadiri estime que sa voix revisite la mémoire et l’antique, une certitude ayant influencé ses expériences musicales et intellectuelles, marquées par l’universalisme et la modernité.

Résidant pendant de longues années à Tétouan, ville dont la culture, l’architecture et l’art témoignent d’une forte présence andalouse, la chanteuse marocaine avoue ne pas avoir pu échapper à cette influence qui a fait que ses débuts artistiques soient bercés par le patrimoine andalou-méditerranéen, et ce, à travers l’interprétation de textes soufis d’Ibn Arabi, de Rabia al Adawiyya ou encore de cheikh Sidi Mohamed El Harrak ainsi que des chants en langues anciennes.

Avec un enthousiasme qui se fait rare, Samira Kadiri a transmis aux jeunes générations des trésors artistiques cachés et a réussi à travers son travail académique rigoureux à jeter la lumière sur une période obscure de l’histoire de l’Espagne musulmane, affirmant, dans une interview à la MAP, que “les récitals méditerranéens sont l’œuvre de nos ancêtres andalous et que nous sommes les héritiers légitimes de ce patrimoine musical”.

Au cœur du milieu soufi où elle a grandi, en l’occurrence la zaouia Al Qadirya Charqaouia, Samira Kadiri s’est imprégnée des valeurs du respect et des vertus transcendantes de la spiritualité et de l’ésotérisme, qui sont à l’origine de sa passion pour ce patrimoine musical. Malgré le cachet andalous et espagnol qui marque son univers artistique, Samira Kadiri n’a pas perdu sa maîtrise de l’arabe classique et a été parmi les premiers artistes à avoir recours à cette langue dans des fusions, donnant naissance à une musique universelle.

“Je suis ravie d’être une chanteuse lyrique d’expression arabe, offrant des mélodies harmonieuses qui pénètrent les esprits et donnent à cette langue une portée universelle”, a affirmé, dans ce sens, Samira Kadiri.

L’étude de la mémoire musicale, de l’histoire et de ses racines qui résistent face à l’abandon et l’indifférence est porteuse de nombreuses significations, a-t-elle assuré, affirmant sa détermination à hisser la chanson marocaine et arabe à un niveau mondial, à travailler sur des morceaux de flamenco et gharnati et à développer une riche expérience transcendant les temps et les cultures.

Tout au long de son parcours, l’artiste marocaine a tenté, en collaboration avec le compositeur feu Mustapha Aicha Rahmani, d’adapter la poésie arabe à des compositions musicales internationales. Se rappelant cette première collaboration avec Mustapha Aicha Rahmani, Samira Kadiri a qualifié son premier album d’expérience unique et de début effectif de son parcours professionnel.

Aicha Rahmani m’a encouragé à revisiter plusieurs poèmes oubliés depuis les années 60, faisant de moi la première interprète d’environ 90 textes, notamment ceux de Fadwa Touqan, Federico Garcia Lorca et Nizar Qabbani, a-t-elle indiqué. Samira Kadiri, qui puise dans le répertoire méditerranéen-andalou, est convaincue que la musique andalouse a donné naissance à tous les autres langages musicaux.

Evoquant son album “Mazij”, la soprano dit que c’est une étape nouvelle de son projet artistique qui vise à réorganiser la musique marocaine avec ses dimensions maghrébine, arabe et méditerranéenne, pour lui conférer la portée universelle qu’elle mérite. A travers cet album chacun a tenté de laisser son empreinte aussi bien au niveau de la composition que de l’interprétation et ce, en ayant recours aux compétences et atouts personnels et en les combinant pour créer une communion musicale, a ajouté Samira Kadiri, qui n’a pas manqué de souligner qu’il s’agit d’un travail académique marqué par l’expérimentation, en puisant dans le riche patrimoine méditerranéen.

“Mazij” est une fusion entre des textes arabes, notamment des poèmes d’Ibn Arabi, et une musique méditerranéenne ibéro-andalouse, a expliqué la soprano marocaine, notant que c’est le fruit d’une collaboration avec le maestro soliste Nabil Akbib, le pianiste compositeur Yassine Abdelwahab, le luthiste Younès El Fakhar et le musicien Rachid Bernoussi. La stabilité affective et familiale est un facteur de réussite, selon Samira Kadiri, qui estime être chanceuse d’avoir un mari compréhensif qui la soutient ainsi que des enfants qui lui procurent une envie de persévérer et d’aller de l’avant.

Lauréate de l’Institut supérieur d’Art dramatique et d’Animation culturelle (ISADAC) de Rabat, Samira Kadiri est directrice du Festival international “Voix de femmes” de Tétouan. Elle a remporté, en 2008, le prix Al Farabi pour la musique antique, distinction du Conseil international de la musique de l’Organisation des Nations unies pour l’Education, les Sciences et la Culture (Unesco), la médaille d’argent de l’Académie des Arts, Sciences et Lettres de Paris en 2010 et le Grand Prix des Prix littéraires Naji Naaman en 2011.

En 2013, Samira Kadiri a reçu la médaille d’or du “Seau de Marguerite de Bourgogne” de la part du maire de Dijon et le titre de “Femme de l’année” de la part de l’Association Tétouan Asmir la même année à Tétouan.


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