[ after header ] [ Mobile ]

[ after header ] [ Mobile ]

La province d’Anhui : clé de l’industrie marocaine de demain

l’industrie au rythme chinois

Par Yassine Andaloussi


La récente visite à Rabat d’une délégation de la province chinoise d’Anhui, conduite par Liang Yanshun, secrétaire du Parti communiste de cette région, marque une étape importante dans le renforcement du partenariat sino-marocain.
Reçue par le chef du gouvernement, cette mission de haut niveau s’inscrit dans la dynamique d’ouverture du Maroc vers l’Asie et dans la continuité de la coopération stratégique initiée entre le Royaume et la Chine en 2016.
Au-delà de la dimension protocolaire, cette rencontre revêt une portée géopolitique et économique, traduisant la volonté des deux parties d’inscrire leur coopération dans une logique de production, d’innovation et de codéveloppement industriel.

Anhui, vitrine du modèle industriel chinois

La province d’Anhui, située dans l’est de la Chine, est aujourd’hui considérée comme l’un des moteurs du développement économique chinois. Forte de plus de 60 millions d’habitants, elle abrite de grands groupes industriels tels que JAC Motors dans l’automobile, BOE Technology dans l’électronique, ou encore Conch Group dans les matériaux de construction.
Son économie repose sur un équilibre entre technologie, production et innovation, incarnant le modèle chinois de montée en gamme industrielle.

En cherchant à établir des passerelles directes avec le Maroc, l’Anhui entend étendre son réseau d’influence et de production vers l’Afrique et la Méditerranée, dans le cadre de la Nouvelle Route de la Soie (BRI). Cette stratégie de décentralisation vise à rapprocher les chaînes de valeur chinoises des marchés de consommation tout en sécurisant les approvisionnements.
Le Maroc apparaît, à cet égard, comme un partenaire crédible, à la fois stable, compétitif et stratégiquement bien positionné.

Pour la Chine, implanter des unités de production ou de transformation au Maroc offre des avantages géoéconomiques indéniables.
Le Royaume jouit d’une proximité géographique avec l’Europe, tout en disposant d’accords de libre-échange avec plus de cinquante pays couvrant un marché de plus d’un milliard de consommateurs.

À cela s’ajoutent des coûts de production compétitifs, une main-d’œuvre qualifiée et des infrastructures de rang mondial, à l’image du port de Tanger Med, désormais classé parmi les plus performants au monde.
Ces atouts font du Maroc une plateforme industrielle stratégique pour les entreprises chinoises désireuses de réduire leurs coûts logistiques et de diversifier leurs bases de production face aux tensions commerciales et à la hausse des coûts en Asie.

L’implantation d’industries issues de la province d’Anhui au Maroc pourrait ainsi permettre une relocalisation partielle de chaînes de valeur chinoises, notamment dans l’automobile électrique, les composants électroniques, ou encore la fabrication de batteries et d’équipements solaires. Cette logique s’aligne parfaitement avec la stratégie industrielle marocaine, qui cherche à renforcer sa souveraineté technologique et à accroître la valeur ajoutée locale.

Une coopération fertile

Les discussions entre les deux parties ont également porté sur la transition énergétique et la coopération scientifique.
L’Anhui, pionnière en Chine dans la recherche sur les énergies propres, s’intéresse aux avancées marocaines en matière de solaire, d’hydrogène vert et de gestion durable des ressources.
Le Maroc, de son côté, ambitionne de devenir un pôle énergétique régional capable d’exporter de l’électricité verte vers l’Europe et l’Afrique.

Dans ce contexte, la mise en place de partenariats technologiques et universitaires est une suite logique, échanges entre l’Université des sciences et technologies de Chine (USTC) à Hefei et les établissements marocains tels que l’UM6P ou l’Université Mohammed V, développement de centres conjoints de recherche industrielle, ou création d’un pôle sino-marocain d’innovation énergétique.

Ces collaborations iraient bien au-delà du commerce, elles permettraient un transfert de savoir-faire, une montée en compétence de la jeunesse marocaine et la création d’emplois à haute valeur ajoutée.

Sur le plan géopolitique, la visite de la délégation d’Anhui illustre la nouvelle architecture des relations internationales dans laquelle le Maroc occupe une place croissante. Face à la redéfinition des équilibres mondiaux, le Royaume adopte une diplomatie économique  ouverte, privilégiant la coopération Sud-Sud et la diversification de ses partenaires.
La Chine, de son côté, s’appuie sur des provinces dynamiques comme l’Anhui pour mener une diplomatie économique décentralisée, plus souple et orientée vers le terrain.

La rencontre entre la délégation d’Anhui et le chef du gouvernement marocain symbolise la maturité du partenariat sino-marocain.
Elle marque le passage d’une relation principalement diplomatique à une coopération industrielle et technologique concrète, portée par des acteurs régionaux et des intérêts partagés.

Les prochaines étapes pourraient inclure la création d’usines sino-marocaines, la mise en place de plateformes logistiques intégrées, et la coopération scientifique autour de la transition énergétique.
Dans cette équation, le Maroc apparaît comme une option stratégique pour l’industrie chinoise, un espace compétitif, proche des marchés européens et africains, offrant un accès logistique optimisé et une stabilité politique rare dans la région.

À long terme, cette alliance pourrait redessiner la carte économique du continent, faisant du Maroc le pivot industriel de la Chine en Afrique du Nord, et un acteur clé de la nouvelle géographie industrielle mondiale.


commentaires
Loading...
[ Footer Ads ] [ Desktop ]

[ Footer Ads ] [ Desktop ]