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La protection des enfants contre les agressions sexuelles, une responsabilité morale et juridique qui interpelle tous les acteurs

LA VÉRITÉ / MAP


Des experts et des militants associatifs ont affirmé, mardi à Rabat, que la protection des enfants contre les agressions sexuelles est une responsabilité morale et juridique qui interpelle tous les acteurs.

Lors d’une rencontre interactive organisée par le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH), les intervenants ont souligné que la famille, la société civile, l’école et divers acteurs sont concernés par la lutte contre les violences sexuelles, en renforçant le débat autour des droits de l’homme pour dénoncer la gravité de ce phénomène qui pèsent sur la vie des enfants, appelant à une forte responsabilisation qui traduit l’engagement du Maroc en faveur des droits de l’homme.

A cette occasion, la sociologue Soumaya Naamane Guessous a expliqué dans une intervention portant sur “les représentations de la société marocaine sur les violences sexuelles à l’égard des enfants”, que la pédagogie de l’éducation prodiguée aux enfants est basée en grande partie sur la violence et l’ancrage de la culture d’intimidation, à travers l’utilisation de certains termes et proverbes populaires courants, à défaut d’établir la relation entre les enfants et les parents sur la confiance et le réconfort.

A la lumière de ses recherches sociologiques, Mme Guessous a relevé que cette peur qui hantent les enfants, en particulier les filles, les empêchent de signaler les violences sexuelles, par peur du scandale, de la honte et du blâme, en raison d’un ensemble de fausses représentations sur certains “tabous” liés aux agressions sexuelles, soulignant, en ce sens, l’importance de l’éducation sexuelle qui apprend l’amour propre et la dignité.

Pour sa part, la pédopsychiatre Nawal Idrissi Khamlichi, a affirmé, dans son intervention axée sur “l’impact psychologique de la violence sexuelle sur les enfants”, que les enfants victimes de violences sexuelles sont également exposés à des violences sociales et psychologiques, exacerbant ainsi leur état psychologique qui évolue selon le type de violence sexuelle, notant différents symptômes de l’état psychologique de ces victimes, qu’elles soient des nourrissons, enfants ou adolescents, qui touchent les aspects moteurs, communicationnels, psychologiques et même sexuels.

Mme Khamlichi a, par ailleurs, souligné la nécessité de privilégier le diagnostic basé sur l’observation d’un changement de comportement de l’enfant, l’écoute, le signalement, outre l’accompagnement, la protection et l’assistance de la victime pour faire face aux sentiments d’abandon, de culpabilité et de stigmatisation qui peuvent avoir des répercussions sur le cerveau de l’enfant, faisant observer l’absence d’une banque de données permettant de suivre l’état psychologique de chaque enfant victime d’abus sexuels.

Dans une troisième intervention sur “la protection juridique et l’action judiciaire”, Mouna Al Masmoudi, conseillère au cabinet de la présidente du CNDH, a mis l’accent sur certaines problématiques liées aux cas de violence sexuelle, notamment l’adaptation et le manque de clarté du texte juridique, notant qu'”il doit y avoir un cadre conceptuel pour les crimes d’agression sexuelle comme condition pour protéger les victimes et ne pas laisser une marge à l’impunité et à l’acquittement”.

Dans ce contexte, elle a souligné le problème d’absence d’expertise médicale et psychologique pour les victimes destinée à déterminer le degré de préjudice et la gravité de l’acte, dans le cadre des règles de recours, l’absence de procédures tenant compte de la vie privée de ces cas et de l’âge de l’enfant victime, les dédommagements qui demeurent minimes et ne correspondent pas à l’étendue du préjudice causé à l’enfant ni à la gravité de l’acte commis”, outre le droit à l’identité et au nom.

S’exprimant sur l’axe consacré à “a société civile et la protection des enfants contre les violences sexuelles”, la secrétaire générale de l’Institution Nationale de Solidarité avec les Femmes en détresse (INSAF), Amina Khalid, a donné un aperçu sur les actions de l’association et son domaine de travail lié aux enfants et au soutien des mères célibataires.

Dans ce cadre, la militante des droits de l’homme a évoqué le cas de “la fille de Tiflet”, à l’instar d’autres mères célibataires, faisant observer que le point commun entre plusieurs cas est l’atténuation des peines de prison et que la famille de la victime opte parfois pour le retrait de la plainte contre l’agresseur.

De son côté, le représentant de l’association “Bayti”, Abderrahman Bounaim, a mis en exergue l’importance du principe d’institutionnalisation du droit de participation des enfants par un texte juridique explicite, comme l’un des principes les plus importants stipulés dans la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), en plus de certaines lois nationales, dont le Code de la famille, la loi 15 .01 relative à la prise en charge des enfants abandonnés, le Code de procédure pénale et la politique publique intégrée de protection de l’enfance au Maroc.

M. Bounaim s’est également attardé sur le rôle de l’enfant dans les initiatives de l’Observatoire national des droits de l’enfant, du CNDH, des institutions gouvernementales, du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), ainsi que des associations de la société civile, faisant remarquer la mise en œuvre faible de la CIDE, l’absence d’une politique ou d’un cadre unifié pour assurer l’effectivité de la participation des enfants, en plus du manque de cadres pédagogiques compétents et le soutien financier insuffisant.

Cette rencontre vise à analyser le phénomène de la violence sexuelle contre les enfants, à approfondir la discussion à ce sujet et à élaborer des propositions pratiques visant à renforcer la compatibilité du système national de protection avec le cadre normatif international et les mécanismes de protection pertinents.


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