La nouvelle loi française sur le démarchage téléphonique menace les centres d’appels marocains
Le secteur marocain, dépendant à 80 % du marché français, appelle à une intervention rapide du gouvernement avant l’entrée en vigueur de la loi en août 2026
LA VÉRITÉ
Une nouvelle loi française, qui interdit les appels de prospection non sollicités à partir du 11 août 2026, suscite une vive inquiétude parmi les acteurs du secteur des centres d’appels au Maroc. Cette législation, adoptée par le ministère français de l’Économie, imposera un cadre strict : aucune entreprise ne pourra contacter un consommateur sans son consentement explicite, sauf dans le cas d’un contrat en cours. Les contrevenants s’exposeront à de lourdes amendes pouvant atteindre 500.000 euros et, dans les cas graves, à des peines de prison.
Un coup dur pour un pilier de l’économie marocaine
En effet, près de 80 % de l’activité des centres d’appels marocains repose sur des contrats avec des entreprises françaises. Dès l’entrée en vigueur de cette loi, toute communication avec un consommateur français sans accord préalable sera illégale, même si l’appel provient de l’étranger. Le Maroc, qui ne dispose pas encore d’un cadre juridique détaillé pour le télémarketing, risque ainsi de voir une part importante de son économie externalisée fragilisée.
Des craintes légitimes du secteur marocain
Ayoub Saud, secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs des centres d’appels, a déclaré à SNRT News que cette réforme représente « une menace directe pour des centaines d’emplois au Maroc ». Il a rappelé que les conséquences s’étendront bien au-delà des téléopérateurs : « agents de sécurité, comptables, techniciens et personnel d’entretien seront également touchés ». Selon lui, la combinaison de cette loi et de la montée rapide de l’intelligence artificielle « accélère déjà les licenciements dans plusieurs entreprises ».
Vers une adaptation nécessaire mais coûteuse
Pour Mohamed El Bekali, directeur d’un centre d’appels à Casablanca, la transformation du secteur est inévitable : « Nous devons restructurer nos modèles. L’avenir réside dans le service client, l’assistance technique et le support numérique ». Son entreprise investit déjà dans la formation en CRM et dans la mise à niveau technologique afin de répondre aux exigences françaises en matière de protection du consommateur. Toutefois, il avertit : « Cette transition demandera du temps et des moyens considérables. Elle ne se fera pas sans pertes d’emplois ».
Un appel à la réaction marocaine
À moins d’un an de l’échéance, les professionnels appellent les autorités marocaines à accompagner le secteur dans cette mutation. La nouvelle loi française, destinée à protéger le consommateur, risque de bouleverser un pan essentiel de l’économie marocaine si des solutions d’adaptation ne sont pas mises en place rapidement.
Suivez les dernières actualités de Laverite sur Google news