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La femme, ce pilier de la société

En tant que médecin psychiatre et clinicienne, la nature de mon travail et mes préoccupations à la fois humaines et sociales me fait rencontrer de très nombreuses femmes, de tous bords, de toutes couches sociales, chacune selon son vécu, chacune selon son parcours et son expérience de vie en tant que femme dans une société encore et toujours en proie au machisme le plus élémentaire et basique ainsi qu’à de multiples formes de stigmatisations et d’ostracisme qui ont la peau dure dans une société marocaine qui vacille entre vœu de modernité et archaïsmes bien ancrés, une société qui oscille entre slogans d’équité et d’égalité et de dures et complexes réalités du terrain qui sont la parfaite négation de toute cette littérature sur les droits des femmes et la quête infinie de leur émancipation.
C’est partant de tous ces constats puisés au cœur de la vie, avec ce qu’elle peut comporter comme complexité et comme zones d’ombre, comme ramifications et comme sinuosités dues essentiellement à la particularité de chaque profil de femme en tant qu’expérience unique que nous devons analyser et lire sans à priori ni préjugés éculés, mais à la lumière des mutations que traverse le Maroc, depuis au moins 20 ans, avec certes des acquis notables, mais également des résistances et des blocages qui impactent et handicapent la bonne marche des évolutions sociales et culturelles dans notre pays.

Le premier point à relever est simple. Il ne risque aucune ombre. On ne peut aujourd’hui parler de la femme en donnant dans les lieux communs comme s’il s’agissait d’un seul profil désigné et d’une unique expérience humaine et sociale. Loin de là. Nous avons au Maroc autant de femmes que de parcours. Nous avons autant de femmes que de luttes au quotidien pour arracher sinon ses droits du moins une certaine place au sein de la famille, au sein du couple et au cœur de cette société qui avance à plusieurs vitesses quand elle n’avance pas à reculons consacrant des archaïsmes liberticides avec des écueils qui peuvent s’avérer dangereux pour une culture qui fait le vœu pieux de vouloir s’inscrire résolument dans le futur sur des bases plus modernes nourries des valeurs de l’égalité des chances, de l’équité, du respect des libertés et des valeurs communes qui nous unissent autour d’un credo commun, à savoir le développement de notre société loin de toute discrimination et de tout fatalisme de mauvais aloi.
Partant de ce postulat de base, il faut savoir que les femmes marocaines dans leur grande diversité sont aujourd’hui plus que jamais conscientes de ce retard qu’accuse la société marocaine sur la question de la femme et de sa place et de son rôle du sein de la société. Un retard qui pénalise plusieurs aspects de la vie marocaine, et ce, à plusieurs étages des structures sociales. D’abord, il est prouvé depuis des décennies, partout dans le monde, qu’aucune société ne peut prétendre au progrès en marginalisant toutes les forces vives féminines qui participent à la construction du projet de social du pays. C’est là une erreur qui pèse lourd dans la balance du développement des nations, comme on peut le noter de manière limpide dans la majorité des pays arabes qui s’emploient avec acharnement à vouloir se passer du rôle des femmes dans la vision et la mise sur pied d’une société sinon égalitaire du moins bâtie sur des bases saines, avec la femme comme socle et pilier de la société, puisqu’elle a démontré et prouvé, sans l’ombre d’un doute, qu’elle est capable d’apporter beaucoup au projet social et de vie au sein de la communauté, avec un apport éducationnel et culturel de base qui consolide fortement l’identité de chacun tout en débarrassant la société de ces blocages qui nous font perdre un temps précieux en vue du progrès social et du développement humain tant escompté par tous les Marocains, qui ne peuvent faire l’impasse de cet impératif historique qui nous dicte la chose suivante: une société saine ne peut se faire sans la participation effective de la femme, de toutes les femmes, dans leurs profondes différences, à incarner leurs visions de ce que sera le Maroc de demain.
Sur un autre plan, ce qui revient souvent dans mes contacts avec la grande majorité des femmes, c’est l’épineuse question de la violence faite aux femmes: violence physique, violence psychologique, violence verbale, violence professionnelle… avec cette inclination devenue une seconde nature dans nos société, qui veut écarter la femme de plusieurs manifestations de la vie sociale en lui assignant des rôles basiques, comme enfanter, s’occuper de sa progéniture et servir son époux.
Une telle vision, toujours très ancrée dans les pratiques sociales marocaines, crée de profonds schismes au sein des communautés, elle occasionne des dommages familiaux irréversibles sans parler de tout l’impact sur les générations futures qui, souvent, reproduisent les mêmes schémas de comportement dans une logique malsaine et rétrogrades.
L’urgence aujourd’hui au Maroc est de s’appliquer, chacun à son niveau, à casser ce cercle vicieux qui fait beaucoup de mal à une société désireuse de s’engager dans la modernité.

 


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