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La discipline budgétaire au service du rééquilibrage régional

Par Yassine Andaloussi


Dans un contexte mondial où chaque dirham compte, le Maroc gagnerait à inscrire la rigueur au cœur de ses politiques publiques. En rationalisant les dépenses et en orientant les budgets vers les priorités nationales, notamment les régions les moins développées, le pays pourrait non seulement renforcer sa stabilité économique.

 

La discipline budgétaire n’est pas un privilège réservé aux grandes économies, c’est une nécessité vitale pour tout pays qui aspire à une croissance durable et équilibrée. Au Maroc, elle doit devenir une culture de travail, une manière d’agir et de penser chaque dirham dépensé. Lorsqu’il s’agit de l’argent du contribuable, la rigueur représente une obligation morale et un acte de patriotisme.

Le Royaume vit une période charnière de son développement. Les chantiers structurants se multiplient, les attentes sociales se renforcent et les contraintes économiques s’intensifient. Face à cette réalité, la discipline budgétaire devient un moteur essentiel de crédibilité et de performance publique. Elle constitue la clé qui garantit l’achèvement des projets dans les délais, évite les retards coûteux et renforce la confiance des citoyens envers leurs institutions.

 

La rigueur financière, moteur du progrès

La discipline budgétaire ne doit pas être perçue comme une limitation mais comme un outil d’efficacité. Elle repose sur une idée simple, dépenser mieux plutôt que dépenser plus. Cela implique d’orienter les ressources vers les véritables priorités nationales, de supprimer les dépenses inutiles et de s’assurer que chaque dirham investi apporte une valeur ajoutée réelle à la société.

Lorsqu’elle est mise en pratique avec sérieux, cette approche produit des résultats visibles. Elle améliore la qualité des services publics, réduit le gaspillage et instaure un climat de confiance qui attire davantage d’investissements. Elle permet aussi à l’État de se donner une marge de manœuvre plus large pour affronter les imprévus économiques sans recourir excessivement à l’endettement.

Cette culture de la rigueur ne se limite pas à la comptabilité des chiffres. Elle traduit une éthique de gestion, un engagement collectif envers la responsabilité. Un pays discipliné dans ses finances est un pays respecté, capable d’affronter les défis mondiaux avec assurance et de bâtir des politiques publiques solides sur le long terme.

 

Rééquilibrer les régions par la discipline

L’un des aspects les plus importants de la rigueur financière réside dans sa capacité à créer une justice territoriale. En maîtrisant mieux ses dépenses, le Maroc peut réorienter les ressources publiques vers les régions les moins développées. Cette réallocation intelligente favorise un rééquilibrage territorial et renforce la cohésion nationale.

Une discipline budgétaire bien appliquée offre la possibilité d’accélérer les projets dans les zones rurales, montagneuses ou enclavées. Elle permet de construire des infrastructures de proximité, d’améliorer l’accès à la santé, à l’éducation et à l’emploi. Ce mécanisme transforme la rigueur en instrument de solidarité et d’équité.

Lorsqu’une région avance dans la rationalisation de ses dépenses, les économies réalisées peuvent financer des projets dans d’autres territoires qui en ont davantage besoin. Ce principe de redistribution basé sur la performance traduit un véritable esprit de patriotisme économique. Le bien commun prend alors le dessus sur les intérêts individuels. La discipline budgétaire devient ainsi une force de cohésion et non une contrainte.

L’absence de rigueur entraîne au contraire de lourdes conséquences. Les dépenses excessives et non planifiées fragilisent l’économie, creusent le déficit et alourdissent la dette publique. Elles provoquent aussi une perte de confiance chez les citoyens, qui se sentent trahis lorsque leurs impôts ne produisent aucun effet concret sur leur quotidien.

Chaque dépense inutile ou mal orientée représente un gaspillage des efforts collectifs. Des projets restent inachevés, des infrastructures demeurent inutilisées et des programmes sont lancés sans évaluation réelle de leur impact. Cette approche décourage la performance et alimente une culture d’irresponsabilité dans certains services publics.

 

Le modèle portugais, une inspiration marocaine

Le Maroc a besoin de rompre avec cette logique pour s’inspirer d’expériences réussies. L’exemple portugais constitue à ce titre une source précieuse d’inspiration. Le Portugal partage plusieurs points communs avec le Royaume, notamment une économie ouverte, une forte dépendance au tourisme et une taille budgétaire comparable. Pourtant, malgré ces similitudes, le pays a réussi à redresser ses finances publiques et à bâtir une véritable culture de discipline et d’efficacité.

Après la crise financière de 2008, le Portugal a entrepris un vaste processus de redressement économique fondé sur la rigueur et la transparence. Le gouvernement a rationalisé les dépenses, modernisé l’administration et instauré une logique de résultats mesurables. Aujourd’hui, le pays affiche un excédent budgétaire historique, tout en améliorant les retraites et en réduisant les impôts.

Cette réussite ne résulte pas uniquement de décisions politiques mais d’un changement profond de mentalité. Les administrations portugaises ont intégré la notion de rendement dans leur fonctionnement quotidien. Chaque euro dépensé doit produire un bénéfice collectif et durable. Les citoyens eux-mêmes ont compris que la discipline financière protège leurs droits sociaux et assure la pérennité du système public.

Le Maroc peut s’inspirer de cette philosophie sans chercher à copier mécaniquement le modèle portugais. La rigueur n’a de sens que si elle s’accompagne d’une volonté collective et d’un engagement durable. Le pays dispose déjà d’atouts solides, tels qu’une stabilité institutionnelle reconnue, une vision royale claire et des réformes économiques ambitieuses. Ce qu’il reste à consolider, c’est une véritable culture de la performance dans la gestion publique.

Instaurer cette culture signifie adopter une approche de responsabilité et de transparence. Il faut évaluer l’efficacité des dépenses, mesurer l’impact des projets et promouvoir une administration qui fonctionne sur la base du mérite et des résultats. C’est aussi encourager une gouvernance sobre, où chaque responsable se sent directement comptable devant la nation de l’usage des fonds publics.

La discipline budgétaire doit devenir un acte de patriotisme quotidien. Gérer l’argent public avec sérieux, c’est servir la nation et renforcer la confiance des citoyens. C’est aussi permettre à chaque région du pays de bénéficier équitablement des richesses nationales.

Dans un monde instable et en constante mutation, la rigueur financière représente une forme de souveraineté. Elle protège l’économie contre les chocs externes, renforce la crédibilité internationale et prépare un avenir plus stable.

Le Maroc a désormais l’occasion d’inscrire cette discipline dans son ADN administratif. Elle ne doit pas se limiter à une orientation budgétaire, mais devenir une valeur, une manière d’être et de gérer. Lorsqu’elle est associée à une vision de solidarité et d’équité territoriale, elle transforme profondément la gouvernance publique.

Faire de la discipline budgétaire un pilier du progrès, c’est choisir la responsabilité plutôt que la facilité. C’est affirmer que le développement n’est durable que lorsqu’il repose sur une gestion saine, équilibrée et juste. Le Maroc peut ainsi tracer la voie d’un modèle national où la rigueur, la performance et la solidarité se rejoignent dans un même idéal, celui du bien commun.


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