La Corée du Nord teste un nouveau type de missile
La Corée du Nord a annoncé mercredi 29 novembre avoir testé avec succès un nouveau type de missile balistique intercontinental (ICBM), le Hwasong-15, susceptible d’atteindre les Etats-Unis en tous points de leur territoire et a déclaré avoir achevé son objectif de devenir une puissance nucléaire.
Ce test, le premier du régime communiste nord-coréen depuis la mi-septembre, intervient une semaine après la décision de Donald Trump de réinscrire la Corée du Nord sur la liste américaine des pays soutenant le terrorisme. La Corée du Nord avait alors parlé de “grave provocation”.
Le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir mercredi en urgence pour évoquer le nouvel essai nord-coréen. Depuis l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-un en 2011, la Corée du Nord a testé des dizaines de missiles balistiques, en dépit des sanctions réitérées de la communauté internationale. En septembre, elle a effectué son sixième essai nucléaire, le plus important jamais réalisé.
Selon un communiqué lu à la télévision nord-coréenne par un présentateur, le nouvel ICBM a parcouru 950 kilomètres pendant 53 minutes et atteint une altitude de 4.475 kilomètres, soit dix fois l’altitude de la station spatiale internationale (ISS). Quelques minutes après, la Corée du Sud a effectué un tir de missile en riposte. Le récit du lancement a été lu par un présentateur à la télévision nord-coréenne.
“Après avoir assisté au lancement réussi du nouveau type d’ICBM, le Hwasong-15, Kim Jong-un a déclaré avec fierté que, désormais, nous avions finalement réalisé la grande cause historique d’avoir achevé la force nucléaire d’Etat, la cause d’avoir construit un dispositif de propulsion”, a déclaré le présentateur.
VERSION AMÉLIORÉE DU HWASONG-14
La Corée du Nord se décrit dans le communiqué lu par le présentateur comme “une puissance nucléaire responsable”.
Elle souligne que son arsenal stratégique a été développé pour défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale de “la politique de chantage nucléaire et de la menace nucléaire des impérialistes américains”. Selon certains experts, Pyongyang doit encore prouver qu’il maîtrise toutes les difficultés techniques, et notamment la capacité de placer de façon fiable une tête nucléaire en haut d’un ICBM.
La preuve pourrait toutefois être administrée sous peu, estiment-il. “Nous n’aimons peut-être pas cela, mais nous allons devoir apprendre à vivre avec la capacité de la Corée du Nord à viser les Etats-Unis avec des armes nucléaires”, a déclaré Jeffrey Lewis, un expert du Middlebury Institute of Strategic Studies. Le Hwasong-15 est une version avancée du Hwasong-14, testé par deux fois en juillet dernier, a précisé la Corée du Nord.
Il est conçu pour transporter une “ogive lourde super-large” et a “beaucoup plus d’avantages dans ses spécifications tactiques et dans les caractéristiques techniques” que son prédécesseur. Le Hwasong-14 a eu son vol inaugural le 4 juillet, le jour de la fête de l’Indépendance des EtatsUnis. Il avait volé pendant 39 minutes, à une altitude de 2.802 km et sur une distance de 933 kilomètres, selon la presse nord-coréenne.
Le second test du Hwasong-14, le 28 juillet, avait montré une performance améliorée : un vol de 47 minutes sur 998 km et à une altitude de 3.724 km, toujours selon la presse officielle. “ON VA S’EN OCCUPER”, DIT TRUMP Donald Trump s’est entretenu par téléphone avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe et avec le président sud-coréen Moon Jae-in. Les trois dirigeants ont réaffirmé leur détermination à combattre la menace nord-coréenne. Le président sud-coréen a notamment fait part à Donald Trump de son sentiment d’une amélioration de la technologie balistique nord-coréenne.
Après avoir tiré des missiles à un rythme de deux ou trois par mois depuis avril, la Corée du Nord avait cessé d’en lancer après le 15 septembre. L’engin lancé ce jour-là est passé au-dessus du Japon avant de s’écraser dans l’océan Pacifique. Les Etats-Unis ont indiqué plusieurs fois que, tout en pré- férant un règlement pacifique avec la Corée du Nord, toutes les options, y compris l’option militaire, étaient envisagées.
“La voie diplomatique reste viable et ouverte” a déclaré le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson dès l’annonce de la détection du tir, plusieurs heures avant la confirmation officielle de Pyongyang. Le chef de la diplomatie amé- ricaine a ajouté qu’à côté des sanctions des Nations unies qu’il fallait appliquer, “des mesures supplémentaires” devaient être prises pour renforcer la sécurité maritime, notamment en interdisant le trafic maritime vers la Corée du Nord.
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a estimé que le tir longue portée de mercredi était “une claire violation” des résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu.
Le président français Emmanuel Macron a dénoncé un acte “irresponsable” sur Twitter. L’Union of Concerned Scientists (UCS), un groupe américain indépendant de scientifiques et de citoyens travaillant notamment sur la sécurité, a indiqué que la capitale des Etats-Unis était susceptible d’être touchée par le nouveau missile.
“Si ces chiffres sont corrects, ce missile, s’il volait sur une trajectoire standard plutôt que sur cette trajectoire haute, aurait une portée de plus de 13.000 kilomètres. (…) Un tel missile aurait un rayon d’action plus que suffisant pour atteindre Washington, D.C., et en fait n’importe quelle partie du territoire continental des EtatsUnis”, a déclaré l’UCS. L’ONG a ajouté qu’on ignorait la charge transportée par le missile et qu’on ne savait pas non plus s’il était capable de transporter un grosse ogive nucléaire aussi loin.