La circulation internationale des jeunes, une revendication de liberté individuelle

LA VÉRITÉ / MAP
La circulation internationale des jeunes représente une revendication de liberté individuelle pour choisir son mode de vie, a affirmé, mercredi à Rabat, le maître de conférences en sociologie et chercheur à l’Université Aix-Marseille, Mustapha El Miri.
Pour les jeunes, cette mobilité va dans le sens de pouvoir choisir sa vie, a-t-il poursuivi, ajoutant que “les jeunes aspirent aujourd’hui à une mobilité sociale et à pouvoir choisir leur métier, leur conjoint et leur mode de vie”.
La question migratoire, que l’on présente souvent comme une problématique des pays du Sud, est une réalité internationale, a relevé M. El Miri lors d’une conférence sur “La migration internationale des jeunes, un chemin heurté vers l’émancipation”.
La migration internationale représente à peu près 5 pc de la population mondiale donc 95 pc de personnes sont sédentaires, un chiffre qui tranche avec l’obsession migratoire qui est actuellement en Europe notamment dans les débats politiques, a poursuivi M. El Miri qui a exposé les résultats de ses derniers travaux sur la catégorie dite “mineurs non accompagnés”, lors de cette rencontre organisée par le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME).
L’étude, qui est en cours, porte sur la question de la migration internationale des jeunes avec une équipe de 23 chercheurs notamment du Maroc, d’Espagne, de France, d’Italie et du Canada.
Cette question, souvent abordée par le prisme de l’accueil dans les pays d’arrivée et des débats que cela engendre, n’est que peu saisie pour les enjeux qu’elle recèle.
Ces mouvements qui sont le produit de l’articulation entre la globalisation contemporaine et les découpages géopolitiques anciens et coloniaux, mettent en évidence de nouvelles lignes de fractures entre les autorisés au mouvement et les non autorisés, selon le conférencier qui souligne que les jeunes commencent à se projeter dans une culture française, espagnole ou américaine, avant de faire le choix de partir.
Le conférencier, dont les principales recherches ont porté sur les migrations entre le Maroc et l’Europe au sein du groupe de recherche international (GDRI), fait le point sur la migration en tant que concept dans les différentes sociétés en démontrant que “lorsqu’un étudiant français choisit de poursuivre ses études aux États-Unis, on parle d’internationalisation universitaire alors que pour les jeunes africains on parle de migration”.
Dans le même élan, le président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), Driss El Yazami, a relevé dans une déclaration à la MAP que le Conseil travaille depuis plusieurs années sur la question de ce que l’on appelle la question des mineurs non accompagnés.
Aujourd’hui, il y a quelques milliers de jeunes mineurs ou des jeunes majeurs qui sont dans différents pays d’Europe, a-t-il poursuivi, ajoutant que cette question suscite dans ces sociétés de très nombreux débats et polémiques.
Cette conférence, qui s’inscrit dans le cadre d’un cycle de réflexions mené par le Conseil sur cette problématique, fait suite au séminaire sur les “Mineurs en mouvement : dynamiques, politiques publiques et droits”, organisé en février 2022 en partenariat avec l’Université internationale de Rabat (UIR).