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Jean-Noël Barrot à Alger : L’amorcement d’une normalisation fragile mais des points de friction persistent

AFP


La visite du chef de la diplomatie française à Alger dimanche a permis d’amorcer une normalisation des relations entre la France et l’Algérie mais de nombreuses questions restent en suspens, en particulier le sort de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.

“La raison l’a emportée sur l’émotion, les bras de fer et les ultimatums. Mais c’est une bataille incessante, difficile et compliquée par l’histoire qui existe entre les deux pays, pour parvenir à une relation équilibrée”, a réagi lundi auprès de l’AFP l’historien spécialiste de l’Algérie Benjamin Stora, au lendemain du déplacement de Jean-Noël Barrot.
“On est aujourd’hui dans un début de retour à la normale” entre Paris et Alger, a commenté Bruno Fuchs, président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.
Mais la normalisation doit encore se matérialiser par des gestes tels que la libération de M. Sansal ou le retour de l’ambassadeur d’Algérie en France, souligne-t-il à l’AFP.

 

“Tourner la page des tensions” : La France et l’Algérie réactivent leurs liens, mais la réconciliation attendra

De sources diplomatiques françaises, on reconnaît que l’heure n’est pas encore à la grande réconciliation et que “cette reprise prendra du temps”. Mais “depuis aujourd’hui, tous les mécanismes de coopération entre l’Algérie et la France sont réactivés”, se félicitent-elles.
Après huit mois de crise d’une intensité rare, le ministre des Affaires étrangères s’est entretenu dimanche avec son homologue Ahmed Attaf et surtout avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune.
La France souhaite “tourner la page des tensions actuelles”, a déclaré Jean-Noël Barrot depuis Alger, assurant que “tous les sujets” avaient été passés en revue avec le chef de la diplomatie algérienne.
“Le président Tebboune a consacré 2H30 à Jean-Noël Barrot et le fait que le ministre se soit exprimé devant la présidence sont des signes objectifs montrant le retour à une forme de normalité”, observe Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen.

 

Vers une normalisation France-Algérie ? Les dossiers brûlants du Sahara marocain et de Boualem Sansal

La semaine dernière, Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune avaient dépêché leurs ministres des Affaires étrangères pour clore une crise qui avait précipité les deux pays près de la rupture diplomatique.
Celle-ci avait démarré fin juillet 2024 lorsque le président français avait apporté son soutien total à un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara marocain, revendiqué depuis 50 ans par les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger. L’Algérie avait immédiatement retiré son ambassadeur à Paris.
Puis, les tensions avaient été aggravées par “une série d’irritants”, dont la question migratoire et l’arrestation de Boualem Sansal.
“Tant que Boualem Sansal n’est pas libéré, les relations ne seront pas véritablement normalisées”, estime Bruno Fuchs, tout en soulignant la nécessité de travailler à cette libération en toute discrétion, “étant donné le degré de tension et la durée de la crise”.
Selon lui, le sujet immigration doit aussi retrouver “sa juste place”, après avoir pris une proportion démesurée dans les relations bilatérales.
Sur ce volet, les consuls algériens en France et les préfets devraient se réunir très prochainement “pour regarder très concrètement (…) faire en sorte que les réadmissions puissent reprendre un rythme normal”, ont précisé les sources diplomatiques.
Sur Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison le 27 mars pour atteinte à l’intégrité du territoire, Jean-Noël Barrot a simplement indiqué avoir évoqué sa situation. Reprenant les propos du président, il a appelé le président Tebboune à “un geste d’humanité” pour l’écrivain “au vu de son âge et de son état de santé”.

 

Alger-Paris : Entre critiques passées et volonté de dialogue pour éviter une “impasse”

Lundi, le quotidien gouvernemental El Moudjahid notait que l’audience accordée par le président Tebboune à M. Barrot “démontre bien que l’Algérie n’a jamais décliné le dialogue”.
“En nation souveraine, elle s’est défendue contre les outrances des porte-voix officiels et officieux de l’extrême droite, et, surtout, contre l’ingérence aussi inadmissible qu’inacceptable d’hommes politiques (…) dans des questions relevant du domaine diplomatique”, a ajouté le journal, en référence au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, partisan d’une ligne dure envers Alger.
Le quotidien d’Oran, publication francophone, a souligné que “les menaces en l’air et les discours vindicatifs ne peuvent servir la réelle diplomatie dans l’intérêt des deux peuples avec une histoire partagée”.
En diplomatie, il faut “agir à bas bruit”, renchérit Bruno Fuchs, qui travaille à une mission en Algérie de parlementaires français de la commission des Affaires étrangères.
“La demande de déplacement a été faite à mon homologue de l’Assemblée nationale d’Algérie”, a-t-il dit, observant qu’il fallait retisser les liens durablement après un rapport de force qui n’aurait fait que conduire l’Algérie comme la France “dans une impasse”.


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