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Istanbul : Le Maroc trace la voie vers un partenariat stratégique Türkiye-Afrique durable

Omar Hejira à Istanbul : Le rôle central du Maroc dans le nouveau modèle de co-développement Afrique-Türkiye.

Par Mohammed Taoufiq Bennani


Jeudi 16 octobre 2025, Istanbul est devenue, le temps d’une rencontre de haut niveau, le carrefour des ambitions économiques entre la Turquie et le continent africain. Le 5ème Forum d’affaires et économique Turquie-Afrique s’y est ouvert, marquant une étape cruciale dans l’intensification des liens commerciaux Sud-Sud. Le Maroc y a joué un rôle de premier plan, représenté par le secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, Omar Hejira. Organisé conjointement par le ministère turc du Commerce et la direction du développement économique, du commerce, du tourisme, de l’industrie et des mines de la commission de l’Union Africaine (UA), ce Forum a servi de plateforme de dialogue politique et de promotion des réseaux commerciaux. Il rassemble des centaines d’acteurs économiques avec l’objectif de renforcer l’adhésion du secteur privé pour une croissance inclusive et un développement durable. De ce fait, les conclusions de cette rencontre sont destinées à enrichir les discussions du prochain sommet du partenariat turco-africain.

 

Un engagement ferme pour le co-développement

Le Maroc s’est positionné avec clarté en réaffirmant son engagement à renforcer un partenariat stratégique Afrique-Türkiye. Ce partenariat doit être « équilibré et fructueux, porté par le codéveloppement et la création de valeur ajoutée ». En effet, sous la vision éclairée du Roi Mohammed VI, la coopération sud-sud, particulièrement avec les pays africains, constitue un levier essentiel de la politique étrangère du Royaume. M. Hejira a souligné la conviction que le développement durable dans le continent repose impérativement sur des « partenariats responsables et productifs ». Aussi, il a noté que les relations entre l’Afrique et la Türkiye connaissent une croissance constante. Les échanges commerciaux sont actuellement estimés à 33 milliards de dollars, signalant des perspectives prometteuses dans des domaines variés, incluant le commerce, l’investissement, l’industrie, les infrastructures, l’énergie et les nouvelles technologies.

 

Le Maroc, passerelle privilégiée vers l’Afrique

Le rôle du Maroc dans cette dynamique tripartite (Maroc-Türkiye-Afrique) est central. M. Hejira a mis en avant la résilience de l’économie marocaine, la modernisation de ses infrastructures et son arsenal d’accords commerciaux d’envergure. De ce fait, ces atouts font du Royaume une « porte d’entrée privilégiée des entreprises turques vers les marchés africains ». Le secrétaire d’État a cité la complémentarité entre le Maroc et la Türkiye comme un modèle de coopération pionnier au service du continent africain. Par ailleurs, cette coopération se fonde sur la solidarité, la confiance et l’intérêt mutuel. La vision atlantique et africaine du Royaume ouvre la voie à cette coopération tripartite dans des secteurs majeurs à fort potentiel.

 

La souveraineté sanitaire au cœur des priorités

Parmi les secteurs clés identifiés pour ce partenariat tripartite figurent l’industrie pharmaceutique et la souveraineté sanitaire. Le Maroc a érigé ce secteur en « levier stratégique de souveraineté sanitaire et de croissance économique ». D’abord, M. Hejira a rappelé que le Royaume a engagé depuis deux décennies une politique industrielle ambitieuse, faisant du secteur pharmaceutique la deuxième activité chimique du pays. L’organisation de la filière s’articule autour de deux écosystèmes industriels majeurs : la fabrication de médicaments et les dispositifs médicaux. Ce cadre réglementaire est harmonisé avec les standards internationaux, ce qui confère au Maroc une position compétitive dans la production de médicaments génériques, de vaccins et de matériel médical. En outre, la pandémie de Covid-19 a confirmé la capacité du Maroc à mobiliser rapidement son appareil industriel et scientifique pour la production locale de masques, de gels, de tests et de médicaments essentiels.

 

Une performance d’exportation significative

Les données présentées par le secrétaire d’État confirment la montée en puissance de l’industrie pharmaceutique marocaine. Les exportations marocaines ont connu un fort dynamisme, passant de 1,1 milliard de DH en 2020 à 1,5 milliard en 2024, soit une croissance annuelle moyenne de +8%. Sur le continent africain, le Maroc a renforcé sa part de marché à l’export, qui est passée de 6% en 2011 à 11% en 2024. Ainsi, le pays se positionne désormais comme le 4ᵉ plus grand exportateur africain de produits pharmaceutiques. Le Royaume compte plus de 60 unités industrielles qui produisent selon les normes européennes et américaines, couvrant 70 % des besoins nationaux, et exportant vers plus de 40 pays en Afrique, en Europe et dans la région MENA. Le chiffre d’affaires global du secteur dépasse les 13,7 milliards de DH.

 

Les quatre piliers de la coopération sanitaire Türkiye-Afrique

Bien que le marché africain de la santé soit en expansion rapide, des défis importants persistent, notamment la dépendance aux importations, la fragmentation des marchés et l’absence d’intégration réglementaire. C’est pourquoi, M. Hejira a assuré que la coopération Türkiye–Afrique offre une réponse « pragmatique et structurante » à ces enjeux. Cette coopération s’articule autour de quatre axes prioritaires :

  1. Création de plateformes industrielles conjointes pour satisfaire le besoin des marchés.
  2. Partenariats en recherche et développement entre laboratoires turcs, marocains et africains.
  3. Renforcement de la logistique pharmaceutique, s’appuyant sur des infrastructures majeures telles que Tanger Med, Casablanca et le futur port de Dakhla Atlantique.
  4. Mécanismes conjoints de financement et d’investissement.

Ces actions peuvent être portées par des partenariats public-privé et appuyées par un cadre institutionnel favorisant le transfert de savoir-faire, la reconnaissance mutuelle des certifications et la facilitation de l’accès aux marchés.

 

Bâtir un avenir sanitaire intégré

Le Forum d’Istanbul a clairement défini les orientations futures des relations commerciales et d’investissement entre la Turquie et l’Afrique. Le Maroc, fort de son expérience en matière de coopération Sud-Sud et de sa performance industrielle, a réaffirmé sa pleine disponibilité à œuvrer avec la Türkiye et les partenaires africains. L’objectif ultime est de bâtir une industrie pharmaceutique africaine « intégrée, résiliente et innovante », de renforcer la souveraineté sanitaire commune et de faire de la santé un véritable moteur de développement durable pour le continent. En définitive, ce Forum n’est pas seulement un lieu d’échange d’idées, mais un « espace de travail effectif ». La question demeure : comment accélérer la mise en œuvre des mécanismes conjoints de financement pour transformer ces axes stratégiques en réalisations concrètes sur le terrain africain ?


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